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Littérature allemande
Liste créée par art-bsurde le 07/08/2013
58 livres.



1. Crimes
Ferdinand von Schirach
3.76★ (409)

Crimes est un recueil de nouvelles relatant onze affaires criminelles stupéfiantes. Pour son auteur, Ferdinand von Schirach, avocat de la défense à Berlin depuis une quinzaine d'années, le monstrueux fait partie du quotidien. Mais si les faits rapportés sont bien réels, l'écrivain brouille les pistes et nous introduit dans un monde fictionnel aussi fascinant qu'inquiétant. Car ces récits témoignent d'une compréhension aiguë des motifs psychologiques des criminels. Tel ce mari qui assassine sa femme de manière effroyable, mais dont on découvre l'intolérable torture morale qu'elle lui avait infligée. Ou le meurtre de ce frère par sa propre soeur, qui se révèle un étonnant acte d'amour. Porté par une prose glaçante, laconique à en devenir hypnotique, Crimes, pour un coup d'essai, est un coup de maître. (2009)
2. La maison fantôme
Michael Krüger
2.70★ (17)

Venu à Hambourg pour couvrir un ennuyeux congrès des bibliothécaires allemands, le narrateur, un journaliste de Munich, préfère aller flâner dans les faubourgs chics où s'alignent les villas cossues au fond de jardins clos. Mais voici qu'un ballon échappé d'une maison atteint le promeneur en pleine poitrine et salit méchamment sa chemise. Arrivent l'un après l'autre le garçon maladroit et sa blonde mère, qui l'invite chez elle puis l'abandonne avec son rejeton taciturne. Peu à peu, la lumière se fait sur les zones d'ombre dans la vie de l'hôtesse (2002)
3. Speed
Klaus Mann
3.29★ (93)

En vacances dans un village provençal peuplé d'aristocratiques lesbiennes, un écrivain voit son épouse le quitter pour une autre femme. Un Autrichien réfugié dans le New York des années trente se laisse entraîner dans un univers de paranoïa par un jeune revendeur de drogue. En 1940, dans un palace marocain désert, deux jeunes Européens réchappent miraculeusement d'une overdose de haschisch. Engagé malgré son âge dans l'armée américaine, un fantomatique G.I. gagne le respect de ses comparses en ramassant une putain ivre. Écrites entre 1926 et 1943 dans un style limpide et raffiné, les quinze nouvelles inédites qui composent Speed sont hantées par les rêves et la tragédie personnelle de Klaus Mann : la nostalgie, la drogue et l'homosexualité, l'ivresse au bord du gouffre, mais aussi les rigueurs de l'exil et la lutte antifasciste. (1939)
4. Berlin Alexanderplatz
Alfred Döblin
3.90★ (1744)

C'est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature allemande de l'entre-deux-guerres, à l'image de Voyage au bout de la nuit. Le texte monumental de Louis Ferdinand Céline s'ouvrait sur la place de Clichy. Celui d'Alfred Döblin (publié en 1929, soit trois ans avant Voyage) s'articule autour de la place Alexander à Berlin, dans les années 1925-1930. À travers le parcours de Franz Biberkopf, sorti de prison après avoir été condamné pour le meurtre de sa maîtresse, Döblin brosse le portrait d'un certain Berlin, capitale des bas-fonds, où l'on survit grâce au crime, dans une cacophonie générale, un effrayant chaos même, où l'on est toujours rattrapé par son destin. Nourri de références bibliques et mythologiques, de collages d'extraits de journaux, d'intrusions de l'auteur, Berlin Alexanderplatz est une formidable symphonie littéraire, épique et réaliste à la fois, où la tragédie se mêle à la drôlerie populaire, le dérisoire à l'absurde. (1929)
5. L'Art de l'oisiveté
Hermann Hesse
3.87★ (512)

Ces propos rédigés au gré des circonstances dans un style un peu léger, souvent teinté d'ironie, possèdent une signification commune : ils combattent cette religion à la mode qui, en Europe comme en Amérique, glorifie l'homme moderne souverain, auteur de tant de réussites ... H. H. (1899-1962)
6. À l'ouest rien de nouveau
Erich Maria Remarque
4.21★ (13055)

Témoignage d'un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, À l'ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut dès sa parution en 1928 un succès mondial retentissant. Il reste l'un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre. (1928)
7. Sur les falaises de marbre
Ernst Jünger
3.93★ (917)

Après quelques années de campagnes guerrières, le narrateur, en compagnie de son frère, s'est retiré dans un ermitage, situé au bord des falaises de marbre. C'est là qu'ils méditent, songent, écrivent, prennent le temps de la contemplation, discutent, échangent leurs visions du monde. Un retrait qui sera perturbé par les meutes du grand forestier, obligeant les deux frères, pris dans la tourmente anarchique, à la fuite. (1939)
8. Le Buveur
Hans Fallada
4.11★ (208)

Erwin Sommer, citoyen estimé de sa ville, mène une vie paisible. Heureux propriétaire d'un florissant magasin de produits agricoles, il est marié depuis quinze ans à Magda. Mais une série d'échecs professionnels et de tensions grandissantes dans son couple l'entraîne à boire. Il découvre alors la plénitude de l'ivresse, les joies de la débauche et de l'oubli. Lucide sur sa dépendance et sa lâcheté, Sommer continue malgré tout, précipitant sa déchéance, à faire le choix de l'alcool. (1944)
9. Narcisse et Goldmund
Hermann Hesse
4.24★ (5076)

Rien ne peut arrêter l'errance de Goldmund, aucune femme, pas même la misère, la peste ou la mort qu'il côtoie en chemin. Assoiffé de plaisir, avide de beauté féminine, inlassablement, il reprend cette route où chaque rencontre est l'épreuve du plus beau et du plus noir de l'humanité. Dans cet esprit candide et généreux perce une révolte née de l'injustice, de la cruauté des hommes, où seuls l'art et la création allègent le poids de cette humanité déchue qui pèse sur lui. Pourtant, renoncer à la plénitude de l'existence, à son indéfectible attachement à la liberté pour accomplir son destin de créateur est un dilemme que Goldmund se refuse à tenir. Seule permanence : Narcisse, son ange tutélaire, qui dans son amour désintéressé l'avait conduit sur les chemins du coeur. (1930)
10. La mort à Venise
Thomas Mann
3.77★ (6589)

Ecrivain au faîte de sa gloire, Aschenbach éprouve un besoin impérieux de dépaysement. Après avoir hésité, et le questionnement est au coeur de cette nouvelle, il se décide pour Venise. Le bouleversement qu'il y vit, à l'image du texte, est intériorisé et progressif, exprimé avec l'élégance d'un aristocrate en vacances. Il en émane, comme de Tadzio, le jeune homme dont Aschenbach s'éprend, une grâce subtile. Tout au long de son séjour à Venise, décor par excellence pour un récit qui hésite constamment entre immobilité et mouvement, l'écrivain se dévoile en un va-et-vient incessant du particulier au général, de la pensée à l'impression. (1912)
11. Le dernier bateau
Siegfried Lenz
3.95★ (61)

Allemagne, années 1970 : une famille modeste vit sur la zone portuaire de Hambourg dans un univers que tout rattache à la mer et aux navires. Hans, le narrateur du drame, est le fils aîné de cette famille qui a recueilli un garçon nommé Arne, seul survivant d'un accident de bateau qui a anéanti les siens. Hans prend l'enfant sous sa protection. Ce dernier montre bientôt les signes d'une intelligence hors du commun. Mais pour se faire accepter de son entourage, il va se compromettre dans une escapade qui tourne mal. (1999)
12. Amours en fuite
Bernhard Schlink
3.47★ (394)

Comment les amours naissent et finissent, quels détours ils empruntent pour s'abuser et se désabuser, se tromper et se détromper, voilà ce qu'éprouvent les sept protagonistes masculins de ces récits, souvent face à des femmes plus lucides et plus courageuses. Ces sept histoires sont de véritables romans, dont chacun met en jeu une vie entière. (2000)
13. Quand les lumières s'éteignent
Erika Mann
4.24★ (194)

Dans ce document d'époque, unique en son genre, Erika Mann observe le destin des habitants d'une petite ville allemande, de l'arrivée au pouvoir de Hitler à la toute-puissance du régime nazi. En dix nouvelles entrelacées, toutes basées sur des faits réels, se dresse le tableau d'une société confrontée à la terreur, à la dénonciation et à l'antisémitisme. (1940)
14. Sang réservé - Désordre
Thomas Mann
3.35★ (35)

Romancier à grand souffle des Buddenbrook et de la Montagne magique, Thomas Mann n'a cessé en même temps d'être fasciné par l'art de la nouvelle, fait d'intensité et de concision. En témoignent ces textes écrits à divers moments de sa vie, et qui révèlent un aspect particulier de son génie d'écrivain. La passion sensuelle qui conduit un frère et une sueur à outrepasser le tabou de l'inceste ; un chagrin d'amour enfantin, dans l'Allemagne chaotique et déboussolée des années 1920 : En traitant avec une telle subtilité des thèmes et des ambiances très différents, Thomas Mann nous impressionne par la rigueur et la force de son écriture, la lucidité et l'humanité de son regard. (1921 & 1926)
15. Décompression
Juli Zeh
3.48★ (172)

Au mois de novembre sur l'île de Lanzarote : un séjour de plongée sous-marine se transforme en un jeu perfide de désir et de haine. L'instructeur, l'indolent Sven, est attiré dans un piège qui lui en apprendra autant sur lui-même que sur les autres. Aucun des protagonistes n'est celui qu'on imagine. Et la vengeance est un plat qui peut parfaitement se consommer sous l'eau. (2013)
16. Les Arpenteurs du monde
Daniel Kehlmann
3.75★ (918)

L'un est le grand explorateur Alexander von Humboldt (1769-1859). II quitte la vie bourgeoise, se fraye un chemin à travers la forêt vierge, rencontre des monstres marins et des cannibales, navigue sur l'Orénoque, goûte des poisons, rampe dans des cavités souterraines, gravit des volcans, et il n'aime pas les femmes. L'autre est Carl Friedrich Gauss (1777-1855), "Prince des Mathématiques" et astronome. Il saute de son lit de noces pour noter une formule, étudie la probabilité, découvre la fameuse courbe de répartition en cloche qui porte son nom, et il déteste voyager. Un jour, cependant, Humboldt réussit à faire venir Gauss à Berlin. Que se passe-t-il lorsque les orbites de cieux grands esprits se rejoignent ? (2005)
17. L'ami étranger
Christoph Hein
4.19★ (72)

Henry, l'ami étranger avec lequel Claudia a une liaison, vient de mourir. Elle décide de continuer à mener une vie sans goût et sans ambition, elle incarne l'univers de la RDA. Rarement une vie si pauvre en amour a été définie avec une telle richesse de mots. (1982)
18. L'aigle et l'ange
Juli Zeh
3.22★ (39)

De Leipzig à Vienne en passant par les Balkans, une première oeuvre fulgurante, un véritable chant du cygne nihiliste, à la fois thriller, roman d'espionnage, histoire d'amour ... Jessie est morte. Elle s'est suicidée alors qu'elle était au téléphone avec Max. Après des années d'absence, elle avait refait surface,et Max avait replongé dans son amour éperdu pour cette jeune femme instable et puérile, fille d'un trafiquant de drogue. Depuis l'enfance, ce garçon au physique ingrat voulait devenir juriste et contribuer à un monde meilleur. Et il y croyait. Hélas la désillusion est à la hauteur de ses espoirs car les instances qui président aux destinées des hommes sont expertes dans l'art de jeter de la poudre aux yeux. (2001)
19. Le Parfum
Patrick Süskind
4.19★ (111905)

Le bâtard qui voit le jour dans le quartier le plus nauséabond de Paris s'appellera Grenouille, étrange nom guttural dont Gaillard (sa nourrice) et Grimal (le tanneur qui l'emploie à des tâches répugnantes) se font les échos, comme si la marginalité appelait forcément la marginalité. C'est donc dans la fange parisienne du XVIIIe que Grenouille, né sans parents ni amour, sans racines ni odeur, mène une vie de nomadisme olfactif, volant les odeurs, les imaginant, les recréant pour les infuser au monde entier. Sans distinction hiérarchique, il se pénètre de la moindre senteur, tout d'abord frénétiquement, puis avec méthode, pour finalement se livrer à un projet démiurgique et vampirique. (1985) [Voir le film de Tom Tykwer]
20. Un Combat et autres récits
Patrick Süskind
3.50★ (579)

Lorsque commence la partie d'échecs contre ce jeune inconnu arrogant qui déplace ses pièces sans réfléchir en roulant des cigarettes, le héros de Un combat, un vieux joueur expérimenté, comprend que sa carrière est finie ... Et son public, pourtant fidèle, le croit aussi. L'issue de la partie dira ce qu'il faut penser de certaines « évidences». N'importe quel artiste, un jour ou l'autre, a entendu parler de « profondeur ». Mais qu'est-ce que la profondeur? Et qu'est-ce que « manquer de profondeur » ? Voilà une question qui peut décider d'un destin ... (1976 à 1987)
21. Trudi la naine
Ursula Hegi
3.96★ (342)

« Enfant, Trudi Montag croyait que chaque être humain savait ce qui se passait dans la tête des autres. » Trudi Montag vit à Burgdorf près de Düsseldorf. Trudi est naine. Souvent seule, sujette à mille et une brimades, elle passe son temps à observer ceux qui ne la voient pas. Jour après jour, Trudi raconte les autres, leurs secrets les plus sombres et les plus inavouables. Au fur et à mesure que s'accroît le pouvoir d'Hitler, elle nous dit ce que chacun choisit de se rappeler ou d'oublier. La résistance à la barbarie pour les uns, le mensonge et la compromission pour les autres. De la défaite de 1918 jusqu'au silence collectif de la période nazie, c'est tout un pan de l'histoire allemande qu'évoque Ursula Hegi au fil d'une narration éblouissante et audacieuse. (2007)
22. Le goût des pépins de pomme
Katharina Hagena
3.34★ (3665)

À la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. À sa grande surprise, Iris hérite de la maison. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin, ses souvenirs font resurgir l'histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes. (2008)
23. C’était pas ma faute
Kristof Magnusson
3.78★ (64)

Jasper Lüdemann, trader dans une grande banque d'investissements à Chicago, a réussi à être promu à la salle des opérateurs de marché et ne vit que pour l'avancement de sa carrière. Meike Urbanski est traductrice de Henry LaMarck, un auteur de best-sellers qu'elle essaie de retrouver à Chicago car il n'a pas rendu le manuscrit qu'elle doit traduire, ce qui menace sa survie économique. Elle ne sait pas que sa conscience professionnelle de traductrice qui pose des questions mettant l'auteur face à ses négligences et sa désinvolture ont fait d'elle la bête noire de l'écrivain, qui s'emploie à l'éviter. Henry LaMarck pour sa part ne peut plus écrire et s'est réfugié incognito dans un hôtel. Ces trois personnages vont se chercher et se croiser, multiplier les quiproquos dans cette histoire d'argent, de littérature et d'amour. (2010)
24. Le lac de Grunewald
Hans-Ulrich Treichel
2.92★ (31)

Paul aime Berlin. Pour lui, vivre dans un logement sur cour un peu sinistre à Kreuzberg, c'est toujours mieux que de mourir d'ennui dans sa Westphalie natale. Mais la vie fait régulièrement trébucher Paul, que ce soit dans sa modeste carrière universitaire ou sur la plage nudiste du lac de Grunewald. Lors d'un séjour à Malaga, il rencontre Maria, une jolie Espagnole dont il s'éprend. Malheureusement, Maria est mariée, enceinte même, et quand Paul quitte Malaga pour retourner à Berlin, ses mots d'adieu mal compris ne vont pas lui simplifier les choses. Sous la plume acérée de Treichel, les tribulations d'un anti-héros des temps modernes et son histoire d'amour pleine de chausse-trappes deviennent un plaisir de lecture irrésistible de drôlerie. (2013)
25. Le Bois de Klara
Jenny Erpenbeck
3.82★ (35)

Dans les années 1920, Klara hérite d'un joli bois au bord d'un lac, un petit paradis près de Berlin-Est. Près de cent ans plus tard, Jenny Erpenbeck enquête sur le destin de ce bois (où elle a passé tous les étés de son enfance) et des personnes qui s'y sont installées successivement, loin d'une vie berlinoise de plus en plus tumultueuse. Lieu de détente et de distraction à l'ombre de la prise de pouvoir de Hitler, abri pendant la guerre, pâturage pour les chevaux de l'Armée rouge, théâtre d'exodes et de retraites, le bois de Klara finit par représenter un enjeu immobilier important après la chute du Mur. Par petites touches puissantes et poétiques, Jenny Erpenbeck restitue le sort de ce refuge auquel ses hôtes passagers resteront intimement liés. (2008)
26. Dos au monde
Elke Heidenreich
3.67★ (10)

Invoquant Romain Gary pour qui l'amour fait que nous tournons "le dos au monde", Elke Heidenreich semble préférer y faire face. Que sont devenus les femmes et les hommes qui avaient vingt ans en 1968 ? Voici un regard incisif sur leurs comédies, leurs douleurs, leurs déboires, mais aussi sur leurs amours - les éternelles comme les toutes récentes. (2001)
27. Margarete
Karin Reschke
4.00★ (5)

Séduite par un courtier en assurances, enceinte de ses oeuvres, Margarete a si bien dissimulé son état que la voici sur le point d'accoucher,dans sa chambre, à l'insu de ses parents. Aussitôt commence une hallucinante nuit d'angoisse. L'aube vient, l'enfant naît, et sa mère commet l'irréparable ... De ce fait divers - car c'en est un - Karin Reschke tire un récit poignant de réalisme. Or, elle se souvient en même temps du mythe de Faust. C'est à l'héroïne de Goethe, c'est à Marguerite qu'elle songe lorsqu'elle raconte l'amour et le désespoir d'une jeune fille de notre époque. De sorte que, du fond des âges, comme en écho à un drame contemporain, monte une douleur lancinante, éternelle - un chant dont seule une femme, au plus secret d'elle-même, pouvait saisir les harmoniques. (1990)
28. Femme de chambre
Markus Orths
2.84★ (141)

Femme de chambre dans un hôtel, Lynn y satisfait sa manie obsessionnelle du nettoyage. Même les affaires personnelles des clients font l'objet d'une inspection approfondie et indiscrète. Un soir, dans la chambre 303, la jeune femme enfile par-dessus son tablier le pyjama du client, et lorsque ce dernier tourne la clé dans la serrure, il ne lui reste qu'à se glisser sous le lit. La nuit qu'elle y passe constitue un pas de plus dans l'intrusion amorcée. Un pas qui va la mener très loin. (2008)
29. Terminus Allemagne
Ursula Krechel
3.50★ (58)

Août 1948, Richard Kornitzer débarque du train, sur les bords du lac de Constance. Dix ans qu'il n'a pas vu Claire, sa femme, qui l'attend sur le quai. Onze qu'il n'a pas vu ses enfants, cachés quelque part en Angleterre. Ainsi commence l'histoire d'une famille allemande a priori ordinaire - un couple à qui tout réussit, deux enfants ravissants - , si ce n'était les origines juives de Richard. De Lindau, ville paisible de Bavière, à Mayence, détruite par les bombardements alliés, ce roman raconte un homme qui se reconstruit auprès des siens, dans un pays lui-même en ruines. Inspiré d'une histoire vraie, Terminus Allemagne est un récit saisissant sur la persécution raciale, la douleur de l'exil, l'importance des racines. (2012)
30. La décision
Britta Böhler
3.49★ (96)

En 1933, Thomas Mann quitte Munich pour un voyage d'agrément en Suisse, avec sa femme Katia et les petits. Pendant ce temps, dans la patrie, le monde s'écroule. C'est le début de l'exil. Un exil d'abord résigné, jusqu'à ce jour de février 1936 où Thomas Mann se résout à condamner publiquement le régime nazi dans une lettre qu'il destine au Neue Zürcher Zeitung. Lorsque le roman s'ouvre, Thomas Mann pénètre dans l'enceinte du journal pour remettre la lettre à son ami Korodi, mais ce dernier est souffrant et la publication retardée de trois jours. Trois longs jours durant lesquels le doute va s'emparer de lui. Peut-on continuer à être un écrivain lorsqu'on a perdu la reconnaissance de sa patrie, de ses lecteurs ? En tant que père a-t-on le droit de mettre en péril la vie des siens ? Mais en tant qu'homme et citoyen, « lorsqu'on hait le mal de toute son âme, on devra dire adieu au pays natal » ... (2013)
31. Légers manquements
Elke Schmitter
4.00★ (6)

Berlin, la nouvelle capitale allemande, vit des heures quasi méditerranéennes grâce à un été exceptionnel. Est ce la raison pour laquelle le jeu d'échecs de la vie et de l'amour de quatre amies prend un tournant inattendu ? Bettina, qui a enfin eu cet enfant tant désiré, décide de chercher un travail intellectuel ; Selma, journaliste de renom ô combien discrète et réfléchie , tombe amoureuse d'un homme de théâtre, séducteur redouté Angelika, spécialiste de la littérature anglo saxonne, qui avait renoncé aux hommes, change d'avis seule Marlene, la galeriste mariée à un riche avocat, semble immuable dans son désir de vernissages et de potins. Avec ironie et un formidable sens du détail, Elke Schmitter met en scène quatre quadragénaires berlinoises d'aujourd'hui qui font passer quelques épreuves du feu à leurs existences. Un roman tout en portraits féroces et situations mordantes où les femmes se demandent : La liberté, oui, mais pour en faire quoi ? (2002)
32. Quand la lumière décline
Eugen Ruge
3.47★ (335)

Roman d’une famille, Quand la lumière décline retrace l’ascension et la chute de trois générations d’intellectuels d’Allemagne de l’Est. Fervents communistes, les grand-parents Charlotte et Wilhelm décident de rentrer de leur exil mexicain dans la jeune RDA, en 1952, pour participer à la construction de l’État socialiste. Le fils Kurt rentre, lui, de Sibérie, après avoir fui le nazisme à Moscou et frôlé la mort dans un goulag stalinien. Ramenant avec lui son épouse russe Irina, il croit encore au rayonnement des idéaux révolutionnaires. Alexander, le petit-fils, se sent au contraire à l’étroit dans la patrie d’élection de sa famille, et choisit de passer à l’Ouest, alors que le Mur est sur le point de s’effondrer. Mais pour Markus, l’arrière-petit-fils, toute ces luttes politiques passées ne sont bientôt rien d’autre que l’objet d’ennuyeux cours d’histoire. Et le jour de l’anniversaire des 90 ans du patriarche, tous ces destins vont se croiser, s’affronter, se rencontrer ou se séparer … (2011)
33. Devoirs d'école
Jakob Arjouni
3.33★ (15)

Pressé de partir en week-end dans les environs de Berlin, Joachim Linde, professeur d'allemand et pur produit de l'après-68, réussit à grand peine à mettre fin à un cours dont le sujet, " Les écrivains allemands d'après-guerre et leurs prises de position sur le Troisième Reich ", a déclenché de violentes polémiques parmi les élèves. De retour chez lui, tout dérape : la mère d'une de ses étudiantes l'appelle pour critiquer son cours et le menacer ; le petit ami de sa fille arrive à l'improviste de Milan et l'accuse de s'être comporté de manière déplacée avec elle pendant des années ; son fils, Pablo, mis au courant de la situation, lui casse la figure puis s'enfuit, ivre mort, au volant de sa voiture. Le voyage à Berlin se trouve une nouvelle fois annulé, mais le pire reste à venir... A travers ces personnages pétris de bonne conscience, dont l'apparente banalité dissimule un brin de perversité, c'est un certain visage de l'Allemagne d'aujourd'hui qui est remis en question. (2004)
34. La vérité et autres mensonges
Sascha Arango
3.34★ (474)

Henry Hayden sort de nulle part, il n'a pas de travail fixe, pas d'amis ni de famille, et un passé à cacher, qu'on devine lourd. Un matin, après une nuit alcoolisée, il se réveille à côté d'une femme inconnue et, contre toute attente, devient en quelques mois le mari idéal et un auteur de bestsellers adulé. Tout irait pour le mieux, si ce n'est qu'Henry n'écrit pas ses romans - c'est sa femme qui en est l'auteur - et quand sa maîtresse - son éditrice - vient lui annoncer qu'elle est enceinte, il essaie de se débarrasser d'elle. Mais c'est sa femme qu'il élimine par erreur, mettant en péril sa carrière et l'existence qu'il s'est construite. Pourtant, un dernier chapitre de son livre arrive quand même sur le bureau de son éditeur. Un suspense qui éblouit autant par son style sobre, drôle, sec, maitrisé, que par son intrigue retorse, imprévisible et jubilatoire. Le portrait d'un usurpateur, d'un manipulateur cynique que l'on devrait haïr mais que l'on ne peut parvenir à détester. C'est la grande force de ce formidable coup de maître. (2014)
35. Démunis
Katharina Hacker
3.17★ (18)

Le 11 septembre 2001, à Berlin, Isabelle et Jakob se retrouvent lors d'une soirée chez une amie commune. Très vite, ils se marient et s'installent à Londres où Jakob rejoint un cabinet d'avocats. L'avenir leur sourit, mais comment trouver le bonheur quand on est trop préoccupé à tenir à distance le monde, les autres ? Une faille apparaît dans leur relation, faite de nostalgie et de non-dits... Peut-être ont-ils négligé de chercher à se connaître... Dans une langue intense et brillante, Katharina Hacker rend compte de l'inéluctable imbrication entre événements historiques et destins individuels, à l'image des grands romans européens engagés et conscients de l'Histoire. (2006)
36. Fontaine d'appartement
Jens Sparschuh
2.50★ (6)

Après la chute du Mur de Berlin, Lobek a dû endurer trois années de chômage, cloîtré dans son HLM de l’ex-RDA. C’est donc avec l’énergie du désespoir qu’il se précipite sur la petite annonce d’une société ouest-allemande en quête d’un représentant en fontaines d’appartement… Hélas, malgré la maîtrise grandissante avec laquelle Lobek manie désormais la subtile langue de bois des colporteurs capitalistes, le citoyen des nouveaux länder semble totalement allergique à l’indispensable produit. Un hasard miraculeux va cependant conduire le jeune homme à une foudroyante réussite… Sous des allures légères et malgré un constant parti pris d’humour — plus ou moins noir —, c’est avec une remarquable justesse que Jens Sparschuh parvient à nous faire partager les très riches heures de la réunification allemande. (1995)
37. L'instant choisi
Nina Jäckle
4.00★ (10)

Noll veut en finir. S’effacer. Il programme sa disparition, qu’il veut la plus discrète possible. Dans les moindres détails, il règle les derniers préparatifs, quelques jours avant son retrait du monde. Et ses souvenirs, peu à peu, affluent, envahissant le récit, revenant avec une précision lancinante. Un à un, les personnages qui ont animé son existence se manifestent, enchâssant leur propre histoire dans la sienne : le grand-père, ses légendes et ses petits secrets, la sœur de Noll, si différente de lui, le père et la mère, plutôt fermés au dialogue, Mara, la petite amie qu’il a découragée ... Peuvent-ils encore le retenir ? Ou bien le lien qui retient Noll à la vie s’est-il depuis longtemps brisé, avant même qu’il ne souffre d’une maladie incurable ? Si Noll a pris sa décision, reste encore à comprendre toute la portée de son geste, à en dérouler les causes. Ce que va tenter Sonia, l’autre voix de ce livre, s’efforçant de soulever le voile de cynisme, de silence et d’indifférence qui recouvre le suicide. (2004)
38. Nathan le Sage
Gotthold Ephraim Lessing
4.23★ (193)

1187, Jérusalem. Au coeur du chaudron brûlant allumé par les Croisades. Saladin vient de reprendre la ville aux Croisés. Victorieux, il agit vis-à-vis des juifs et des chrétiens dans un esprit de tolérance inconnu jusqu'alors. Seuls les Templiers, qui tuent en invoquant Dieu, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Or, fait inouï, il vient justement d'en épargner un, un jeune. Et Jérusalem bruit de rumeurs. Ce jeune homme, alors qu'il erre, mélancolique, par les rues de la ville, sauve à son tour des flammes une jeune fille juive- acte, lui, hors normes pour un Templier... Le père de cette dernière, un riche marchand, revient d'un long voyage... La " folle journée " peut commencer. En imaginant ainsi la rencontre d'un musulman apôtre de la tolérance, d'un juif sympathique, et d'un chrétien assailli par le doute, Lessing, en 1779, bouscule les représentations de son temps (et du nôtre ?).
39. Scènes de la vie d'un propre à rien
Joseph von Eichendorff
3.52★ (271)

L'équivalent de Schubert en littérature : aussi simple d'apparence, et non moins déchirant pour finir... Où l'on est convié à suivre, d'une déconvenue à l'autre, parfois d'un fragile bonheur à l'autre, les pérégrinations hasardeuses d'un jeune homme sans qualités (un propre à rien) dont l'unique talent consiste à rêvasser au long des chemins du vaste monde, livré aux bizarres caprices de sa fantaisie... La fantaisie du Voyageur... Aucun texte, c'est sûr, ne donne de la belle formule rêvée par Schubert un plus juste écho. Bien que figurant parmi les plus beaux romans de la littérature allemande du XIXè siècle, les Scènes de la vie d'un propre à rien d'Eichendorff occupent chez nous une place inexplicablement négligée. On prend pourtant à lire ces pages baignées de discrète nostalgie le même plaisir qu'à écouter telle mélodie du Voyage d'hiver. (1826)
40. Le Conte de la pensée dernière
Edgar Hilsenrath
4.14★ (273)

Odyssée tragique et rocambolesque d'un paysan arménien émigré aux Etats-Unis et accusé à son retour en 1914 de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo ; saga familiale foisonnante de destins heureux, cruels ou cocasses ; épopée tentaculaire du peuple arménien condamné à mort par le pouvoir turc lors du « grand massacre » de 1915 : tout se mêle et se répond dans ce roman prodigieux, envoûtant à la manière des contes orientaux, tour à tour truculent, lyrique, grand-guignolesque, subversif, cinglant pour raconter les mille et une nuits de l'Arménie. Après le Nazi et le Barbier, Edgar Hilsenrath a écrit, avec Le Conte de la pensée dernière, prix Alfred Döblin, une nouvelle grande geste épique digne des Quarante Jours du Musa Dagh de Franz Werfel. (1989)
41. Un hasard nécessaire
Martin Mosebach
3.00★ (8)

Il faut toujours se méfier des confidences amoureuses. Telle pourrait être la morale de ce roman dont le narrateur, mari dévoué et employé de banque modèle, commet l'imprudence de raconter à sa jeune épouse le coup de foudre qu'il a éprouvé... pour une autre femme ! Cette femme, c'est la fille de l'illustre famille Hopsten, l'un des ultimes fleurons de la haute bourgeoisie de Francfort. Et voici le lecteur entraîné, le temps d'une saison de mondanités, dans les coulisses d'un monde en pleine déliquescence, qui s'accroche désespérément aux derniers lambeaux de sa splendeur passée, aveugle face à l'assaut de la modernité sous toutes ses déclinaisons : sociale, économique, sexuelle. Sous l'œil impavide d'un cacatoès blanc – auquel le romancier réserve un sort aussi cruel qu'à ses personnages –, ce petit cercle va peu à peu dévoiler ses fissures, ses faux-semblants, jusqu'à la catastrophe finale, déclenchée par l'irruption d'un homme d'affaires aussi louche qu'irrésistible. Portrait sans fard d'une société, ronde sentimentale pétrie d'ironie douce-amère, Un hasard nécessaire révèle un styliste d'une immense finesse, entre Arthur Schnitzler, Thomas Mann et Eric Rohmer. (2010)
42. Une minute de silence
Siegfried Lenz
3.90★ (205)

Dans une petite ville de la Baltique bercée par le rythme incessant des vagues, Christian, dix-huit ans, assiste à la minute de silence observée par tout le lycée en mémoire de Stella Petersen, professeur d'anglais morte en mer. À la fin de la cérémonie, Christian vole la photographie de Stella : avec quelques cartes, c'est le seul souvenir qu'il puisse garder de leur amour. Un amour qui ne dura pas plus d'un été. Un amour ponctué par les sorties en mer, les arrêts à la cabane de l'île aux Oiseaux et les instants magiques dans les bras de la jeune femme. De Christian nous savons qu'il travaille avec son père à l'établissement d'un brise-lames souterrain, qu'il n'est pas un très bon élève et que Stella est son premier amour. De la jeune professeur nous savons encore moins. Christian fait des projets d'avenir dont Stella est le centre, mais Stella meurt, laissant tous les désirs, toutes les questions en suspens. Et c'est à ce mystère de l'inachèvement que s'attache Siegfried Lenz, dans une prose lumineuse conjuguant légèreté et précision, sensualité et sensibilité. Âgé de quatre-vingt-deux ans, il nous offre un roman intimiste, presque onirique, sur le thème de l'amour et du mystère des sentiments, de la mort et de l'oubli. (2008)
43. Corpus delicti : un procès
Juli Zeh
3.11★ (188)

Nous sommes en 2057 et tout est propre. Pour le bien et la santé de tous, l'Etat a instauré La Méthode qui exige de la population qu'elle se conforme à toute une série de règles préventives en vue de l'intérêt général. A travers l'histoire de Mia, une jeune biologiste qui petit à petit se retrouve prise dans les mailles du système, Juli Zeh nous offre un roman rythmé et percutant autour des dérives de l'obsession sanitaire. (2010)
44. Le navire obscur
Sherko Fatah
3.86★ (21)

Né dans le Kurdistan irakien, Kerim ne connaît que la guerre. En allant rendre visite à ses grands-parents, il est capturé par un groupe, enrôlé de force dans leurs rangs, jusqu'à ce qu'il arrive, au prix d'un crime, à se libérer de leur violence. De retour dans sa famille, il n'a plus qu'une idée en tête: quitter l'Irak et se rendre en Allemagne clandestinement. (2008)
45. Conversation à bord du Titanic
Gert Hofmann
2.50★ (10)

La conversation avec le coiffeur, alors que sombre le Titanic, n’est que l’un des récits de ce recueil qui en compte dix, plus troublants les uns que les autres. Mais à lui seul il donne la mesure d’un écrivain qui, à tous les coups, prend le lecteur au double piège de la parabole et de l’écriture. En effet, emporté par la cocasserie philosophique et le baroquisme des situations, on se retrouve, sans y prendre garde, dans un monde de désarroi et de folie dont on se sait malgré soi complice. Exemplaire est à cet égard le récit du policier aux prises, de manière incongrue, avec le racisme dans l’Allemagne profonde... De surcroît, l’écriture, cintrée, courbée, chantournée par un prestidigitateur dont le traducteur restitue admirablement l’habileté et les pouvoirs, contribue à donner à chacun des récits son irrésistible ascendant. Jamais, peut-être, Gert Hofmann n’avait montré autant de maîtrise dans l’art de ramener le destin à la déraison qui le gouverne. (1991)
46. Histoire d'un Allemand de l'Est
Maxim Leo
4.23★ (310)

Après avoir combattu dans la résistance française, son grand-père a contribué à la fondation de la RDA. Sa mère a cru à l'avenir du jeune état communiste, tandis que son père rêvait déjà de le voir disparaître. Maxim Leo avait 20 ans au moment de la chute du mur ; il raconte aujourd’hui d'une plume alerte et captivante l'histoire d'une famille peu commune : la sienne. Un portrait de l'Allemagne de l'Est sans fard ni "ostalgie" et toujours proche de la réalité vécue par ses habitants. (2009)
47. Médée
Christa Wolf
4.17★ (266)

Les rumeurs vont bon train à Corinthe : Médée a-t-elle tué son frère en Colchide, son pays natal, après avoir dérobé à son père la Toison d'or ? A-t-elle aussi tué les deux fils qu'elle a eus de Jason ? Ou bien, le peuple n'en veut-il pas simplement à cette femme, cette barbare, de l'avoir sauvé de la famine ? (1996)
48. Deux sans barreur
Dirk Kurbjuweit
3.50★ (25)

"La nuit où la fille tomba du ciel, Ludwig devint mon ami. C'était l'été. Couché, je guettais les bruits, la fenêtre était ouverte. Il était deux heures du matin. Je le voyais au radioréveil sur la table de nuit, des chiffres éclairés d'une lumière jaune, qui faisaient un petit clic en basculant. Ludwig dormait. Quand aucune voiture ne passait sur le pont, j'entendais sa respiration. Lorsqu'une voiture arrivait, j'entendais d'abord un faible sifflement dans le lointain, puis un vrombissement, de plus en plus fort, puis de plus en plus faible. La nuit, peu de voitures traversaient le pont. Je guettais, tendu, le sifflement suivant, plutôt entendre une voiture que la respiration de Ludwig et ces petits clics dans le silence. C'était peut-être pour cela que je ne pouvais pas dormir, peut-être parce que je me demandais si Ludwig pouvait être mon ami. [...] Je n'étais pas sûr de faire la paire avec Ludwig. Puis la fille tomba du ciel." (2001)
49. Berlinestouest et autres récits
Hans Joachim Schädlich
3.17★ (5)

Ces nouvelles sont le fruit de dix années d'exil, de malaise et de travail. Elles constituent, sur l'histoire récente de l'Allemagne, un témoignage d'une exceptionnelle acuité, et d'une originalité totale dans l'expression. Leurs sujets sont très divers, depuis une querelle d'académiciens jusqu'au vertige d'un funambule, en passant par les euthanasies hitlériennes, l'internement psychiatrique ou les rafles de la Stasi, mais il s'agit toujours de formes d'oppression institutionnelle. Et toujours celle-ci se marque et peut s'analyser dans le langage de ses agents ou de ses victimes, et dans le discours du narrateur lui-même. Jusqu'au mur de Berlin, qui n'était pas seulement une construction de béton et de métal, mais aussi une maladie du langage, et auquel Schädlich dresse pour finir un monument d'un humour terrible, inoubliable. (1987)
50. L'assujetti
Joachim Zelter
2.80★ (12)

Friedrich Ostertag naît dans les années 1960 : il est le fils d’un marchand de jouets de la classe moyenne allemande, fruit de la reconstruction du pays et de la prospérité économique, qui se doit d’éduquer ses enfants. Et de le faire mieux que quiconque. Le petit Friedrich entre à l’école primaire avec un an d’avance. Dès lors commence son calvaire. Il ne comprend rien à rien, est placé dans un internat privé, où les élèves les plus riches font régner une terreur permanente. C’est là que Friedrich, traité comme un bouc émissaire, développe son seul talent : écrire pour les autres. D’abord des lettres aux parents pour leur soutirer de l’argent, puis, son bac en poche, un mémoire pour son vieux compagnon Von Conti, un fils de bonne famille, parvenu et séducteur. Von Conti devient un grand dirigeant politique, tandis que Friedrich reste son nègre. Licencié par Van Conti, il met fin à ses jours. Le lecteur est pris dans la trame, souffre avec Friedrich, est impuissant à sortir de sa non-vie. Assujettissement aux autres, à une société cruelle et castratrice. Il y a là la froideur et l’absurdité des ambiances de Kafka, dépeints avec un réalisme étonnant de justesse. Un livre tout à la fois comique, pathétique et tragique, sensible et juste, jusque dans la monstruosité des personnages. (2012)
51. Rosa
Heike Geissler
3.36★ (22)

Bouleversante introspection, monologue intérieur d'une vérité poignante, Rosa entraîne le lecteur dans l'univers saisissant, brutal et cru, d'une jeune femme en crise, à la fois fragile, excessive et touchante.Rosa vient à peine d'accoucher d'un petit garçon qu'elle s'enfuit, seule. Abandonnant ses responsabilités de mère, de femme, elle saute dans le premier train. Ce sera Berlin, la solitude, les petits boulots, les rencontres décevantes. D'espoirs fous en démissions tragiques, de regrets en désirs forcenés d'un bonheur neuf, cette odyssée la mène plus loin encore, à Francfort et jusqu'à New York, sur des chemins chaotiques et douloureux. Peut-être vers une nouvelle identité. Heike Geissler aborde des thèmes très forts - la peur de la féminité, le refus de la maternité et des responsabilités de l'âge adulte - avec une sensibilité et un talent époustouflants, toute la force de son roman résidant dans la violence et la grâce de l'écriture, mais aussi dans l'intensité des sentiments et des nostalgies qui s'expriment. (2002)
52. Au commencement la nuit était musique
Alissa Walser
3.12★ (26)

Vienne, 1777. Une chance inouïe se présente pour le célèbre médecin Mesmer, le premier magnétiseur de l'histoire : on lui amène une jeune prodige du piano – la fille aveugle d'un haut fonctionnaire à la cour. Lorsque Maria Theresa Paradis recouvre une partie de sa vue, l'opinion publique et le milieu médical se déchirent, soupçons et jalousies vont bon train.Des personnages historiques forts, originaux, et une langue moderne, retenue, parfois très poétique, font de ce livre une belle oeuvre sensuelle et musicale. (2010)
53. Venezuela
Jochen Jung
2.80★ (10)

Allemagne, 1941. le capitaine Afredo Guzman remplit ses fonctions de gynécologue au service du Führer sur une base aérienne à Brandebourg. Il est le premier à s'étonner de la manière dont il en est venu à occuper ce poste. Un jour, au cours de la réception donnée en l'honneur d'un hôte de marque - Ernst Udet, le héros de l'aviation -, Guzman se précipite dans une zone de turbulences due à son physique avantageux et à son manque de retenue. Il est forcé à la fuite. Fuir pour aller où? de manière inattendue, Udet l'aide à se réfugier au Venezuela, d'où est originaire le père de Guzman. Et c'est ainsi que cette fuite hors du Reich allemand se transforme en rencontre avec un passé masqué sous le voile du mystère des légendes familiales.
54. À contresens
Tom Liehr
4.00★ (24)

Tim Köhrey, orphelin, passe une enfance trop tranquille au sein d?une famille d?accueil anesthésiée, dans la banlieue de Hanovre. Pour lui, la vraie vie va enfin commencer à l?été 1980, à l?aube de son adolescence, quand sa famille déménage. Tim se retrouve plongé dans un Berlin-Ouest en pleine effervescence, battant au rythme de l?amitié, de la musique, du grand amour. Mais il va finir par tout perdre, en une fraction de seconde. Ce n?est qu?au millénaire suivant que Tim, DJ désabusé à la recherche du bouton rewind, cesse de se laisser porter par la vie et décide de partir à sa rencontre? quitte à prendre parfois quelques contresens. Un roman pop, doux-amer et sans temps mort sur les occasions manquées, les rêves mis de côté et le besoin de changer de vie.
55. Portrait-robot : mon père ; Portrait-robot : ma mère
Christophe Meckel
3.33★ (13)

Publiés en diptyque, ces deux récits, écrits à vingt ans d’intervalle, radiographient l’univers intime de l’Allemagne d’hier et révèlent les dégâts d’un séisme dont les répliques secouent encore le peuple allemand à l’aube du XXIe siècle. (1998 & 2002)
56. Merci bien pour la vie
Sibylle Berg
3.58★ (21)

« Candide » au sexe incertain, le petit Jojo, une fois adulte, se mue en femme. Maltraitée, mal aimée, elle avance dans la vie - depuis la tristesse de la campagne est-allemande (où elle est née en 1966) jusqu'à Paris devenu parc d'attraction pour touristes (où elle est morte en 2030). Chanteuse hors pair, elle traverse le pire des mondes possibles avec une naïveté qui fait sourire. L'écrivain Sibylle Berg a créé un personnage inoubliable dont l'humanité est sans cesse mise à rude épreuve. Merci bien pour la vie est un roman ironique, fulminant et tendre à la fois - la réponse picaresque de Sibylle Berg aux égarements de notre époque.
57. Brandebourg
Juli Zeh
3.96★ (239)

Brandebourg, thriller rural situé dans la région homonyme, au sein d’un village de l’ex-rda, a 70 kilometres de Berlin, dynamite et renouvelle le roman de terroir. Entouré de grands champs de blé, le village d’Unterleuten a connu le regroupement des terres en coopératives d’État et, apres l’effondrement de la rda, les démarches compliquées de la restitution des biens collectivisés. A l’été 2010, un projet de parc éolien menace la paix de la petite commune ou des Berlinois romantiques qui ont effectué un retour a la terre côtoient des paysans du cru et leurs familles. Une véritable partie d’échecs s’engage pour obtenir les dix hectares nécessaires a ce parc, qui rapporterait 150 000 euros chaque année au propriétaire. Peu a peu, les principaux “joueurs” se dévoilent et peaufinent leur stratégie. De vieilles rancunes et d’anciennes rixes refont surface. A travers une galerie de personnages truculents, Juli Zeh esquisse le portrait d’une Allemagne contemporaine totalement inconnue en France. Ruralité douloureuse, isolement, pollutions persistantes, indifférence et résignation – ici les “petites gens” sont des étrangers dans leur propre pays. Brandebourg est le roman le plus abouti de Juli Zeh.
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