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Tour à tour cruelles ou ironiques, chacune des histoires qui composent ces douze nouvelles sont d'une redoutable efficacité. Pas étonnant lorsqu'on découvre que leur auteur, Ferdinand von Schirach, a été un avocat pénaliste de renom. Il s'y entend pour nous décrire avec minutie la machine judiciaire, que ce soit du point de vue d'une jurée dans « « La jurée », et qui évoque les violences conjugales, ou bien le parcours de Seyma, la jeune avocate de Subotnik » obligée de défendre un proxénète à la tête d'un important réseau de prostitution. La cruauté existe aussi du côté des enfants, comme Tom et ses copains qui lapident par jeu un pauvre aveugle surnommé « poisson qui pue ». C'est avec une pointe d'ironie que l'auteur nous parle de l'amour d'un homme pour sa poupée Lydia, amour passion qui va le pousser à la violence.
Ce sont tous les travers, les vices et la cruauté de notre humanité que décortique Ferdinand von Schirach avec la précision et le tranchant d'un scalpel. Il démontre aussi les limites de la justice qui, parfois, laisse échapper un coupable ou bien s'acharne sur un innocent.
Toutes ces histoires à la trame psychologique tendue sont à la fois troublantes, inquiétantes et plaisantes à lire


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Avocat pénaliste, Ferdinand von Schirach s'est fait connaître depuis plus de dix ans pour plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont Sanction. Notez que ce titre fait partie d'une trilogie sur le crime, précédé de Crimes et Coupables.
Dans ce recueil chacune des 12 nouvelles retrace un crime, son jugement, ainsi que la condamnation qui s'ensuit. Ou pas.
Car c'est bien l'absence de condamnation qui intéresse l'écrivain autant que la sanction.
Ces nouvelles sont extrêmement dérangeantes : ces hommes et ces femmes basculent dans le meurtre et ce basculement bouscule nos conceptions habituelles sur le bien et le mal, sur la Justice au sens fort.
Car est-il juste qu'un homme soit assassiné pour ses pratiques sexuelles peu conventionnelles ? Est-il juste que l'auteur de violences sur la personne qui a agressé sa poupée soit relaxé ? Est-il juste que cette femme assassine son mari pour le meurtre de leur enfant ?
L'auteur n'impose pas son avis, et au lieu de nous donner un jugement confortable qui nous permettrait un commentaire distancié, il nous laisse avec notre conscience. Et c'est autrement plus difficile.
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12 nouvelles sur la justice, 12 nouvelles sur la morale, qu'est-ce qui est bien ? qu'est-ce qui ne l'est pas ?.
Derrières ces chroniques judiciaires, certaines manifestement inspirées d'histoires vraies, il est surtout question de problèmes humains complexes, de souffrances, de parfois seulement de "pas de chance".
Chaque nouvelle laisse le lecteur dans un abîme de questionnement.
L'écriture est chirurgicale, réaliste, nostalgique et pleine d'humanité.
Cela dit, cette lecture me conforte dans le fait que les nouvelles, ce n'est pas pour moi. C'est trop court pour rentrer dans la psychologie des personnages, pour s'attacher voire se projeter. C'est confirmé, je préfère les pavés.
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Dans ce recueil de douze Nouvelles, Ferdinand von Schirach s'inspire de son expérience personnelle d'avocat pour aborder le thème de la sanction.
L'écriture est incisive, les phrases courtes, les mots délicatement choisis. On sent la rigueur et l'objectivité du pénaliste ! C'est ce qui donne aux histoires toute leur épaisseur et captive le lecteur. von Schirach a le don de décrire les faits de manière précise tout en laissant au lecteur la part de réflexion et d'imaginaire nécessaires pour cerner la psychologie des personnages. Dans chacune des Nouvelles, le personnage est un commun des mortels qui voit son destin basculer dans une affaire judiciaire. le suspense que distille l'auteur nous accroche jusqu'aux décisions finales, surprenantes, les sanctions, justes mais pas toujours, ou, au contraire, l'absence de condamnation. Car si le droit est sans équivoque, les êtres qui enquêtent, ordonnent, défendent, accusent et jugent sont perfectibles et soumis à leurs propres émotions et valeurs. L'auteur nous confronte à la partie sombre d'individus qui nous ressemblent, le plus souvent, socialement intégrés et éduqués, qui commettent ou vivent l'irréparable, et ce, sans jamais juger ses personnages.
Dans les recueils, il n'est pas rare de constater une inégalité littéraire parmi les Nouvelles. Bien sûr, il est normal qu'on accroche un peu plus vite et plus fort à certaines d'entre elles. Mais rares sont les recueils où l'on ne ressente pas une pointe de déception à la lecture de quelques-unes des histoires. Sanction est de ces recueils que vous dévorez sans jamais vous en écoeurer !

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Alors que je parlais avec un de mes lecteurs de mon challenge "Feuilles allemandes", celui-ci m'interpelle et me dis :
 - J'espère que vous avez choisi Ferdinand von Schirach dans votre sélection, c'est vous qui me l'avez conseillé et je me suis régalé.
Et moi de me dire : "punaise mais c'est vrai, pourquoi m'y ai-je pas pensé ?
Peut-être parce que sur le coup je n'avais pas sous la main dans ma bibliothèque personnelle un titre de von Schirach que je n'avais pas lu.
Oui mais voilà, j'ai une autre bibliothèque à ma disposition, une bien plus grande, j'y travail même. Et c'est comme cela que je me suis retrouver avec Sanction de Ferdinand von Schirach conseillé cette fois par mon lecteur, c'est le monde à l'envers !
Alors que nous raconte "Sanction"
Ferdinand von Schirach nous propose là un court recueil de nouvelles. Douze pour être précise. Douze textes qui nous entrainent dans l'univers de la justice. Il  nous plonge dans
les coulisses des affaires pénales. Avec lui on saisit parfaitement l'instant où pour chacun d'eutre nous tout peut basculer, quand un individu lamba comme vous et moi peut passer du coté obscure. Quand un l'équilibre fragile s'effondre, d'un fait ordinaire devient quelque chose d'extraordinaire. Quand l'humain est confronté à l'inhumain.  Quand la justice elle-même dérape. Quand l'institution judiciaire elle aussi bégaie.  Car la justice, forcément est rendu par de homme et des femmes, eux aussi friables !
Ferdinand von Schirach est avocat de la défense au barreau de Berlin depuis 1994. J'avais déjà lu ses deux recueils de nouvelles, Crimes et Coupables, ainsi que ses romans L'affaire Collini  qui ouvrait le débat sur la prescription des crimes nazis et Tabou, je connais déjà la puissance d'évocation de notre auteur allemand. J'ai à nouveau apprécié son son style concis Et, ici, une nouvelle fois je n'ai pas été déçue.
L'écriture au scalpel de l'écrivain allemand nous plonge au coeur de la mécanique des affaires criminelles et de la psychologie de ceux qui la rendent.  Il bouscule, il interroge... Pourquoi des innocents vont condamnés, des coupables remis en liberté ? ... Avec Sanction il sonde cette dimension humaine de la justice. Ses erreurs, ses lâchetés peut-être, les crimes impunis, les verdicts  approximatifs voire imparfaits
Il nous donne à voir, avec une prose glaçante, une vision singulière de ce que peut-aussi être la justice. Et croyez-moi cela ne vous laissera pas indemne !
Et tiens, tant que j'y pense, il serait bien que je vous parle aussi des autres titres de Ferdinand von Schirach. Car vraiment si vous ne connaissait pas cet auteur, foncez !!!
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Instantanées de justice, fragments d'humanité. Avec une rare économie de moyen, une admirable façon d'exposer des bribes du passé de ceux dont la vie bascule, qui se trouvent confronté à la justice, sans en faire une explication sociologique ou psychologique définitives, Ferdinand von Schirach captive son lecteur en douze nouvelles cliniques et pourtant sans jugement. Sanction ou la tragédie exposée face au sens qu'on peine à lui donner, oeuvre d'un grand moralisateur.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Ouf… un recueil de nouvelles qui ne laissera sans doute personne indifférent. Pour ma part je l'ai lu à long terme, au rythme d'une nouvelle par mois, donc sur 12 mois. Chaque histoire est au minimum malaisante, sinon dérangeante.

Le style y est pour bcp. L'auteur raconte, sur un ton neutre et détaché, des événements traumatisants dans la vie des personnages, événements qui changent leur vie à jamais et pas pour le mieux. le rythme posé et la description tranquille d'une réalité qui soudainement, bascule de l'équilibre au cauchemar, ajoute au malaise général. Ajoutez à l'ambiance le fait que plusieurs histoires sont sans doute très proches de celles de bien des gens et vous avez tous les ingrédients pour vous sentir un peu tout croche le temps de chaque nouvelle.

Sans pour autant débouler la lecture sans pouvoir m'arrêter, j'ai apprécié ce recueil de nouvelles et la façon qu'il a eu de me retourner l'estomac quelques fois.
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Suite de la trilogie, après ‘Crimes' et ‘Coupables' arrive ‘Sanction'.

Un recueil de nouvelles pour montrer que la sanction n'est pas une, qu'elle peut prendre de multiples facettes.

Douze nouvelles qui permettent de voir le point de vue du juré – qui peut être récusé pour partialité ou simplement apriori, ou « présupposé hâtif » –, de la justice – si le juré est récusé et qu'il n'y a pas de juré suppléant, le procès tombe à l'eau –, de l'avocat commis d'office – « – Je n'ai pas tué mon mari. – Tant mieux, mais ce n'est malheureusement pas la question. Ce qui compte, c'est de savoir si le parquet a assez d'indices pour convaincre la cour. » –, et de bien d'autre encore.

Le style est tranché, on n'a pas le temps de s'épancher dans une nouvelle.
Les faits sont exposés plus qu'analysés, c'est au lecteur de se faire une idée.
L'auteur ne donne pas de réponse, il donne à penser, à réfléchir.
C'est ce qui fait sa force.

La sanction est tantôt sévère, tantôt juste, tantôt absente – et dans ce cas, c'est la société qui est sanctionnée…

Un avocat qui nous met à la place du juge et de sa conscience est-il un bon avocat ?
En tout cas, dans le cas présent, c'est un excellent auteur !!!

« Tous nos souvenirs sont profanes, et tous sont sacrés. » p. 164
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J'ai pris ce recueil de nouvelles par pure curiosité. le titre, l'auteur allemand et la collection Gallimard "Du monde entier" m'ont donné envie de le découvrir. Et quelle belle découverte ! Ce recueil comprend 12 nouvelles axées sur le thème de prédilection de l'auteur : les affaires de justice. Ça se comprend, l'auteur étant lui-même un juriste de métier. Sauf qu'ici, il accorde une place importante à la victime, toutes les victimes sans exception. Car les destins touchés par une affaire de justice se trouvent toutes dans la salle d'audience : la victime, l'accusé, la défense, les proches.

Personnellement, j'ai beaucoup aimé ces 12 histoires efficaces. le format court se justifie amplement (inutile de broder autour quand il n'y a pas de la matière). Ces 12 histoires se déroulent toutes autour d'une affaire de justice, mais je vous rassure, on ne passe pas des heures au tribunal, cela reste d'ailleurs anecdotique pour 2. Pour le reste c'est l'avant et/ou l'après. Certaines m'ont particulièrement touchée : comme celle de la femme qui, pour protéger la mémoire de son mari décédé dans des circonstances honteuses, préfère qu'on la suspecte d'assassinat que d'avouer la vérité. Celle de la jeune avocate obligée de défendre l'indéfendable et qui, par professionnalisme, trouve la faille qui permet la libération d'une ordure. Celle de l'homme qui regrette d'avoir été trop loin, mais ses regrets ne changeront rien, le mal est fait.

En résumé, un beau recueil qui se lit rapidement, un auteur avec une sensibilité particulière, pudique, qui sonde, expose et ne juge pas (lol, normal, pour un juriste). Je lirai certainement ses autres ouvrages.
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Il ne faut pas lire von Schirach si l'on est dépressif car presque toutes ses histoires finissent mal et sont meme totalement dénuées d'humour. Dans la grande tradition de la littérature tragi-comique allemande, mais sans le comique. Je ne serais d`ailleurs pas étonné si von Schirach était lui-meme en proie a une mélancolie existentielle chronique. Dans ses histoires, en gros, nous avons presque a chaque fois un personnage central qui n'est pas méchant et est souvent meme sympathique, mais qui finit par tomber dans l'un ou l'autre des innombrables pieges que peut tendre la vie et devient un criminel a la fois victime ou alors devient la victime indirecte d'un crime ayant en quelque sorte ensemencé en lui l`orage intérieur qui balaye tout (comme dans la derniere histoire du livre). La morale de ces histoires semble etre que, en regle générale, ce n'est pas l'etre humain qui fait le mal mais le mal qui défait l'etre humain. Lisez et vous comprendrez. Lisez et vous aimerez si toutefois vous etes assez bien dans vos baskets pour ne pas vous laisser déprimer.
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