Monde sans oiseaux

J’aime le romantisme, je suis romantique, je rêve de sentiments terribles et brûlants qui me ravagent.

La vie est ronde. On se regarde, face à face, tellement près. On se connaît par cœur, on se redécouvre sans arrêt.

On ne sait pas la dernière fois qu'on voit des gens qu'on aime, que ce sera la dernière fois.

Jeff sent la terre, la tige de tomates, le vert, et il m'embrasse, moi qui sens la ville, la poussière et le gasoil du bac.

La vie est cyclique. La barbe pousse sur les joues de Jeff qui la rase, elle repousse. Il la rase, elle repousse; L'armée de poils perce la peau du menton et les joues de Jeff, me pique les lèvres quand je l'embrasse et m'embrasse. La vie est ronde. On se regarde, face à face, tellement près. On se connaît par coeur, on se redécouvre sans arrêt.

Jour après jour, j'observe la migration secrète des choses.

Il paraît que nous sommes une sorte de réserve : derrière les montagnes qui rapetissent, une vie urbaine âpre et polluée ferait rage tandis que nous, pêcheurs traditionnels, éleveurs de cochons mutants, nous vivrions dans le passé.

La douleur est peut-être un organisme vivant, invisible, mais réel, qui habite à l'intérieur de notre corps.

Je suis de nouveau enceinte. Celui-là, dans la tête, en secret, je l'appelle KNUT : ça veut dire "NOEUD" en langue ancienne. Je l'attache par son nom au plus profond de moi, pour qu'il ne tombe pas.

Le soleil est encore si pâle, comment croire que c'est lui qui fait fondre l'hiver ?