"Nous oublions que la vie est fragile, friable, ephémère. Nous faisons tous semblants d'être immortels."
Regarde chaque jour le monde comme si c'était la première fois
C'est vrai, c'est pas tout d'avoir des gosses, faut encore avoir le temps de les élever.
Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents.
Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus le temps pour ce que pensent les gens intelligents.
Je te préviens tout de suite : j'ai horreur d'écrire. Faut vraiment que je sois obligé. Parce qu'écrire c'est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c'est rien qu'un mensonge qui enjolive. Un truc d'adultes.
J'ai compris que tu étais là. Que tu me disais ton secret : regarde chaque jour le monde comme si c'était la première fois.
Alors j'ai suivi ton conseil et je me suis appliqué. La première fois. Je contemplais la lumière, les couleurs, les arbres, les oiseaux, les animaux. Je sentais l'air passer dans mes narines et me faire respirer. J'entendais les voix qui montaient dans le couloir comme dans la voûte d'une cathédrale. Je me trouvais vivant. Je frissonnais de pure joie. Le bonheur d'exister. J'étais émerveillé.
Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. A chaque réponse, on doit joindre un «peut-être». Il n'y a que les questions sans intérêt qui ont une réponse définitive.
- Tu sais Oscar. Tu vas mourir, un jour. Mais tes parents, ils vont mourir aussi.
J'étais étonné par ce qu'elle me disait. Je n'y avais jamais pensé.
- Oui. Ils vont mourir aussi. Tout seuls. Et avec le remords terrible de n'avoir pas pu se réconcilier avec leur seul enfant, un Oscar qu'ils adoraient.
- Dites pas des choses comme ça, Mamie-Rose, ça me fout le cafard.
- Pense à eux Oscar. Tu as compris que tu allais mourir parce que tu es un garçon très intelligent. Mais tu n'as pas encore compris qu'il n'y a pas que toi qui meurs. Tout le monde meurt. Tes parents, un jour. Moi, un jour.
- Oui. Mais enfin tout de même, je passe devant.
- C'est vrai. Tu passes devant. Cependant est-ce que, sous prétexte que tu passes devant, tu as tous les droits ? Et le droit d'oublier les autres ?
- J'ai compris, Mamie-Rose. Appelez-les.
Il faut distinguer deux peines, mon petit Oscar, la souffrance physique et la souffrance morale. La souffrance physique, on la subie. La souffrance morale, on la choisit.