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Citations sur Le Chevalier et la mort (6)

Il aimait les arcades, il aimait y traîner, oisivement. Dans l'île où il était né, aucune ville n'en avait. Les arcs rendent le ciel plus beau, dit le poète. Les arcades font-elles les cités plus civiles ? Ce n'est pas qu'il n'aimait pas la terre où il était né, mais toutes les nouvelles, douloureuses, tragiques, qu'il recevait en chaque jour lui procuraient une sorte de rancœur. N'y retournant plus depuis des années, il la cherchait, au-delà de ce qui s'y passait, dans le souvenir, dans le sentiment de quelque chose qui n'existait plus. Illusion, mystification : comme d'un émigrant, d'un exilé.
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Il en allait toujours ainsi avec Rieti: ils se trouvaient toujours d'accord sur l'évaluation des faits, leur interprétation, leur origine et leur fin. Et le plus souvent, ils en parlaient de façon distraite, par allusions, par paraboles et métaphores. Tout se passait comme si leurs esprits avaient eu les mêmes circuits, les mêmes processus logiques. Des ordinateurs de la méfiance, du soupçon, du pessimisme. Les juifs, les Siciliens: affinité atavique de leur condition. Énergie. Défense. Douleur. Un Toscan du XVIe siècle avait dit que les Siciliens étaient d'intelligence sèche. Et les juifs de même. Mais à présent la guerre s'était emparée d'eux; une guerre différente, mais la guerre.
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Il erra dans la ville avec un sentiment de liberté qu'il lui semblait ne jamais avoir éprouvé. Elle était belle encore, la vie; mais pour qui en était digne. Il sentit qu'il n'en était pas indigne, et comme récompensé. Il y avait de quoi crier : "Dieu vous adonné un visage, et vous vous en fabriquez un autre." Non pas comme Hamlet s'adressant aux femmes, à leurs fards, leurs onguents et leurs vernis, mais à tous les indignes, la masse indigne dont le monde s'emplissait toujours plus. Il y avait de quoi crier ça au monde qui assumait cette substance: être indigne de la vie. Mais le monde, le monde humain, n'avait-il pas toujours obscurément aspiré à être indigne de la vie ? Ingénieux et féroce ennemi de la vie, de soi-même; mais il avait en même temps inventé tant de choses amies : le droit, les règles du jeu, les proportions, les symétries, les fictions, les bonnes manières... "Ingénieux ennemi de moi-même": comme Alfieri parlant de soi; mais aussi ingénieux ami, jusqu'à hier. Cependant, comme toujours lorsqu'il en arrivait à la détresse du présent, au désespoir du lendemain, il se demanda si, dans son affliction sur l'indignité ou courait le monde, il n'y avait pas la rancœur d'être sur le point de mourir et l'envie à l'égard de ceux qui restaient; oui, peut-être. A ce point qu'à certains moments, avec méchanceté, il lui arrivait de se répéter dans la tête, à l'instar des présentateurs de spectacle de son adolescence : "Mesdames, messieurs, bon divertissement !"-comme un dernier salut, goguenard. Mais, dans l'assurance qu'il n'y avait pas d'amusement, il y avait encore, farouchement, de la pitié.
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Il pensa au diable de la gravure de Dürer. "Le diable est nécessaire pour que l'eau bénite soit bénite";
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Il erra dans la ville avec un sentiment de liberté qu'il lui semblait ne jamais avoir éprouvé. Elle était belle encore, la vie; mais pour qui en était digne. Il sentit qu'il n'en téait pas indigne, et comme récompensé. Il y avait de quoi crier : "Dieu vous adonné un visage, et vous vous en fabriquez un autre." Non pas comme Hamlet s'adressant aux femmes, à leurs fards, leurs onguents et leurs vernis, mais à tous les indignes, la masse indigne dont le monde s'emplissait toujours plus. Il y aviat de quoi crier ça au monde qui assumait cette substance: être indigne de la vie. Mais le monde, le monde humain, n'avait-il pas toujours obscurémment aspiré à être indigne de la vie ? Ingénieux et féroce ennemi de la vie, de soi-même; ma
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Désormais il s'était habitué à l'avoir en face de lui, durant ses longues heures de bureau. Le chevalier, la mort et le diable.
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