- Tu sais, si tu règnes ne serait-ce que moitié aussi bien que tu mens, tu feras un roi incroyable.
- Merci ! répondit le prince.
- Tu as toujours l’air d’un prince.
- Evidemment, répliqua Rhy. Ce n’est pas parce que je me suis déguisé que je ne veux pas être reconnu.
- C’est pourtant la fonction d’un déguisement, en général, soupira Kell.
- Je suis désolé, finit-il par dire.
Il paraissait si… sincère que Lila fut prise de soupçons sur-le-champ. Alucard avait beaucoup de qualités, mais la sincérité n’en faisait pas partie.
- D’avoir grimpé dans mon estime ? demanda-t-elle.
- Non, de ce qui t’est arrivé. On a dû te faire bien du mal pour que tu considères l’amitié et l’amour comme des armes plutôt que des boucliers.
Tu sais ce qui te rend faible ? Tu n’as jamais été contraint de te montrer fort. De faire des efforts. De te battre. Et certainement pas pour survivre.
Kell, ma plus grande crainte dans la vie n’est pas de mourir, mais de causer de la souffrance à autrui.
- Mais comment savez-vous que nous aurions brûlé ? demanda Ned, les yeux brillants.
- Car ne pas avoir assez de quelque chose est tout aussi dangereux qu’en avoir trop.
Il est facile de mourir. Moi, je veux vivre, mais se rapprocher de la mort est le seul moyen de se sentir vivant. Et une fois qu'on y arrive on se rend compte qu'avant, on ne vivait pas vraiment. On se contentait de survivre. Je suis peut-être folle mais je pense que la vie vaut la peine d'être vécue quand on prend des risques.
Delilah Bard avait le don de s'attirer des ennuis. Mieux valait aller au-devant d'eux que de se laisser surprendre - voilà ce qu'elle avait toujours pensé.
A force de chercher les ennuis, tu vas finir par en trouver... grommela une voix dans sa tête.
- Contre qui suis-je ? Demanda Kell avec un soupir.
Le prince cesse enfin de faire les cent pas.
- Il s'appelle Stasion Elsor. Et avec un peu de chance, il va te massacrer.