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Critique de Arakasi


Vous l'avez probablement noté si vous suivez un peu mes critiques, mais cette année 2014 a été placée sous le signe flamboyant d'Alexandre Dumas, un de mes grands amours littéraires de jeunesse que j'ai eu le plaisir de redécouvrir récemment. Il semblait donc juste de terminer l'année par la lecture d'une biographie de Dumas et pas écrite par n'importe qui, attention, par Claude Schopp, probablement l'admirateur français le plus fanatique et le plus monomaniaque du ventripotent auteur romantique.

Claude Schopp a consacré sa vie à Alexandre Dumas, a fait éditer des dizaines de ses oeuvres les plus méconnues, s'est penché sur les moindres détails de sa vie, sur ses moindres lettres, sur ses moindres nouvelles. Un tel dévouement a immanquablement créé un lien particulier entre le biographe et son sujet : Claude Schopp ne parle pas de Dumas avec l'abstraction que l'on conserve généralement vis-à-vis des grands hommes, il en parle comme d'un ami, un très cher, très fantasque et très brillant ami. Il l'interpelle, se moque gentiment de ses folies et de ses inconséquences, s'amuse de ses fantaisies et applaudit joyeusement à ses triomphes.

Sa biographie ne perd pas pour autant en détails et en objectivité, mais elle gagne énormément en tendresse et en émotion. Quel plaisir que de suivre Dumas le long des chemins campagnards de son enfance, enfance dorée par la présence d'un père vénéré et d'une mère un peu dépassée mais adorée ! Quelle excitation que de l'accompagner à Paris, d'être ébloui à ses côtés par la performance de l'illustre Talma à la Comédie Française, de côtoyer le cercle passionné et tumultueux des jeunes romantiques, Victor Hugo, Théophile Gauthier, Gérard de Nerval, Honoré de Balzac ! Quelle exaltation que de partager ses premiers succès d'auteur théâtral, de courir sur ses talons pour faire le coup de feu pendant la Révolution de Juillet ! Quelle joie que de voir naître sous sa plume alerte les chefs d'oeuvres qui nous enchanteront des décennies plus tard, « Les Trois Mousquetaires », « le comte de Monte-Cristo », « La reine Margot », « Vingt ans après » !

Et quand les années noires viennent, quand les amis commencent à mourir, que les bourses se vident, que le cher Victor est parti en exil, que les enfants tournent le dos, que la critique boude, on s'émeut sur le sort de ce grand bougre dépensier, fort-en-gueule et orgueilleux, mais aussi si bon, si chaleureux, si affectueux, si joyeux, si humain en somme…

Jamais je n'avais été autant touchée à la lecture d'une biographie. J'en suis sortie avec le sentiment, non seulement d'avoir appris une foule de détails sur la vie de Dumas, mais aussi d'avoir été, le temps de quelques centaines de pages, un peu plus proche de lui – pas une amie, n'exagérons pas, pas même une connaissance, mais presque une contemporaine, quelqu'un qui l'aurait croisé au détour d'une rue, l'aurait entraperçu brièvement du coin de l'oeil, juste le temps de s'extasier « Regardez, Regardez ! Je l'ai vu, c'est Alexandre Dumas ! ».

Adolescente, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps à la mort des mousquetaires dans « le vicomte Bragelonne ». Aurais-je l'air ridicule si je confesse avoir un peu larmoyé sur la mort du dernier et du plus vieux des mousquetaires, treize ans plus tard ? Contrairement à ses héros, Dumas n'aura pas eu la chance d'une mort épique, mais il s'est éteint dans son lit, ruiné mais entouré des siens, et son dernier geste conscient fut un sourire. Il avait peur pourtant, il tremblait de voir son oeuvre disparaitre derrière lui, d'avoir bâti son immense château sur du sable… Qu'il se rassure maintenant : à l'instar de d'Artagnan, d'Athos, d'Aramis et de Porthos, il est devenu immortel. Regardez les rayons des librairies, des bibliothèques, les affiches de cinéma, de série télévisée, les petits garçons coiffés de chapeaux à plumes dans les défilés de Carnaval !

Qu'on se le dise, qu'on le clame haut et fort : Dumas n'est pas mort !
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