Conne? En Aimée comme en chaque être humain, la bêtise et l'intelligence habitaient des provinces séparées, la rendant régionalement brillante et localement stupide...
Si Lorenzo se conduit en gigolo professionnel, Wanda sait, elle aussi, de quelle manière traiter un gigolo.
Hélène souffrait de vouloir faire coexister deux exigences qui se répugnent : l'idéalisme et la lucidité.
On peut dire qu'il y eut deux Aimée Favart. Une Aimée avant la séparation. Une Aimée après.
Lorsque Georges lui annonça qu'il la quittait, Aimée mis plusieurs minutes à s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un cauchemar ou d'une plaisanterie. Etait-ce bien lui qui parlait? Etait-ce bien à elle qu'il s'adressait? Une fois admis que la réalité lui assénait ce mauvais coup, elle prit encore la peine de vérifier qu'elle demeurait en vie. Ce diagnostic-là fut plus long à établir : son coeur s'était arrêté de battre, son sang de circuler, un froid silence de marbre avait pétrifié ses organes, une raideur empêchait ses yeux de ciller...
(Le faux)
"Parfois, j'en viens à souhaiter qu'arrive très vite le jour où ma mère sera redevenue un nouveau-né pour que je la serre dans mes bras. Je lui dirais enfin combien je l'aime. Un baiser d'adieu pour moi. Pour elle, un baiser de bienvenue..." L'intruse
Par vos livres, vous montrez que, dans toute vie, même la plus misérable, il y a de quoi se réjouir, de quoi rire, de quoi aimer.
En se jetant sur le sol, elle remarqua vite que ce n’était plus Antoine mais un cadavre qui gisait près de la fontaine. Un autre. Un mannequin de chair et d’os. La ressemblance d’Antoine. (...) Un double pâle et froid.
Hélène se supportait si peu qu’elle avait décidé d’enfouir son jugement afin de ne garder, en chaque circonstance, que le regard d’Antoine. Elle ne vivait qu’à sa surface, retenant prisonnière à l’intérieur une femme qui continuait à mépriser, critiquer, vitupérer, qui frappait à la porte de sa cellule et criait en vain à travers le vasistas. Pour se garantir la comédie du bonheur, elle s’était transformée en gardienne de prison.
Antoine la contemplait toujours avec un amour débordant ; il murmurait « la femme de ma vie » en lui flattant la croupe ou en lui déposant des baisers dans le cou.
— La femme de sa vie ? Au fond, ce n’est pas grand-chose, disait la prisonnière.
— C’est déjà ça, répondait la gardienne.
Voilà. Ce n’était pas le bonheur, c’en était l’apparence. Le bonheur par procuration, le bonheur par influence.
— Une illusion, disait la prisonnière.
Elle se demanda si le bonheur ne pouvait pas être contagieux…
Citation en exergue:
… ces bouquets de fleurs qui partent à la recherche d’un cœur et ne trouvent qu’un vase.
(ROMAIN GARY,
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