Pourquoi est-elle venue ici ? Pour presque rien. Pour croiser dans l’air, sous les feuilles, quelques microparticules que Buster Keaton avait lui aussi croisées. Un grain de poussière qui aurait touché sa main ou ses chaussures. Elle déplie les doigts pour attraper le grain de poussière. Elle est contente d’être venue. Elle se souviendra des deux écureuils et du monsieur dans son transat.
On se tue à faire de beaux films, tout ça pour que les gens restent chez eux à regarder des crétins faire les andouilles sur un écran minuscule.
C'est un portrait en noir et blanc. Un garçon brun, souriant, en T-shirt rayé, les mains sur les hanches, regarde droit dans l'objectif. Il a de grands yeux sombres, des traits réguliers. Son visage reflète un mélange de douceur et de détermination, et il y a quelque chose de légèrement frondeur dans son regard et son attitude. On ne sait quel âge lui donner, douze ans? dix-sept ans? Ses traits sont encore enfantins, son expression presque celle d'un adulte.
Les légendes servent à mettre en valeur la vérité en dégageant l'essentiel du tissu parfois peu lisible de l'existence. P64
Lorsqu'il ne trouve pas sa deuxième chaussette, il s'écrie : "Mille milliards de mille sabords!" ou "Saperlipopette !" Chaque fois qu'il s'assoit dans le canapé, il soupire : "La terre est basse !" Il est vrai qu'il met au moins autant de temps que son grand-père à s’asseoir.
Mais ce jour-là, son père est mort, et c'est cette nouvelle que ma mère est venue lui annoncer. Les mots ont traversé la chambre. Henri a légèrement sursauté.
- Hé bien, dit-il, je n'aimerais pas être à sa place.
De Keaton il disait : "C'est drôle, on dirait qu'il n'a pas d'ego."
Quand il pédalait dans le jardin, il s'inventait déjà des feux rouges et des stops, mais au lieu de tendre le bras, il clignait de l’œil, car il trouvait cela plus proche d'un vrai clignotant.
Il y a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout... tandis que d'autres ne font que traverser la vie.
Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? tes yeux ne pleurent jamais. La tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ?