Eh bah c'était bien sympa !
On m'avait prévenu que le début rythme était lent et la fin précipitée, donc j'ai lu cette brique en connaissance de cause et ça m'a permit de l'apprécier à sa juste valeur. C'est de la bonne fantasy adulte, avec un world building aux p'tits oignons, des personnages crédibles et un style superbe (je sais pas si c'est l'autrice ou la trad ou les 2, mais le résultat est super agréable à lire).
L'intrigue prend son temps vu que c'est un roman choral, mais j'ai adoré suivre Ead et Sabran (mes chouchoutes). En revanche, les PDV de Tané m'ont profondément ennuyée, elle était pas inutile vue la fin mais je l'ai trouvée vraiment en-dessous de Ead et Sabran.
J'ai beaucoup aimé toute ma mythologie autour du reinaume et de la transmission de mère en fille, mais pour le coup, on m'avait survendu le côté féministe. C'est effectivement des femmes qui siègent sur le trône de l'un des territoires, mais :
1) C'est un non-choix dû au fait que les femmes de cette dynastie n'engendrent que des filles, pas une décision politique particulière visant à mettre spécialement des femmes sur le trône.
2) C'est très positif, mais ce roman m'a fait m'interroger sur "pourquoi l'exigence de fidélité de la reine est un truc hérité du patriarcat". Sabran et sa mère sont susceptibles d'être très mal vues par les nobles si elles entretiennent des relations extra-conjugales (à un point parfois extrême), et finalement, je trouve cette idée peu cohérente dans un reinaume égalitaire gouvernée par une dynastie matrilinéaire. Autant le patriarcat s'appuie sur la nécessité que les femmes soient fidèles pour s'assurer que la descendance de ces messieurs soit génétiquement celle desdits messieurs, autant dans le cadre du Prieuré... bah on s'en fout un peu, que le mari de la reine soit pas le père ? Enfin je comprends bien que ça chagrine le concerné et que ça heurte un peu, mais cet élément est limite une affaire d'État alors que ça ne change RIEN à la transmission du pouvoir et qu'en l'occurrence, les infidélités des reines sont tenues secrètes.
Alors en soit c'est pas du tout un point négatif parce que fondamentalement, osef c'est un détail, et c'est même intéressant parce que sans ce roman, je ne me serais jamais posé cette question. En revanche, même si c'est une fantasy super intéressante de par ses personnages féminins nuancés et son reinaume matrilinéaire, on me l'avait vendue comme LA référence féministe en fantasy et mes attentes étaient disproportionnées sur ce point-là (ça reste une très bonne fantasy et effectivement, on sent que l'autrice est féministe et veut déconstruire le patriarcat via son world building plus égalitaire, mais j'irais pas jusqu'à mettre en avant l'argument des messages féministes pour parler de ce roman). Par contre, mention spéciales aux romances très diversifiées dans ce roman, ça l'enrichit vraiment !
Le "fond" de l'histoire est peut-être ce qui m'a le moins convaincue (finalement, il s'agit de s'allier contre un grand méchant vilain pas beau qui veut dominer le monde parce que c'est cool de dominer le monde et le réduire en cendres), mais le style à lui seul a maintenu mon intérêt, ainsi que la relation Sabran/Ead.
Y'a carrément moyen que je retente d'autres
Samantha Shannon à l'avenir !