AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Je vous écris dans le noir de Jean-Luc Seigle….un vrai cataclysme émotionnel que je viens de terminer avec un grand bouleversement….Un auteur que j'ai découvert en 2014, après deux premiers textes de lui, dévorés : « En vieillissant les hommes pleurent » et « le cheval Péguy »…

La citation choisie en exergue de Jankelevitch dit l'essentiel de ce roman extraordinaire , inspiré d'un fait divers survenu en 1961, en France
« Car la vie de quelqu'un, même la plus humble, est un déroulement inédit et original d'une suite d'expériences unique en son genre. le témoin ne peut donc juger qu'à la condition de rester témoin jusqu'au bout. Qui sait si la dernière minute ne viendra pas d'un seul coup dévaluer une vie apparemment honorable ou réhabiliter au contraire une vie exécrable. » [ p.10, »La mort »]

Il s'agit de Pauline Dubuisson, étudiante en médecine, tuant son ex-fiancé Félix Bailly, "elle est jetée en prison au lieu d'obtenir son diplôme de médecin. Elle passe trois ans plus tard, en 1953, devant les Assises de Paris. Pauline devient la seule femme contre laquelle le Ministère public, c'est-à-dire la société française, requiert la peine de mort pour un crime passionnel sans que cela n'émeuve personne à l'époque, pas même Simone de Beauvoir, qui pourtant aurait trouvé un bel exemple de vie de femme saccagée par les hommes. (avant-propos, p. 11)
Jean-Luc Seigle s'est immergé, identifié dans ce destin féminin fort noir et injuste, en choisissant de raconter le parcours violent de cette femme à la première personne…
« je crois qu'on ne peut mourir que d'être désaimée. Et ça, ce n'est pas mourir d'amour, c'est même l'inverse » (p.38)

Ce texte m'a bouleversée… après deux autres coups de coeur précédents, du même écrivain. En dépit de la variété des thématiques le style est toujours aussi fluide et poétique…. Les mots de Jean-Luc Seigle touchent directement au coeur… Et au fil du roman, on se demande comment un tel acharnement s'est fait à l'encontre d'une seule jeune femme, sacrifiée sur l'autel de la famille, par un père , avec qui Pauline entretenait une relation fusionnelle, et qui lui manifestait une vénération absolue .

Ce qui m'intrigue toujours infiniment c'est la difficulté plus grande de parler des textes qui nous ont chaviré, tant les mots qui nous viennent paraissent fades en comparaison de l'intensité des émotions ressentis à la lecture de ces textes qui ne nous laissent pas indemnes ?!!

C'est le cas présent avec cet écrit de Jean-Luc Seigle. En sus du talent de cet écrivain : poésie, justesse et musique des mots, une dimension bien plus grande se dégage de ses textes (du moins des trois que j'ai dévorés), celle d'une exigence de comprendre, de défendre les mal-aimés, les mal- compris, les oubliés (dont faisait partie , Charles Péguy…).

La beauté des univers de Jean-Luc Seigle s'accompagne d'une compassion incomparable et communicative…Inutile de dire que je m'active pour dénicher les deux autres ouvrages plus anciens et épuisés qu'il me reste à découvrir : « La Nuit dépeuplée » (2001) et « le sacre de l'enfant mort » (2004)

Je ne suis pas très satisfaite de cette chronique … je la trouve , au vu du ressenti incroyable de cette lecture, bien trop pâlotte !!! Je me résigne toutefois à la déposer, en espérant l'améliorer ultérieurement….

Un très bel écrit qui rétablit , ou tente de rendre un minimum de compassion et de justice à une très jeune femme, dont le début de sa vie de femme fut brisée, massacrée par un système, ou du moins une période de l'histoire peu reluisante… où les « Père et Mère La morale »… se levaient avec beaucoup d'intansigeance et de zèle…sans avoir l'idée basique de regarder et « de balayer » devant leur porte !

Il ne m'a jamais été aussi frappant , à la lecture d'une histoire, de constater que les criminels ne sont pas toujours ceux que l'on croit, et que les « bien-pensants » , « les trop-bien-pensants » font des dégâts et agissent avec une cruauté , parfois indescriptibles et innommables… Une immense reconnaissance à l'auteur pour cette lecture qui m'a laissée à la fois émerveillée, et totalement bouleversée …Les deux ne sont pas incompatibles…Vous verrez ?!!

Soazic Boucard- Tous droits réservés- 21 janvier 2015
Commenter  J’apprécie          12416



Ont apprécié cette critique (104)voir plus




{* *}