Je vous ai plusieurs fois expliqué que les romances de Noël n'étaient pas mon truc, et pourtant je viens d'en enchaîner deux. Il faut dire que la période se prête assez bien aux ambiances cocooning qui vous donnent le sourire aux lèvres et l'envie de chanter des chansons de Noël à la cantonade.
Douze chiens pour Noël, référence à la chanson Les Douze Jours de Noël, correspond parfaitement à cette description,
Lizzie Shane nous offrant de beaux instants de partage, d'émotions, d'amitié et d'amour, tout en évoquant en toile de fond des thématiques difficiles.
Mais c'est fait avec tellement de douceur et de sensibilité que l'ambiance reste joyeuse et mignonne à souhait. Et la présence de chiens n'y est pas pour rien, surtout, si comme moi, vous les adorez et rêvez depuis toujours d'en avoir un. Un rêve que je n'ai toujours pas pu réaliser, mais qui reste dans un coin de mon esprit, tout comme il reste dans celui d'Astrid. Élevée depuis la mort de ses deux parents, il y a deux ans, par son oncle, la fillette est prête à tout pour lui prouver qu'elle est assez mature pour avoir un chien. Sans l'en avertir, ce qui n'est pas sa décision la plus judicieuse, elle devient bénévole au sein du refuge de la ville tenu par un couple âgé et leur petite fille, Ally, une photographe professionnelle venue poser ses valises à Pine Hollow pour les aider. Mais ce qu'ignore Astrid, c'est que le refuge est condamné : son oncle, conseiller municipal et bras droit de la mairesse, a accepté de le fermer d'ici la fin de l'année afin de pouvoir financer des réparations sur un bâtiment municipal.
Se sentant coupable, bien qu'il n'ait fait qu'entériner une décision du conseil municipal, Ben va alors décider d'aider Ally à placer les chiens du refuge d'ici sa fermeture. Et voici, comment est née l'opération 12 chiens pour Noël ! Si vous aimez les chiens, vous allez adorer découvrir le caractère et l'histoire personnelle de chaque pensionnaire, l'autrice ayant fait un fabuleux travail à ce niveau. Tous les chiens m'ont attendrie, j'avoue néanmoins avoir été très amusée par la version canine de Houdini, mais je ne vous en dis pas plus… Tout au long de ma lecture, je n'ai eu qu'une envie : aller visiter le refuge, rencontrer chacun des chiens, les caresser et leur faire une place dans ma vie. J'aurais adoré que le roman soit accompagné de photos ou d'un faux site Internet réunissant les photos d'Ally. Mais même sans ces bonus, ce roman est un bonbon, une véritable ode aux chiens, des animaux terriblement attachants et capables d'un amour inconditionnel tellement rare chez les humains. Un animal n'est pas un cadeau de Noël (sauf à être certain de son choix), mais diable que j'ai maintenant envie d'en trouver un sous mon sapin de Noël (que je n'ai pas non plus d'ailleurs).
Au-delà de ces protagonistes à quatre pattes, tous les autres personnages, principaux comme secondaires m'ont plu, certains se révélant plutôt hauts en couleur et d'une énergie incroyable. Je pense notamment à une bénévole dont la profession ne devrait pas manquer de susciter quelques sourires chez les lecteurs, voire quelques vocations. Je me suis, en outre, d'emblée attachée à Astrid, une enfant très intelligente et mature pour son âge, qui s'entend à merveille avec son oncle, même quand celui-ci se révèle être un piètre cuisinier et un parent trop protecteur. Mais difficile de lui en vouloir ! À cet égard, j'ai eu un véritable coup de coeur pour Ben, ce tonton célibataire qui fait de son mieux pour élever sa nièce, la faisant passer avant tout et tout le monde, sans pour autant négliger d'aider les nombreuses personnes qui le sollicitent constamment.
J'ai été touchée par ses doutes, ses interrogations, et son sentiment persistant de ne pas être à la hauteur de sa soeur et de son beau-frère décédés. Pour autant,
Lizzie Shane ne fait pas de lui l'homme parfait, Ben ayant ses propres imperfections comme une très exaspérante tendance à refuser les mains qu'on peut lui tendre, comme s'il devait tout faire tout seul et tout le temps. Un trait de caractère qui m'a régulièrement frustrée, et qui complique parfois les choses, mais que l'on parvient à comprendre à mesure que l'on découvre sa relation avec sa soeur aînée qu'il continue à idéaliser même après sa mort… Il y a quelque chose d'attendrissant chez cet homme, dont on a instinctivement envie de franchir les barrières qu'il a érigées autour de lui et d'Astrid afin de la protéger. Mais on ne peut pas se protéger de la vie, ce qu'il va petit à petit réaliser grâce à Ally…
Mais cela sera-t-il suffisant pour que Ben accepte de baisser la garde et de passer d'une vie à deux balisée et sécurisée à une vie à trois avec sa part d'incertitude ? Bien que l'on se doute de la fin, la question nous tient en haleine et nous fait passer par de multiples émotions, d'autant qu'en plus des doutes et inquiétudes de Ben, Ally vit également une période de remise en question. Lasse de sa vie sans attache à New York, son retour chez ses grands-parents signe pour elle un nouveau départ, mais il lui reste à découvrir vers quoi et/ou qui se nouveau départ va la mener. Toutes les personnes qui réfléchissent à la direction à donner à leur carrière devraient se retrouver, du moins en partie, dans les questionnements d'Ally. Des questionnements qui s'accompagnent d'une quête de sens et d'un besoin viscéral de trouver sa place. Gentille, inventive, déterminée, et bien plus douée qu'elle ne le pense pour créer des liens sociaux, Ally est une jeune femme très attachante qui cache une certaine vulnérabilité.
J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les interactions entre Ally et Ben, la première réalisant, après une première rencontre qui s'est très mal passée, que le second est loin d'être l'homme froid et bourru qu'elle s'était imaginée. Au fil de leurs échanges, et de leur riche et constructive collaboration, leur complicité et leur amitié se développent avant d'évoluer vers d'autres sentiments, bien plus tendres. Une relation en devenir qui offre d'intéressantes réflexions et permet d'évoquer un large panel de thèmes : le deuil, la nécessité d'accepter le risque pour enfin se donner le droit de vivre, l'amour familial, la notion de famille et d'appartenance, l'importance d'accepter l'aide d'autrui…. Il est également question dans ce roman de nouvelles portes qui s'ouvrent quand certaines se ferment et du bonheur d'avoir enfin trouvé sa place ! Des thématiques qui sont amenées ici avec beaucoup de tact, de délicatesse et de douceur. J'ai d'ailleurs apprécié qu'on évite la guimauve, à l'exception d'une fin digne des téléfilms de Noël. Mais cela ne m'a pas dérangée, l'autrice l'amenant de telle sorte qu'elle apparaît indispensable pour conclure en beauté une romance qui a du chien !
En conclusion,
Douze chiens pour Noël devrait ravir les amateurs d'ambiance douce et chaleureuse, et ceux appréciant les références au célèbre Chant de Noël de Dickens, que ce soit à travers un personnage en apparence bourru, ou la manière dont le passé l'empêche d'avancer. Mais c'est aussi une histoire de seconde chance, d'amitié, de renaissance et d'espoir en un avenir heureux. Une romance de Noël classique par les émotions qu'elle suscite et sa relative simplicité, mais qui se démarque par la présence savoureuse et hautement appréciée d'une ribambelle de chiens tous aussi attachants les uns que les autres. Entre charme canin et magie de Noël, une belle romance empreinte de complicité, de beaux messages, de doux frissons et de tendres sentiments, parfaite pour se plonger dans l'ambiance des fêtes ou y survivre !
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