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Je sors de ce roman rapidement lu assez déçue. Pourtant, ça s'annonçait très bien. Inhabituellement, les remerciements de l'auteur se trouvent au début du texte et Benoît Séverac leur fait jouer ici un rôle accrocheur très efficace pour moi qui ne lis plus les quatrièmes de couverture des romans policiers : j'y trouve trop souvent des révélations bien malvenues qui me gâchent le plaisir de la découverte ! le prologue nous plonge dans une situation que l'on devine précéder de peu le dénouement. Au poste de police, Matthieu Fabas vient de se décider à appeler son avocat, et tous s'attendent à ce qu'il avoue le meurtre de son père. Ces quatre pages et demie suffisent à présenter Matthieu et son bourreau de père, ainsi que les trois policiers qui travailleront sur l'affaire : Jean-Pierre Cérisol, empathique, intègre, accro au sucre et plus particulièrement à la confiture ; Grospierre, presque un intrus dans la police avec son doctorat en anthropologie et la naïveté dont il fait encore preuve ; Nicodémo, le doyen, un peu jaloux de la complicité qu'ont développée ses deux collègues. Nous nous retrouverons au même endroit, à ce même point de l'intrigue au chapitre 33.
***
C'est par la forme que Tuer le fils présente un certain intérêt plutôt que par l'intrigue… Deux narrateurs alternent : l'un à la troisième personne nous raconte l'histoire de Matthieu Fabas, et l'autre, Matthieu Fabas lui-même, pendant sa détention, écrit son journal à la première personne. Il a commencé cet exercice avant le début d'un atelier d'écriture organisé au centre de détention de Poissy qu'un écrivain vient animer régulièrement. Dans le journal de Matthieu, on distingue deux parties différentes : une partie en italique dont le lecteur comprendra vite qu'il s'agit de la partie lue à voix haute pendant l'atelier, ou divulguée seulement à l'animateur, et l'autre partie destinée à lui-même, mais dont prendront finalement connaissance Cerisol et les autres policiers travaillant sur cette affaire. le cheminement psychologique de Matthieu, son amertume, sa rancoeur envers son père, l'amour qu'il lui porte malgré tout, ses pathétiques efforts pour attirer l'attention de ce père rancunier, leur abyssale différence de perception de la vie, tous ces éléments remplissent de surprises la lecture du journal. J'ai pourtant été dérangée par les fréquentes félicitations de diverses provenances sur les qualités d'écriture du journal de Matthieu : elles ressemblent parfois à de l'autocongratulation… Dérangée aussi par le ridicule personnage de l'écrivain qui se met en survêtement pour arriver à écrire à la manière d'un personnage « d'extraction très populaire », « un peu façon actors studio, si vous voyez ce que je veux dire » (pages 189 et 190). Deuxième degré de la part de l'auteur, évidemment, mais il y a là une condescendance qui me dérange. Et page 193, j'étais sûre d'avoir deviné juste. Dommage, d'autant que la fin est vraiment alambiquée !
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Qui a tué Patrick Fabas ? Pourquoi tous les éléments accusent son fils tout juste sorti de prison ?
Pour une première lecture de polar, je suis sacrément surpris et conquis. L'intrigue est brillamment menée, servie par une touche d'humour et une noirceur toute délicate où flotte un parfum de douce mélancolie. Suivre l'enquête aux côtés de l'équipe de la Crime chargée de l'affaire, emporte le lecteur dans une réflexion profondément humaniste sur les liens père-fils sans aucun jugement ou parti pris. le récit est efficace, simple sans être simpliste, et traversé d'un inexplicable souffle tranquille. L'auteur rend aussi un poignant hommage à ses enquêteurs,désabusés et désenchantés mais encore une fois terriblement humain.
Une belle découverte , un bon moment de lecture.
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En prologue : le jeune Matthieu Fabas est entendu par la police, soupçonné de meurtre. Il vient de demander l'assistance d'un avocat, ce qu'il avait jusqu'alors refusé. Les sentiments du commandant Cérisol sont partagés, entre l'exultation d'obtenir des aveux qu'il croit imminents et la pitié qu'il ressent pour le jeune homme.

Ensuite, nous découvrons rapidement que Fabas n'est pas inconnu des services de police.
Cela suffit-il à en faire un coupable ?

Nous faisons progressivement connaissance avec ce jeune homme dont la vie est peu enviable, ainsi qu'avec une équipe d'enquêteurs plutôt sympathique.
Ces personnages sont humains et crédibles, ils ne sont ni des monstres - pas même le suspect - ni des héros - même si ces policiers consacrent beaucoup d'énergie à leur travail.
L'ambiance m'a beaucoup plu.

De cet auteur j'avais déjà pu apprécier le roman « Silence » destiné à de jeunes lecteurs, et celui-ci ne m'a pas déçu.

Ce livre figurera certainement en bonne place parmi mes choix dans le challenge en cours « Prix Roman Cezam ».
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D'habitude, c'est le père qu'il faut tuer, pas le fils…

Et parlons-en, du père à Matthieu Fabras : un facho de la pire espèce, un intolérant aux peaux basanées, aux homos, aux étrangers… Pour lui, le RN est trop mou et la France doit être aux français.

Intolérant à son fils aussi qu'il ne trouve pas assez viril, trop lopette… Pourquoi ? Si son gamin était un cheval, on dirait qu'il est pif, mais la science médicale utilise un terme plus long et complexe pour désigner cette petite emmerde qui ne touche que les mecs. Ou les chevaux mâles.

Pour prouver à son paternel qu'il n'était pas une chiffe molle et pour tenter de recevoir son amour, son adoubement, un signe de gentillesse, Matthieu a massacré un homosexuel et l'a tué. Direct au zonzon, le gamin et même pas un regard affectueux du paternel.

Vous comprenez que lorsque Patrick Fabas meurt, c'est un grand soulagement pour le lecteur. Maintenant, la question que l'on se pose, c'est : est-ce que son fils lui a réglé son compte le lendemain de sa sortie de prison ??

Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est avant tout sa construction : un récit dans le roman et une histoire qui commence à l'envers puisqu'on est directement avec Matthieu arrêté pour meurtre.

Cette construction permet à l'auteur de nous présenter sa palette de personnages, assez typés. Les inspecteurs de police sont atypiques, leur chef étant addict à la confiture (on ne me l'avait jamais faite, celle-là) et marié à une non-voyante. C'était appréciable qu'on sorte du carcan de flics alcoolos bourrés de problèmes horribles.

Matthieu est un personnage abîmé, qui n'a jamais su quoi faire pour plaire à son père, pour qu'il l'aime, pour qu'il s'intéresse à lui. Il est des hommes qui ne devraient jamais devenir père ou alors, faudrait qu'ils évitent de passer leur frustration sur leurs gosses.

Bizarrement, la scène la plus marquante, celle qui m'a fait dresser les poils sur les bras, c'est celle de Matthieu au stade de France pour le concert de Johnny. On ne me refera pas.

Ce roman sombre explore les secrets de famille, les non-dits, les tares con-génitales (oui, en deux mots) reportées sur d'autres, les racistes, les fachos, les xénophobes, les bas-de-plafonds, la douleur d'un fils face à un père qui le hait et l'univers de la prison où Matthieu découvrira l'écriture avec l'atelier qu'un auteur viendra faire.

Une enquête pas commune, avec des flics désabusés, cyniques, avec leurs problèmes personnels (mais toujours terre-à-terre) et si le lecteur est attentif, il comprendra assez vite si Matthieu est coupable ou pas. Sans que ça gâche la résolution !

Un roman sombre mais réaliste, non dénué d'humanité.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ma plus belle découverte en polar français en 2021 parce que Tuer le fils ce n'est pas qu'un simple polar. La grande force de ce roman noir réside dans le traitement des personnages atypiques, humains, et de leurs failles les plus intimes. C'est impossible de ne pas se laisser séduire et emporter par la finesse psychologique dévoilée au fil des pages, le mélange de la noirceur, des différentes intrigues, le rythme du thriller en font une nuance différente, une autre voix parmi toutes celles de la littérature noire actuelle. Un livre à offrir pour tous les amoureux de romans noirs ♥️
Lien : https://encoreunlivre.com/20..
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Lectrice assidue des romans de Benoit Séverac, j'ai trouvé dernier opus d'une belle facture avec une trame psychologique qui tient le lecteur en haleine de bout en bout du récit.
Á peine sorti de prison où il purgeait un crime odieux, Matthieu Fabas est soupçonné du meurtre de son père. Cérisol, l'enquêteur du SRPJ, tente de comprendre ce qui a pu amener un fils à tuer son père et maquiller son crime en suicide. Entre ces deux-là ce n'était pas l'entente cordiale, plutôt l'humiliation et la haine du père pour ce fils, une « tarlouze » pas capable de se comporter en vrai mec. Orphelin de mère, le jeune garçon a vécu l'enfer sous la coupe de ce père méprisant fasciné par l'idéologie nazie et passionné de grosses motos.
En parallèle de l'enquête, au déroulement implacable, l'auteur nous entraine dans les secrets d'une relation père-fils toxique et on se prend de pitié pour cet enfant rejeté. Comment grandit-on dans l'ombre d'un père viril qui ne veut pas de votre amour, d'un macho violent qui n'a de cesse de vous humilier ? C'est cette histoire là que nous raconte benoit Séverac tout au long d'une enquête où les flics se prennent les pieds dans l'ambivalence de leurs sentiments.
le portrait du fils, ses rapports au père se construisent peu à peu et nous sont dévoilés par le truchement de ses cahiers noircis lors des ateliers d'écritures qu'il a suivi pendant son incarcération. J'ai aimé cette façon détournée et peu banale de faire entrer le lecteur dans l'intimité de Matthieu. Sa détresse est palpable et nous émeut. Hélas ! Les résultats de l'autopsie ne plaident pas pour l'innocence du fils.
Pour avoir suivi des ateliers d'écriture, j'ai apprécié l'incursion dans ce milieu et le rapport de l'écrivain avec le débutant.
Les personnages ont une réelle consistance, ils nous font palpiter et une complicité se crée entre eux et le lecteur. Cérisol est un flic dont les petites manies nous font sourire comme ce goût immodéré pour la confiture ou cette passion pour les chansons de Fréhel, Piaf ou Damia. Même les personnages secondaires sont attachants, particulièrement Sylvia, sportive accomplie malgré sa cécité, et dont la force de caractère n'a d'égale que sa grande humanité.
Le dénouement, bien sûr, est attendu mais ce n'est pas dans le noeud de l'intrigue que réside l'intérêt du roman mais bien dans le rapport entre un père et son fils. Il questionne aussi toutes les paternités, qu'elles soient naissantes ou non accomplies.
Des personnages qu'on n'oublie pas dans un roman noir fort, sensible et vibrant à l'écriture subtile et bien dialoguée comme je les aime.
Je remercie les Explorateurs du Polar de Lecteurs.com et les éditions La Manufacture de livres pour cette belle lecture.
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Chroniques de Flingueuses : Les lectures de Miss Aline pour Collectif Polar
Dans la famille Fabas je demande :
– le fils Matthieu. Libre après avoir purgé sa peine… 13 ans pour meurtre homophobe.
– le père. Mort. Assassiné au lendemain de la libération de son fils.
Une victime, un coupable. Pas d'aveux.
Un atelier d'écriture. Une délivrance par écrit ou plutôt une relation père-fils décortiquée, analysée.
La lecture se partage entre extrait du carnet d'écriture de Matthieu et l'enquête en cours.
L'auteur nous offre un coupable trop évident, un mobile tout aussi évident. Chapitres courts, rebondissements, une garde à vue comme ci on y était.. Il tient parfaitement son intrigue et donc mon attention.
Tuer le fils est un roman humain. Les protagonistes ont tous une vie. Ils sont à dimensions humaines. Ils ont aussi leurs problèmes qu'ils gèrent avec plus ou moins de brio.
Un coupable peut en cacher un autre… ne vous laissez avoir. Fouillez, cogitez. Même si elle n'est pas loin, la vérité n'est pas toujours celle à laquelle on pense.
Bonne lecture.
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Des aboiements de chiens, une sale odeur et, un couple de voisins appelle le 17 !
Le commandant Jean-Pierre Cérisol de la SRPJ de Versailles arrive avec ses hommes .
Cérisol a la cinquantaine, il est accro aux confitures et aux chansons populaires françaises, il a épousé une kiné, sportive mais aveugle qui ne veut pas transmettre sa dégénérescence et, donc lui refuse toute paternité.
José Nicodemo est d'origine portugaise , catho pratiquant, déprimé et bientôt à la retraite.
Grospierre est super diplômé et pratique de nombreux sports .
Patrick Fabas est retrouvé mort avec une corde au cou : s'agit-il d'un suicide ou d'un meurtre ?
C'était un homme passionné de motos avec des sympathies néo nazies qu'il partageait avec sa bande de motards : un milieu viril qui faisait volontiers des affaires avec le clan des Albanais.
Cérisol apprend que son fils unique Matthieu vient de sortir de prison pour l'assassinat d'un homosexuel, et qu'il en a pris pour 15 ans ! Dans le centre de détention de Passy il a suivi avec assiduité l'atelier d'écriture d'un écrivain en mal d'inspiration : Cyril Botin.
C'est le coupable idéal, car au cours de ces séances d'écriture , il a compilé un roman fiction ou Cérisol et ses équipiers vont découvrir la description parfaite du crime qui vient d'être commis !
Matthieu a souffert d'être méprisé , insulté par son père et pour attirer son attention, son amour : il était allé jusqu'à tuer cet homo !
Ce polar a déja un titre inversé " tuer le fils" alors que le complexe " oedipien " habituel propose le fait de" tuer le père" ! Matthieu a t'il voulu se venger de toutes les souffrances psychologiques infligées par son père ? Dans ce polar , Benoit Séverac se sert des écrits du fils et, donc des preuves (non vérifiées ) des 3 flics pour nous présenter dans une ambiance noire mais touchante la tragédie, le drame de l'amour filial poussé à son paroxysme !
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Mathieu Fabas a tué pour prouver à son père qu'il était un « vrai » homme, contrairement à ce que celui-ci lui rabachait quand il était petit. Treize ans plus tard, Mathieu s'apprête à sortir. le problème : son père, Patrick, se fait assassiner chez lui, le lendemain de la libération de son fils. Il s'agirait d'un meurtre déguisé en suicide. L'affaire paraît simple sur le papier.
Mais à mesure que l'enquête avance, Cérisol et ses 2 collègues, Nicodemo et Grospierres du SRPJ de Versailles, vont découvrir plusieurs vices chez Patrick : des opinions politiques pas très louables, des dettes, une maladie. Et puis surtout, Cérisol va lire les carnets de Mathieu lorsqu'il était en prison, notamment le déroulement des ateliers d'écriture et cela va éclairer les enquêteurs sur la relation entre le père et le fils.

J'ai bien aimé ce roman, plutôt original par la forme et j'ai trouvé les personnages, surtout Mathieu et Grospierres, sympathiques. En revanche, j'avais deviné le meurtrier bien avant la fin, ce qui est assez rare chez moi.
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Ce pourrait être la chronique d'une erreur judiciaire si Matthieu n'avait pas réellement tué « gratuitement ». le lecteur immergé dans une relation filiale trouble se doute que cette fois Matthieu n'est pas passé à l'acte. Toute sa vie il a cherché la reconnaissance de ce père déficient et cruel. Il a réussi à poser les mots sur son mal grâce à un atelier d'écriture qui a révélé sa plume pendant son incarcération. Même si les circonstances plaident contre lui, nous avons peine à croire en sa culpabilité. Très touchant que le parcours de cet homme qui se fait flouer de partout.
Très touchants également les liens qui unissent le flic, Cérisol et Sylvia, sa compagne, aveugle et athlète de haut niveau, qui nous font aborder le thème du handicap, de la différence et les réactions disproportionnées que nous pouvons avoir face à ceux qui ont une bien plus grande force morale que nous.
L'auteur nous alerte aussi sur les déviances extrémistes des nouveaux nazillons, sans les banaliser.
J'ai beaucoup aimé ce roman, polar et psychologique, pudique et pédagogique à la fois, qui égratigne au passage les profiteurs de notre société. Inspiré de son expérience d'atelier d'écriture en milieu carcéral, Benoît Séverac délivre un message d'espoir en fin de compte : même si le chemin est rude et entaché d'hémoglobine, la résilience existe.
Depuis la publication de ce roman, Benoit Séverac a profité d'une résidence d'auteur chez les Amérindiens pour élargir son horizon … Skiatook Lake sera prochainement dans ma PAL assurément !

Lien : https://collectifpolar.wordp..
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