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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une très belle critique de la démocratie comme encourageant l'hypocrisie, la lâcheté et la molesse. Coriolan est une pièce de théâtre philosophique très actuelle qui dénonce la démagogie et occupe par là même une place particulière dans les écrits de Shakespeare. Un véritable chef d'oeuvre.
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Un contexte politique troublé. La dernière tragédie de Shakespeare se situe au Vème siècle avant JC dans une Rome au climat politique troublé mettant en scène une opposition d'intérêts irréductibles entre les nobles patriciens et les plébéiens.



La scène première s'ouvre ainsi sur un mouvement de révolte du peuple qui, tiraillé par la faim, cherche son dû auprès de la classe possédante :

« La maigreur qui nous défigure, le tableau de notre misère, sont comme un inventaire qui détaille leur abondance. Notre souffrance est un gain pour eux. Vengeons-nous avec nos piques avant que nous soyons devenus des squelettes, car les dieux savent que ce qui me fait parler ainsi, c'est la faim du pain et non la soif de la vengeance.» (acte I, scène 1)


C'est ainsi que la classe dominante ne tarde pas à prendre en compte cette population menaçante avec notamment un gage donné à la plèbe : cette dernière s'est vue allouée quelques représentants (des tribuns) en charge de la défense de ses intérêts.


Il reste que du point de vue des patriciens, la plèbe n'est pas à même d'agir dans l'intérêt général de la cité. La tirade du sage Ménénius -qui cherche pourtant les compromis dans cette époque complexe- est assez éclairante à ce sujet.

Il utilise pour se faire comprendre la métaphore du corps pour justifier la prédominance des patriciens : ces derniers forment le ventre qui stocke la nourriture alors que le peuple prend la forme des membres qui se mutinent devant l'injustice de la situation.

S'instaure donc un conflit entre les différentes parties du même corps. le ventre justifie sa prépondérance ainsi :

«Il est vrai, mes amis, vous qui faites partie du corps, dit-il, que je reçois d'abord toute la nourriture qui vous fait vivre, et cela est juste, car je suis l'entrepôt et le magasin du corps entier. Mais si vous y réfléchissez, je renvoie tout par les fleuves de votre sang jusqu'au coeur qui est la cour de l'âme, et jusqu'à la résidence du cerveau : car les canaux qui serpentent dans l'homme, les nerfs les plus forts, les veines les plus petites, reçoivent de moi cette nourriture suffisante qui entretient leur vie, et quoique vous tous à la fois, mes bons amis (….) Quoique vous ne puissiez pas voir tout de suite ce que je distribue à chacun en particulier, je peux bien, pour résultat du compte que je vous rends, conclure que vous recevez de moi la farine la plus pure, et qu'il ne me reste à moi que le son. » (acte I, scène 1)



Cette justification toute théorique n'emporte par une folle adhésion de la foule qui préfère concentrer toute sa hargne à l'égard d'un digne représentant de la classe dominante abhorrée, Caius Martius, héros triomphant et aussi orgueilleux. Trop du point de vue de la plèbe...
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Coriolan c'est le héros adulé, puis déchu et honni par ceux-là même qu'il a sauvé.

Caius Martius est un patricien dans la République de Rome alors en proie à la famine et à la misère. C'est dans ces circonstances qu'on lui reproche une trop grande arrogance vis-à-vis de la plèbe de Rome, et qu'il déserte les lieux. Pendant ce temps, l'armée ennemie, les Volsques, marche sur Rome, pour défaire Caius Martius et s'emparer de la ville. Mais Caius Martius met en déroute l'armée Volsque et met à genoux leur cité de Corioles, c'est là qu'il gagne ce surnom de Coriolan et rejoint Rome auréolé de la gloire du vainqueur, et se présente pour devenir Consul. Cette élection est l'occasion de débats violents, de confrontations entre patriciens et plèbe, et certains tribuns craignant l'abus de pouvoir par Coriolan, réussissent à faire échec à son élection de Consul, ce qui met Coriolan dans une grande colère, une vraie fureur contre le système politique. Cela lui vaut procès et exil. S'ensuit un rapprochement avec les Volsques, puis divers retournements en faveur de Rome, jusqu'à l'assassinat de Coriolan alors qu'il négocie une paix entre Rome et les Voslques.

Toutes ces batailles, ces débats, sont pour le lecteur l'occasion d'appréhender avec distance un système politique, une stratégie et surtout l'ambition, l'envie, tout ce qui meut les peuples et leurs élites, dans des combats d'une âpreté et d'une cruauté sans fard. Et à cet égard rien n'a changé.

Coriolan, c'est la vanité du pouvoir, c'est la versatilité des hommes, du plus puissant au plus faible, l'ingratitude et l'ambition démesurée aussi.

L'oeuvre vaut aussi par le rapport entre Coriolan et sa mère, véritable patricienne, gardienne de l'honneur, des principes et d'une certaine hauteur, pour ne pas dire arrogance, qu'elle inculque à son fils. Et c'est cette ambition toute maternelle qui pousse Coriolan, puissant moteur de ses actes héroïques. Coriolan est un valeureux soldat, un vainqueur, mais redevient le simple fils de Volumnia, sa mère, quand celle-ci laisse éclater sa fierté ou l'abreuve de conseils, voire d'ordres.

J'ai apprécié ces différents degrés de lecture, politique, philosophique, psychologique, tout simplement la beauté du texte et l'histoire évidemment.

Cette pièce peut paraître rébarbative, trop austère ou violente, mais elle offre vraiment plusieurs facettes, qui la rendent riche et complexe. Elle n'a rien de manichéen, il ne s'agit pas des gentils contre les méchants, mais de l'âme humaine, faite de noirceur, d'ambition, de regrets, de morale, de principes et de peur, d'audace et d'envie, de trahison et d'intégrité, tour à tour sans juger des faits.
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Cette dernière tragédie mise en scène par Shakespeare est passionnante !

Caïus Marcius est un homme de guerre qui, poussé depuis toujours par sa mère Volumnie à vaincre et revenir honoré des batailles, a acquis une ambition vaste et un orgueil démesuré. En revenant d'une bataille contre les Volsques où, à lui seul, il a pris la ville de Corioles qui lui vaudra son nouveau nom de Coriolan, il souhaite devenir Consul. Seulement, pour cela, il doit obtenir les voix du menu peuple qu'il dénigre. A la suite d'une dispute avec Coriolan, amers de sa fierté, les tribuns et les citoyens l'incrimine alors de trahison et le bannissent de Rome. Tout à sa fureur et empli de vengeance, celui-ci se rend alors trouver Tullus Aufidius, son ennemi de toujours, général des Volsques, avec lequel il a l'intention de s'allier pour marcher sur Rome et la faire tomber.

En reprenant le récit de Plutarque, William Shakespeare construit une pièce vraiment captivante. Les accents politiques sont très présents puisque tout commence par une rébellion des citoyens, las de subir la famine que leurs dirigeants leur impose alors que ces derniers vivent dans l'opulence. La tension entre la noblesse et son contraire se fait alors ressentir tout au long du récit. On comprend dès le début que Caïus Marcius Coriolan est la bête noire du peuple, ils veulent sa mort et ne se font pas prier pour le bannir quand l'occasion se présente; discriminé chez Plutarque, il est ici un anti-héros que l'on arrive pourtant à apprécier: son amour envers sa famille et sa loyauté envers ses amis en feraient un homme admirable s'il n'était pas tant rongé de fierté. On le voit ainsi dédaigner les citoyens avec un tel mépris qu'on ne sait plus qu'éprouver à son encontre. Et c'est ce qui fait la force de cette oeuvre: ce changement constant de notre humeur à l'égard de Coriolan, qu'on aime autant qu'on le déteste.
François-Victor Hugo inscrit cette oeuvre en premier volume de la section "La Famille" des oeuvres complètes de Shakespeare. En effet, les liens familiaux, l'amour filial surtout est au centre de cette histoire. Coriolan est enfant de nobles, son comportement résulte de son éducation et de l'amour qu'il porte à sa mère ambitieuse, matrone romaine dans toute sa splendeur.

Cette pièce n'est pas en tout point fidèle au récit de Plutarque et, dans ses notes, François-Victor Hugo nous permet de constater ces différences (ce que j'ai trouvé très intéressant), Shakespeare propose une vision parfois différente du personnage principal qui en fait une tragédie fascinante. J'ai adoré !
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Très bonne tragédie de Shakespeare. Plume moins lourde et plus fluide que les autres. J'ai beaucoup pris de plaisir à suivre Coriolan dans ses aventures . Un homme tiraillé entre la politique et sa famille. Ça me donne envie d'y être. La periode Romaine offre de belles perspectives d'imagination que Shakespeare manie à merveille
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