D'habitude, c'est le père qu'il faut tuer, pas le fils…
Et parlons-en, du père à Matthieu Fabras : un facho de la pire espèce, un intolérant aux peaux basanées, aux homos, aux étrangers… Pour lui, le RN est trop mou et la France doit être aux français.
Intolérant à son fils aussi qu'il ne trouve pas assez viril, trop lopette… Pourquoi ? Si son gamin était un cheval, on dirait qu'il est pif, mais la science médicale utilise un terme plus long et complexe pour désigner cette petite emmerde qui ne touche que les mecs. Ou les chevaux mâles.
Pour prouver à son paternel qu'il n'était pas une chiffe molle et pour tenter de recevoir son amour, son adoubement, un signe de gentillesse, Matthieu a massacré un homosexuel et l'a tué. Direct au zonzon, le gamin et même pas un regard affectueux du paternel.
Vous comprenez que lorsque Patrick Fabas meurt, c'est un grand soulagement pour le lecteur. Maintenant, la question que l'on se pose, c'est : est-ce que son fils lui a réglé son compte le lendemain de sa sortie de prison ??
Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est avant tout sa construction : un récit dans le roman et une histoire qui commence à l'envers puisqu'on est directement avec Matthieu arrêté pour meurtre.
Cette construction permet à l'auteur de nous présenter sa palette de personnages, assez typés. Les inspecteurs de police sont atypiques, leur chef étant addict à la confiture (on ne me l'avait jamais faite, celle-là) et marié à une non-voyante. C'était appréciable qu'on sorte du carcan de flics alcoolos bourrés de problèmes horribles.
Matthieu est un personnage abîmé, qui n'a jamais su quoi faire pour plaire à son père, pour qu'il l'aime, pour qu'il s'intéresse à lui. Il est des hommes qui ne devraient jamais devenir père ou alors, faudrait qu'ils évitent de passer leur frustration sur leurs gosses.
Bizarrement, la scène la plus marquante, celle qui m'a fait dresser les poils sur les bras, c'est celle de Matthieu au stade de France pour le concert de Johnny. On ne me refera pas.
Ce roman sombre explore les secrets de famille, les non-dits, les tares con-génitales (oui, en deux mots) reportées sur d'autres, les racistes, les fachos, les xénophobes, les bas-de-plafonds, la douleur d'un fils face à un père qui le hait et l'univers de la prison où Matthieu découvrira l'écriture avec l'atelier qu'un auteur viendra faire.
Une enquête pas commune, avec des flics désabusés, cyniques, avec leurs problèmes personnels (mais toujours terre-à-terre) et si le lecteur est attentif, il comprendra assez vite si Matthieu est coupable ou pas. Sans que ça gâche la résolution !
Un roman sombre mais réaliste, non dénué d'humanité.
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