Voici un roman que j'ai lu d'une traite (réellement : commencé en début de soirée, terminé très tard...) et que j'ai beaucoup aimé. Malheureusement, le mois de juin étant ce qu'il est, le bic rouge a longtemps postposé la chronique, et c'est bien dommage, car certains souvenirs ont eu le temps de s'estomper.
Hollis Seamon nous convie donc à passer quelques jours dans un service de soins palliatifs, aux côtés de Richard, ado de bientôt 18 ans. Dit comme ça, ça sent le roman dramatique, triste, plombant, déprimant. Et bien pas du tout. Bien sûr, le fond est dramatique. Bien sûr, la gorge se noue parfois face à ces jeunes (et moins jeunes, d'ailleurs) que la maladie et la mort n'épargnent pas. Mais, bien au-delà de ça, ce roman est une ode à la vie, à l'amour, à la force que peuvent apporter l'amitié et l'affection, à l'humanité. C'est un roman bourré de vie, d'humour, d'espoir et d'empathie.
Autour de Richard se croisent des personnages qui, s'ils n'évitent pas certains clichés, n'en sont pas moins pleins de justesse, d'humanité, de réalité. Tous, même s'il s'agit de personnages très secondaires, ont une épaisseur, un vécu que l'on sent et qui s'emboîte parfaitement à l'ensemble du récit. Ces adultes confrontés à la maladie et à la disparition prochaine de leur enfant ou de leur patient réagissent avec les armes dont ils disposent, avec leurs convictions, leurs espoirs et désespoirs. Avec leur coeur, ce qui implique parfois de ne pas respecter totalement les protocoles. Quant à Richard et Sylvie, ils mettent un point d'honneur à rester des ados normaux, autant que faire se peut : des jeunes pleins d'envie, de révolte, amoureux, parfois pénibles, et jamais à court de bêtises.
Hollis Seamon dit avoir écrit ce roman pour rendre hommage à tous ces jeunes qu'elle a croisés alors qu'elle fréquentait elle-même -trop longtemps- un hôpital avec son propre enfant. J'ignore quelle en était la raison exacte et quelle en fut l'issue. Mais je suis admirative du recul qu'elle a pu prendre pour aborder ce sujet, qui plus est de cette façon : à la première personne (en se glissant dans la peau de Richard), sans jamais nier la réalité de la maladie, mais avec humour et sans jamais geindre et s'apitoyer sur "son" sort. C'est une belle leçon de vie et d'optimisme qu'elle nous donne; c'est aussi un très bel hommage qu'elle rend aux patients, bien sûr, mais également à leur entourage et au personnel soignant, dont on se dit qu'il doit avoir les épaules sacrément solides pour affronter cette réalité durant plusieurs années.
Difficile de ne pas le comparer à
Nos étoiles contraires, dont il partage le sujet, même s'il n'est jamais bon de comparer deux livres. Tout en l'ayant beaucoup apprécié (et en lui attribuant une note de 5/5), je n'ai pas eu de coup de coeur pour
Dieu me déteste comme cela avait été le cas pour
Nos étoiles contraires. Peut-être parce que les personnages sont davantage dans la rébellion, ici (ce que je ne critique pas, cela dit) ? Peut-être parce que Augustus reste, pour moi, hors d'atteinte? Peut-être parce que le roman de
John Green avait un petit je-ne-sais-quoi de magique? Mais soyons claire :
Dieu me déteste est un excellent roman (ce n'est quand même pas pour rien que je ne l'ai pas reposé avant de l'avoir terminé), qui, au-delà de sa lecture immédiate, laisse une trace et vous fera sans doute réfléchir et sourire à la vie (OMG que ça fait cliché!).
Pour la petite histoire, j'ai hésité entre les catégories "étranger" et "jeunesse ado". Mais les thèmes qu'il aborde me font penser qu'il a totalement sa place en littérature adulte.
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