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sur 143 notes
Lu il y a quelques années. Souvenir d'un extrême raffinement. Vers l'an mille, à Kyoto, appelée alors Heianko, capitale de l'empire, Une dame d'honneur nous conte par petites touches la vie d'une dame de la noblesse. Epoque où le bouddhisme s'implante au Japon et où le pays commence à s'affranchir des us et coutumes chinois. Tout cela est d'une grande sensibilité et se lit très facilement. On peut piocher certains passages lorsqu'on le souhaite et en lire d'autres à d'autres moments, sans forcément respecter l'ordre de la narration.
Un des récits fondateurs de la littérature japonaise.
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Curieux d'imaginer qu'au moment où l'Occident vit un An Mille tourmenté, fait de conquêtes et d'invasions incessantes, le Japon resplendit d'un âge d'or esthétique d'une élégance rare. du moins chez les élites...

Celles-ci se vouent toutes entières au culte du beau et à une douce volupté. Une aristocratie hédoniste au raffinement poussé à l'extrême. Les hommes doivent bien porter l'habit, faire preuve de sensibilité plus que de courage. Les femmes sont surtout courtisées et considérées pour leurs attraits physiques faisant office de vertu cardinale mais aussi pour leur bel esprit et leurs qualités artistiques. Néanmoins, nous ne sommes pas dans notre XVIIIème siècle libertin. L'auteur nous le conte par diverses anecdotes: les liaisons se doivent d'être vécues à l'écart des regards, sans bruit, la nuit, nourries le jour de poésies épistolaires, de billets sibyllins échangés par domestiques interposés, et si la femme se trouve plutôt considérée, sa situation n'est en rien un privilège et réclame humilité et discrétion.

Sei Shonagon, dame d'honneur de l'Impératrice, couche sur papier à peu près tout ce qui lui passe par la tête, sans ordre précis, ce qui donne à ses écrits intimes une structure pour le moins lâche, fonctionnant par associations d'idées et digressions constantes.
Listes, anecdotes de la Cour, pensées sur les beautés de la nature, bribes éthérées comme saisies à la volée, qui au fur et à mesure de la lecture réussissent à nous donner un aperçu, ou plutôt une impression d'une époque à la délicatesse a priori tellement éloignée de nos préoccupations contemporaines. Et pourtant, l'auteur se révèle une grande observatrice de ses semblables et touche souvent juste quant à la nature de l'âme humaine. Facilement encline à faire part de son admiration, l'auteur sait aussi être lapidaire et peut avoir la dent dure concernant certain(e)s de ses congénères, la laideur ou le manque d'élégance étant totalement inexcusables dans cette société uniquement régie par le beau, valeur suprême dépassant le bon ou le moral.

Tout en restant un regard de femme bien née dans un monde en vase clos, la vision de Sei Shonagon surprend par sa sensibilité esthétique exacerbée, sa capacité d'émerveillement parfois candide sans tirer vers la naïveté, grâce à son écriture précise et pourtant nuancée comme une …estampe japonaise (damned, tu l'as vue la porte ouverte bien enfoncée, là ? Pourtant c'est tellement vrai) Une économie de mots faisant naître une image éminemment poétique, et laissant le lecteur éprouver l'émotion sous-jacente, sans forcer les choses, sans explications inutiles.

Et puis comment ne pas avoir envie de reprendre ces listes à son compte
Choses qui émeuvent profondément
Choses qui ont une grâce raffinée
Choses qui font battre le coeur
Choses difficiles à dire
Choses qui semblent éveiller la mélancolie

Comme l'a dit Mr. SCHOTT (celui des Miscellanées) : Sei Shonagon "a élevé la liste au rang de genre poétique ".
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J'ai rarement lu, sans même parler de chroniquer, de livres aussi étranges, et aussi étrangement beaux, que les Notes de chevet de Sei Shônagon. Même à vouloir à tout crin « cataloguer » ce livre dans les catégories, sinon de la littérature mondiale, du moins de la littérature japonaise ancienne, j'ai l'impression qu'il demeure irréductiblement singulier – véritablement unique en son genre : ce n'est pas tout à fait un nikki, un journal comme en tenaient alors les dames de la cour ; c'est sans doute un zuihitsu, écrit au fil du pinceau, peut-être même l'archétype du genre, mais les autres oeuvres, éventuellement bien plus tardives, que l'on range dans cet ensemble, paraissent généralement bien différentes – et moins… radicales ? Les Notes de l'ermitage, de Kamo no Chômei, en relèvent, par exemple ; mais le ressenti à la lecture de ces deux merveilles est pourtant largement différent, au-delà même de l'ampleur du texte, incomparable.



Mais les Notes de chevet de Sei Shônagon n'ont pas traversé mille années jusqu'à nous du seul fait de leur singularité : ces pages contiennent des sommets de littérature, de style autant que d'acuité, qui leur confèrent en définitive une forme d'intemporalité des plus étonnante – ceci alors même que l'ouvrage est ancré dans une époque résolument exotique, celle du Japon de Heian, et plus précisément, autour de l'an mil, de son apogée, qui est aussi l'apogée du clan Fujiwara véritable maître du Japon, une époque donc, dont il constitue peut-être la plus saisissante illustration, avec un autre ouvrage exactement contemporain si bien différent dans la forme : le Dit du Genji, bien sûr, le monumental roman fleuve de Murasaki Shikibu.



Les deux plus grands auteurs de l'époque sont donc des autrices – dont on ne sait pas grand-chose par ailleurs. Mais elles ne sont pas les seules : la grande littérature est alors souvent l'affaire de femmes, enfin libérées par le développement des kana, et qui livrent, au-delà de ces deux oeuvres très particulières, nombre de journaux, emblématiques de l'époque, ou s'appliquent à la poésie ; à vrai dire, celle-ci est tellement essentielle à la société aristocratique de Heian, notamment dans le registre galant, qu'une femme, comme un homme, ne saurait être louée si elle ne témoigne pas régulièrement de ses talents en matière de tanka, ces poèmes courts qui rythment le quotidien de la noblesse. Les Notes de chevet en témoignent, comme toutes les autres oeuvres citées et bien d'autres encore.



C'est aussi, donc, une littérature d'aristocrates : avec Sei Shônagon, comme avec Murasaki Shikibu, nous sommes au sommet de la cour – dans l'entourage, en l'espèce, de deux épouses impériales successives d'un même empereur, Ichijô, puisque Sei Shônagon est au service de l'impératrice Teishi, ou Sadako, et se retire avec elle une fois qu'elle est « remplacée » par Shôshi, au service de laquelle se trouve Murasaki Shikibu. Et l'omniprésent clan Fujiwara constitue leur milieu presque naturel (Murasaki Shikibu au moins en était directement issue). C'est une société extrêmement raffinée, très codifiée, très subtile en tout. Certes, il n'y a pas lieu de s'étonner (et encore moins de la blâmer pour cette raison) que Sei Shônagon, dans ces conditions, fasse régulièrement montre d'un certain mépris pour les rangs inférieurs au sien, et accorde une importance essentielle au protocole et aux bonnes manières… Mais les Notes de chevet témoignent de ce qu'il s'agissait d'un personnage autrement complexe et fin, heureusement ; avec parfois même quelque chose d'un peu rebelle ?



Il s'agit donc… de « notes ». Écrites « au fil du pinceau ». Sei Shônagon écrit pour elle tout d'abord, semble-t-il dans un cadre totalement privé (l'ouvrage, dit-on, n'aurait été révélé au public que par accident, mais je ne sais pas trop ce qu'il faut en penser)… et elle dresse des listes.



Les îles.



Les montagnes.



Les choses désagréables.



Les choses qui ne durent pas.



Les choses qui paraissent pitoyables.



Les choses qui ont une grâce raffinée.



Les choses qui distraient dans les moments d'ennui.



Les choses qui n'offrent rien d'extraordinaire au regard et qui prennent une importance exagérée quand on écrit leur nom en caractères chinois.



Les flûtes.



Les choses qui doivent être courtes.



Les bouddhas.



Les nuages.



Les choses négligées.



Les gens à propos desquels on se demande si leur aspect aurait autant changé, supposé qu'ils fussent, après avoir quitté ce monde, revenus dans un autre corps.



Les choses désagréables (encore).



Les tissus.



Les maladies.



Les choses splendides.



Etc. Cette édition compte 162 catégories, qui se recoupent éventuellement, et parfois se contredisent.



Parfois, il ne s'agit effectivement… que de listes. Les toponymes se suivent, sans autre développement. Mais les associations d'idée, si le terme n'est pas tout à fait exact, employons-le faute de mieux, conduisent bientôt Sei Shônagon à esquisser de très poétiques petits tableaux, tenant en une ligne ou deux. On y devine déjà une observatrice d'une acuité sans pareille, à qui n'échappent pas ces petites choses que l'on qualifie de « détails » quand on n'a pas l'âme suffisamment pénétrante pour percevoir tout ce qu'elles ont d'essentiel. Ici, une couleur, là, un geste, sont autant de célébrations de l'harmonie… ou d'entorses à ce principe cardinal, d'autant plus regrettables.



Sei Shônagon est impitoyable à cet égard – dotée d'un fort esprit critique, elle peut avoir des mots qui blessent ; elle en a heureusement au moins autant pour célébrer la beauté, le raffinement, la parfaite composition, dans une perspective que l'on a pu dire hédoniste – une célébration de l'instant présent, à noter sur une feuille dans la certitude qu'il lui faudra bien disparaître ; les choses sont impermanentes – pourtant les notes de Sei Shônagon leur confèrent une certaine intemporalité paradoxale.



Et il est délicieux de s'égarer avec elle. Quelques listes se succèdent – des croquis joliment esquissés aussi. Puis elle s'oublie : le pinceau en main, elle dissèque alors avec bien plus d'ampleur, sur des pages et des pages, mais pas moins de précision, les scènes de son quotidien, celui des nobles dames de la cour, un gynécée qu'on est d'abord, réflexe malvenu (mâle venu ?), tenté de juger frivole, superficiel, cruel aussi… Sei Shônagon y a sa part, et plus encore. Mais juger cette femme superficielle ? Quand elle témoigne avec le plus grand naturel de son talent inégalé pour l'observation ? Mieux, quand ses observations, au moment d'imprégner le papier qui patiente à côté de l'oreiller au point de s'y substituer, y gagnent encore en finesse et en subtilité par la magie d'un style parfait ? C'est bien plutôt de génie qu'il faut parler, de toute évidence.



Les Notes de chevet se picorent. La grâce de la plume, ou plutôt du pinceau, ici dans l'élégante traduction d'André Beaujard (peut-être un brin surannée, mais je crois que cela participe de son charme), renouvelle toujours l'intérêt du lecteur ; toutefois, je crois qu'il vaut mieux en fractionner la lecture : tel instant vécu sur le vif entre ainsi en résonance avec tel instant saisi il y a mille ans de cela, dans un monde à tous points de vue aux antipodes du nôtre. À mesure que l'on apprivoise la manière de Sei Shônagon, j'ai le sentiment qu'il s'instaure comme une parenté spirituelle – d'une certaine manière, la noble dame nous forme, sans rudesse, par l'exemple, à l'observation du monde ; c'en est au point où ses listes, même les plus sèches, acquièrent en définitive une vertu poétique qui leur est propre. On se surprend à scander les notations comme autant de vers riches de ludiques doubles sens – et la société aristocratique de Heian apparaît sous nos yeux, dans toute sa subtile harmonie.



Les Notes de chevet sont un livre très étrange. Leur abord est sans doute un peu intimidant – les listes peuvent effrayer, et tout d'abord laisser supposer que ce monde serait trop éloigné du nôtre pour que l'on puisse s'y aventurer impunément. C'est pourtant tout le contraire qui se produit – une merveilleuse communication d'observations et de sensations, d'une poésie sans pareille. Ce livre est étrange, oui – mais il est surtout étrangement beau.



Un vrai chef-d'oeuvre, fort de sa singularité, mais plus encore de sa finesse et de sa grâce.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Sei Shonagon, une des plus grandes poétesses du Japon, égraine des images délicates en un inventaire à la Prévert... rédigé il y a un peu plus de mille ans.

Au fil de ces petites listes et réflexions, on perçoit la sophistication exacerbée de la cour Heian, à l'heure où le Japon commence à se détacher de la pensée traditionnelle chinoise pour créer sa propre identité culturelle.

A lire en duo avec le dit de Murasaki de Liza Dalby, qui raconte de façon très accessible la vie d'une autre grande poétesse de cette époque et permet de mieux comprendre toute la portée de ces Notes de chevet.
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1000 ans nous séparent de Sei Shônagon et ce n'est pas la moindre part de l'émotion qui me saisit toujours à la lecture de ces "notes de chevet" ; car l'intimité, la proximité, le charme sont intacts, et elle nous parle, encore et toujours, de nous, avec une justesse et une poésie extraordinaires...
Des "notes" qui devraient pour tous devenir un livre de chevet...

Sur mon blog, des choses que j'aime, à la manière de Sei Shônagon...
Lien : http://solasubnocte.blogspot..
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J'avais dernièrement lu un roman (jardin de printemps) que je n'avais guère apprécié, aussi me suis je décidé à vous présenter un authentique chef-d'oeuvre, dont beaucoup d'entre vous auront, sans doute, entendu parler.

Ce livre m'a initié à la littérature japonaise. Il m'a étreint le coeur, caressé l'âme, et j'ose espérer qu'il en sera de même pour ceux qui le découvriront. Il est souvent considéré, et à juste titre selon moi, comme un des sommets de la littérature mondiale.

Il y a près de mille ans, à l'époque Heian, le Japon vivait une époque de paix et de prospérité où l'on cultivait, chez les officiels, la littérature et la poésie. C'était une époque très particulière, où les généraux féroces et les administrateurs hauts placés se disputaient lors de concours de parfums ou de poèmes. À la cour de l'empereur vivait alors une jeune femme, dame de compagnie de l'impératrice, que l'on désignait par son clan, Sei, et par son rang, Shonagon, soit « conseiller d'État de rang inférieur ». Elle était issue d'une famille de lettrés, maitrisait la poésie chinoise classique et les différentes formes littéraires en usage à la cour. La légende (et Sei elle-même) raconte qu'un jour, elle croisa un conseiller qui portait une épaisse rame de papier précieux dont il ne savait que faire. Lui demandant ce qu'elle en ferait s'il la lui donnait, la jeune femme lui répondit qu'elle s'en ferait un oreiller où viendraient s'écrire ses rêves et ses pensées. C'est ainsi que commença la rédaction des « notes sur l'oreiller », autre dénomination de ce recueil. 

On trouve dans ce livre près de trois cents notes, poèmes, énumérations, selon la saison ou les préoccupations, les joies ou les peines de coeur de la jeune femme. Y sont détaillés les aubes et les crépuscules, les jeunes hommes de la cour, les amis et les amants, les jeux de la mode et de la séduction. On y apprend aussi quelques anecdotes, parfois féroces, sur la vie à la cour. Sei s'y donne souvent le beau rôle, même si l'on comprend, à demi-mot, que cette femme de caractère ne manquait ni d'admirateurs, ni de concurrentes, comme une autre géante de la littérature vivant au même endroit, dame Murasaki Shikibu, autrice du monumental « Dit du Gengi », dont je vous entretiendrai lorsque j'aurai six mois de libres pour le lire…

Ce qui surprend dans les notes sur l'oreiller, c'est, malgré la distance culturelle et temporelle, la fraicheur et la délicatesse parfois infinie de ce texte. Certaines pages pourraient avoir été écrites hier matin par une jeune fille sensible, à son réveil. Certes, certains termes méritent parfois d'être explicités, des notes de bas de page sont parfois indispensables, mais cela n'entrave pas la poésie de ces « zuihitsu » (écrits au fil du pinceau) qui se font course et concurrence sans qu'il n'existe de rapports entre eux. On passera ainsi sans transition aucune des « sujets de poésie » aux « fleurs des herbes » , des « sources chaudes » aux « choses que l'on entend parfois avec plus d'émotion qu'à l'ordinaire » et des « landes » aux « formules magiques », en passant par les « choses qui sont les plus belles du monde » et celles « qui sont à propos dans une maison ». 

Toutes ces notes, ces descriptions, ces listes poétiques, sont l'équivalent littéraire d'instantanés que l'on aurait photographiés à l'époque, de choses vues, de fragments de vie depuis longtemps disparus, mais qui nous émeuvent encore puissamment par leur riche pouvoir évocateur.

Ainsi débutent les notes de chevet : « Au printemps, c'est l'aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s'éclaire faiblement. Des nuages violacés s'allongent en minces trainées. En été, c'est la nuit. J'admire, naturellement, le clair de lune ; mais j'aime aussi l'obscurité où volent en se croisant les lucioles… »

J'ai la chance d'avoir découvert les notes de chevet dans une édition d'art publiée par Citadelles & Mazenod, richement illustrée d'oeuvres d'Hokusai. 

Pour toutes les versions françaises, la traduction, d'une qualité et d'une érudition qui a rendu, depuis 1966, toute réinterprétation superflue, est d'André Beaujard, un des deux piliers, avec René Sieffert, de la culture littéraire japonaise en France. Il existe toutefois des éditions bien moins onéreuses, et comme ce texte fondateur fait partie du domaine public, il est gratuitement disponible sous forme électronique.

Il n'existe donc aucune excuse pour échapper à cette délicate langueur, à cet exquis enchantement qui vous saisira si, comme moi, au bruissement des mots et des pages, vous vous retrouvez transporté dans un ailleurs résonnant du bruissement charmeur d'une voix féminine et lettrée vous contant ses souvenirs, ses goûts et ses rêves avec une maitrise qui vous étourdira et vous donnera à entendre, par delà une dizaine de siècles, ce que les Japonais nomment le chant du Yamato, « qui a pour racines le coeur de l'Homme et pour feuilles des milliers de paroles »…

Lien : https://litteraturedusoleill..
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Tantôt poétiques, tantôt vives, les remarques de Dame Shônagon émeuvent par leur simplicité et leur richesse... Subtils jeux de mots et paysages aux pinceaux habilent délicatement le récit et le parent d'or fin...
Jamais démarche n'a été plus délicate, jamais mot plus juste... tout l'art du Zoui Hitsou se dévoile au travers de pensées spontanées et délicatement posées sur papier par l'un des plus illustres écrivains féminin du Japon.
Un trésor nappé d'or blanc... Doux et fluide comme une simple feuille de papier sur laquelle s'évaporerait nos idées...
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Livre de réminiscences et d'impressions de Sei Shōnagon, dame de la cour japonaise du XIe siècle. On ne sait pas si le titre était générique et si elle l'a utilisé elle-même, mais d'autres journaux de la période Heian (794-1185) indiquent que de tels journaux peuvent avoir été tenus à la fois par des hommes et des femmes dans leurs dortoirs, d'où le nom.

Ses descriptions vivantes de la nature, sa fascination pour le spectacle royal et sa tendance aux commérages confèrent au texte une qualité intemporelle.

Son livre de réflexions se lit comme une étude de poésie, dans laquelle Shonagon sonde les profondeurs du monde qui l'entoure, son propre attachement spirituel à ce monde et les questions qui découlent de ces connexions critiques.
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C'est une année japonaise pour l'art en France, aussi je vous invite à partir dans ces contrées lointaines avec peintre et poète, vers un livre parmi les plus beaux livres de la littérature japonaise et qui date du XI ème siècle et illustré par le plus grand peintre japonais.
Sei Shônagon est poète et nous entrons dans son intimité de femme, une femme de la noblesse au service d'une impératrice. Avec son pinceau elle nous raconte la vie au palais de l'empereur, les cérémonies, la musique et les fêtes.
Elle n'oublie pas les famines, les guerres parmi les « choses » qu'elles nous offre.
Sa parole est très libre et tout l'émerveille : les fleurs, les étoiles, les animaux. Attentive aux situations qui font naitre en elle des émotions, des pensées, des sentiments.

Ses découvertes sont aussi les nôtres : lumière, senteurs, moments privilégiés, saynètes naturalistes d'un lever de soleil, de la rosée sur une fleur, le son d'une cloche au loin, le frissonnement des feuilles d'automne.

Toutes ses pensées, ses sensations nous sont la plupart du temps livrées sous forme de listes, l'art des listes est un art japonais.
Sont rassemblées par elle les plaisirs si minces et si importants, un parfum, une couleur qui nous poussent à regarder autrement, à sentir réellement et à nous approprier ces sensations.
Les merveilles de la nature : cascades et rivières, ponts et villages, fleurs des herbes.
Trois cent notes qui sont enfermées dans une boite de bambou « la boîte oreiller » qui seront autant de Notes de chevet

C'est Noël aussi je vous propose ce livre en deux versions : une qui pourrait être un cadeau inestimable à faire ou à se faire et une plus modeste dans sa présentation mais riche du même texte.
Le magnifique volume de Citadelles et Mazenod est illustré par Katsushika Hokusai
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Une snob à la cour du mikado? La dame Sei a la délicatesse et la distinction d'une femme de la haute aristocratie japonaise. « Shônagon », le titre de cour (troisième sous-secrétaire d'État), est le surnom dont est affublée la narratrice. Il évoque ses fonctions de dame d'honneur à la cour de l'impératrice Sadako, le rang social de sa famille, mais aussi sans doute ses propres prétentions. Chaque fois qu'elle s'éloigne de la cour par lassitude envers ses fonctions, ou à la suite de commérages sur son compte, elle n'omet jamais de rappeler que son absence crée un vide sidéral.
Arbitre des élégances et du bon goût, elle aime à commenter la somptuosité des costumes des courtisans, hommes ou femmes. Elle loue sans barguigner ses talents de poète, d'esthète et d'habile séductrice. Elle est sans pitié pour autrui dès lors qu'il se montre laid, mal habillé ou ridicule. Elle possède cet art du courtisan élevé au plus haut point : la capacité d'effacer une personne en soulignant d'un trait unique son ridicule ou sa gaucherie.
Faut-il pour cette cruauté d'aristocrate ignorer la douce nostalgie de certaines notes, la poésie de son regard devant un rameau de prunier ou la première neige ? Bien sûr que non. Mais l'essentiel des notes de chevet n'est pas, à mon sens, dans la culture d'un talent poétique, il est dans le regard lucide et détaché qu'elle porte sur son entourage. Bien sûr, elle s'amuse comme une enfant, feint l'admiration, loue à tour de bras, mais jamais elle n'est dupe de la solitude où la confine le devoir de courtisan. Elle parle de l'amante qui se retrouve seule quand son galant l'a quittée avant l'aube, elle évoque l'amertume de l'exil volontaire ou involontaire qui éloigne le favori de la cour, elle raconte l'aspiration à la vertu et à la piété qui martyrise une âme peu faite pour l'examen de conscience. Elle ignore sa souffrance car son rang et sa destinée ne l'ont pas préparée à se plaindre de son sort. Il ne me viendrait pas à l'esprit de comparer Sei Shônagon à Madame de Sévigné dont elle ne possède pas la rude endurance, mais plutôt à une Madame de Montespan qui place l'orgueil au sommet de sa condition, ce qui la rend, par le fait même, invivable. La maîtresse adorée, la princesse parfaite, l'impératrice Sadako est le châtiment de Sei sur terre. Jamais elle ne la dépassera et toujours elle lui sera soumise. La courtoisie et la révérence de Dame Sei envers sa maîtresse n'a d'égal que la perfidie de son venin quand elle laisse percer les tensions qui se tissent entre les deux femmes. Laquelle a besoin de l'autre, laquelle surpasse l'autre en beauté, laquelle tourne le mieux une poésie impromptue ? Sei nous répond, noblesse oblige, l'impératrice. Mais elle s'arrange pour nous faire comprendre que sa cage est trop petite pour contenir ses ailes. Elle prend donc son envol, de temps en temps, loin du palais et attend qu'on la supplie de retrouver sa place.
Sei n'a pas de réel intérêt pour les domestiques, les serviteurs, les enfants, les vieillards, les humbles. Son monde est trop étroitement structuré pour faire place à des acteurs secondaires. Elle les considère un instant quand ils participent au paysage ou à l'équilibre d'une cérémonie, mais elle ne s'en rapproche pas suffisamment pour les comprendre : elle connaît la solitude la plus parfaite, celle du déni des autres.
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