Citations sur Le monde comme volonté et comme représentation (287)
Car, lorsqu’une fois on a tâté des œuvres sérieuses, rarement continue-t-on à se plaire à la farce, surtout celle du genre ennuyeux.
L'art [...] épanouissement suprême et achevé de tout ce qui existe [...] nous pouvons l'appeler la floraison de la vie.
[…] on se gâte le cerveau, à lire et à étudier constamment.
Il y a quelque chose de féminin, dans la nature de la raison ; elle ne donne que lorsqu’elle a reçu.
La conversation d’un grand esprit avec un esprit ordinaire, quand même leur éducation a été sensiblement la même, ressemble à un voyage que feraient ensemble un homme monté sur un cheval ardent et un piéton. Pour les deux, ce sera bientôt extrêmement fâcheux et, à la longue, impossible. A vrai dire, le cavalier peut pour un temps descendre de cheval, afin de marcher à côté de l’autre, quoique en ce cas l’impatience de sa monture lui donne beaucoup d’embarras.
Si l’intuition pouvait se communiquer, la communication en vaudrait la peine ; mais en définitive, nous ne pouvons sortir de notre peau ; il faut que nous restions enfermés chacun dans notre crâne, sans pouvoir nous venir en aide les uns aux autres.
Mais ce qui est vraiment de la magie, c’est l’effet des modes majeur et mineur. N’est-il pas merveilleux de voir que le simple changement d’un demi-ton, que la substitution de la tierce mineure à la majeure, fait naître en nous, sur-le-champ et infailliblement, un sentiment de pénible angoisse d’où le mode majeur nous tire non moins subitement ?
[…] j’ai connu certaines personnes d’une supériorité intellectuelle marquée, sinon éminente ; elles présentaient en même temps de légers indices de folie. Il semblerait, d’après cela, que toute supériorité intellectuelle qui dépasse la mesure ordinaire doive être considérée comme une chose anormale qui prédispose à la folie.
La source d’où émanent les individus et leurs forces est inépuisable et infinie, autant que le temps et que l’espace ; car, comme le temps et l’espace, ils ne sont que le phénomène et la représentation de la volonté. Aucune mesure finie ne peut jauger cette source infinie ; aussi chaque évènement, chaque œuvre étouffée dans son germe a-t-elle encore et toujours l’éternité entière pour se reproduire. Dans ce monde des phénomènes, toute perte absolue est impossible, comme tout gain absolu.
Par ces réflexions sur la musique, j’ai tâché de prouver que, dans une langue éminemment universelle, elle exprime d’une seule manière, par les sons, avec vérité et précision, l’être, l’essence du monde, en un mot, ce que nous concevons sous le concept de volonté, parce que la volonté en est la plus visible manifestation.