En hiver, j’aime le matin, de très bonne heure. Il n’est pas besoin de dire le charme de la neige. Mais je goûte également l’extrême pureté de la gelée blanche ou, tout simplement, un très grand froid ; bien vite on allume le feu, on apporte le charbon de bois incandescent : voilà qui convient à la saison...
En automne, c’est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons et s’approche de la crête des montagnes. Alors les corbeaux s’en vont dormir, et en les voyant passer, par trois, par quatre, par deux, on se sent délicieusement triste. Et quand les longues files d’oies sauvages paraissent toutes petites ! C’est encore plus joli. Puis après que le soleil a disparu, le bruit du vent et la musique des insectes ont une mélancolie qui me ravit.
En été, c’est la nuit. J’admire, naturellement, le clair de lune ; mais j’aime aussi l’obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même s’il pleut, la nuit d’été me charme.
Au printemps, c’est l’aurore que je préfère. La cîme des monts devient peu à peu distincte et s’éclaire faiblement. Des nuages violacés s’allongent en minces traînées.
Choses qui font naître un doux souvenir du passé
Des roses trémières desséchées.
Les objets qui servirent à la fête des poupées.
Un jour d'oisiveté, il pleut, on trouve les lettres d'un homme qu'on aima jadis.
La nuit, quand il fait clair de lune. (...)
Choses élégantes
Un vêtement blanc sur un vêtement rose.
Les petits du canard sauvage.
Dans un bol de métal neuf, de la glace pilée, avec du sirop.
Un rosaire de cristal.
Des fleurs de glycine et de prunier couvertes de neige.
Un très joli bébé qui mange des fraises.
L'idée d'écrire ces notes me vint dans les circonstances suivantes : Un jour, le frère de l'Impératrice Sadako ayant offert une liasse de papier blanc à sa soeur, celle-ci me dit : "Que peut-on écrire là-dessus ? L'Empereur a déjà fait copier L'Histoire de Chine connue sous le nom de Shiki..." Je lui répondis que je voudrais faire un oreiller de cette jolie liasse de papier blanc. L'Impératrice me répondit : "Eh bien, prenez-le !"
Je l'utilisai alors à écrire toutes ces choses, toutes ces bagatelles qu'on trouvera, sans doute, bien frivoles : des histoires amusantes, des histoires édifiantes, mles impressions, des poésies, ce que je pense des abres, des oiseaux, des insectes, et tout cela est, certes moins intéressant que je ne l'imaginais.
Ceux qui liront ces notes verront ce que je suis, mon degré de culture et d'éducation, et me critiqueront. tant pis !
J'ai écrit ces notes pour m'amuser, sans ordre ni prétention, comme elles me venaient à l'esprit.
On ne doit jamais manquer de répéter à tout le monde les belles choses qu'on a lues.