Citations sur Notes de chevet (31)
Le gouffre de Kashikofuchi [« le gouffre de la sagesse »]. Il est très amusant de se demander quel profond esprit on a pu lui trouver pour lui donner ce nom ! Le gouffre de Nairiso [« N'entre pas », en Kawachi]. À qui cet avis était-il destiné, par qui peut-il avoir été donné ?
[9. Gouffres]
Une lettre écrite sur du papier vert, très fin, fixée à un rameau de saule couvert de bourgeons.
[45. Choses qui ont une grâce raffinée]
comment ai-je pu,
sans vous, passer
le temps écoulé?
Ah! ces deux jours d'hier et d'aujourd'hui,
que j'ai vécu dans l'inquiétude.
quand dans le ciel glacé
la neige s'éparpille,
imitant les fleurs.
Au printemps, c’est l’aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s’éclaire faiblement. Des nuages violacés s’allongent en minces traînées. En été, c’est la nuit. J’admire, naturellement, le clair de lune ; mais j’aime aussi l’obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même s’il pleut, la nuit d’été me charme. En automne, c’est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons et s’approche de la crête des montagnes. Alors, les corbeaux s’en vont dormir ; et en les voyant passer, par trois, par quatre, par deux, on se sent délicieusement triste. »
— Début dans la traduction de M. André Beaujard (« Notes de chevet », éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris)
Il est émouvant de voir, lorsque le soleil du couchant étend ses rayons tout près de la ligne de crête des monts, les corneilles s'en retournant au nid, par trois et par quatre, par deux et par trois. C'est encore plus charmant quant on aperçoit, minuscule, un vol d'oies sauvages. Puis lorsque le jour a totalement disparu, on entend le bruit du vent, le chant des insectes, et tout cela est fort émouvant.
J'aurais désiré que cette splendeur durât mille années.
18. Choses qui font battre le cœur
Des moineaux qui nourrissent leurs petits. Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants. Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens. S'apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni. Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du cœur. Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison.
Lorsqu'on a cueilli une longue branche de cerisier, gracieusement fleurie, et qu'on l'a mise dans un
grand vase à fleurs, c'est vraiment délicieux, surtout s'il se trouve là quelque visiteur en manteau de cour,
couleur de cerisier, dont les manches laissent voir le vêtement de dessous ; ou même l'un des jeunes
seigneurs, frères aînés de l'Impératrice. On s'assied alors tout près de ce vase fleuri, on cause de toutes
choses. C'est très agréable ; et c'est encore plus charmant si, alentour, vient voler quelque oiseau ou
quelque papillon aux couleurs éclatantes.
Au printemps, c'est l'aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s'éclaire
faiblement. Des nuages violacés s'allongent en minces traînées. En été, c'est la nuit. J'admire,
naturellement, le clair de lune ; mais j'aime aussi l'obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même
s'il pleut, la nuit d'été me charme. En automne, c'est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons
et s'approche de la crête des montagnes