— As-tu peur en ce moment ?
— Oui.
Lévi fut surpris de ressentir autant de tristesse devant cet aveu.
— Tu as peur de moi ?
— Oui, dit Jaime. Et non. J’ai peur d’être ici. De te parler. D’essayer d’avoir un ami. D’être seul. J’ai peur tout le temps. Chaque jour. Ça ne part jamais. J’ai peur quand je vais me coucher le soir. J’ai peur quand je me lève le matin et que je dois faire face à une nouvelle journée. J’ai peur à chaque fois que je quitte ma maison. J’ai peur des gens. Je ne peux pas les regarder. Je ne peux pas les laisser me toucher. J’ai peur qu’ils me regardent et qu’ils sachent.
— Qu’ils sachent quoi ?
— Que je suis tout cassé.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu n’es pas cassé ! Tu es intelligent et tu as un chouette métier...
— Ce ne sont que des mensonges, Lévi. C’est juste pour faire semblant. Ils vont me regarder et ils sauront. Ils sauront que j’ai peur. Que je suis un faible.
Il s’arrêta et secoua la tête.
— Tu sauras que je suis un faible.
— Jaime…
— Et il ne faut pas que les gens sachent. Parce que quand ils savent, ils peuvent faire n’importe quoi. Une fois que les gens connaissent tes faiblesses, il n’y a rien qui les empêche de te faire du mal.
Les avances de Lévi avaient déclenché quelque chose qu'il avait écrasé et ignoré de son mieux : son désir.
Il l'aimait tellement que parfois il avait l'impression de devenir fou. C'était tellement difficile à croire que son coeur puisse continuer à battre, minute après minute , jour après jour, alors qu'il se sentait si distordu et fragile dans sa poitrine . Et il ne pouvait qu'espérer que chaque battement le rapproche du moment où il pourrait enfin être avec lui.
- J'ai appris, au cours de ces derniers mois, que la peur n'était pas une raison suffisante pour ne pas avancer, lui répondit Jaime en souriant.
- Quand je rentrerai à la maison, dit-il, j'espère que tu y seras toi aussi.
La vérité, c'est qu'il aimait être avec lui, même si la plupart du temps, ils ne faisaient que regarder la télé.
Il n'avait jamais ressenti ça : donner du plaisir à quelqu'un et en retirer autant de satisfaction rien qu'en entendant les halètements et les gémissements incessants de son partenaire. Il ne lui était jamais venu à l'idée que donner puisse être aussi gratifiant que de recevoir.
— Tu as peur de moi ?
— Oui, dit Jaime. Et non. J’ai peur d’être ici. De te parler. D’essayer d’avoir un ami. D’être seul. J’ai peur tout le temps. Chaque jour. Ça ne part jamais. J’ai peur quand je vais me coucher le soir. J’ai peur quand je me lève le matin et que je dois faire face à une nouvelle journée. J’ai peur à chaque fois que je quitte ma maison. J’ai peur des gens. Je ne peux pas les regarder. Je ne peux pas les laisser me toucher. J’ai peur qu’ils me regardent et qu’ils sachent.
— Qu’ils sachent quoi ?
— Que je suis tout cassé.