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4,19

sur 1157 notes
Un gros pavé de fantasy qui me passe sous les yeux depuis un bon bout de temps - avec en prime des critiques plutôt élogieuses.

Même si la lecture a été agréable grâce à l'écriture de l'auteure et a des chapitres courts, je n'ai pas été emportée par la magie.

La quatrième de couverture donnait pourtant a rêver : magie, dragons, complots... Alors oui tout cela est bien présent mais de façon assez légère a mon sens.

Je n'ai pas particulièrement apprécié les personnages, que j'ai trouvé eux aussi basiques et un peu surfait.

Ce qui m'a profondément dérangé, c'est que j'ai eu l'impression que l'auteure avait pris un chapeau de magicien. Qu'elle y avait placé un peu des grands auteurs de la fantasy, et mélangé le tout pour nous sortir une histoire nettement moins bonne que celles des auteurs.
C'est toujours dérangeant quand dans certains passages on pense à Eragon, ou aux romans de Robin Hobb ( pour ne citer qu'eux)

Si le scénario semblait intéressant a la base, il n'est pas aboutit pour moi.

Je ne suis pas convaincue que ce roman doit être estampillé adulte, je le vois plus comme un young adulte.
J'aurais peut-être pu apprécier ce roman si je n'avais pas lu les classiques du genre.

Bref, je n'ai pas été conquise par ce roman, mais je n'ai pas été non plus complètement déçue car certains passages étaient tout de même intéressants.
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Ce n'est pas une chronique facile que je m'apprête à rédiger, en premier lieu parce que le prieuré de l'oranger est le dernier titre à la mode dont tout le monde parle et que tout le monde semble avoir aimé, ce qui n'est pas mon cas... et ensuite parce que c'est tout de même une belle brique de plus de 950 pages qu'il n'est pas forcément facile à résumer.

Le prieuré de l'oranger de Samantha Shannon est le dernier phénomène en date de la blogosphère amatrice de roman de Fantasy. Publié dans la petite maison d'édition de Saxus, ces derniers ont fait une grosse campagne de pub sur les réseaux sociaux à renfort de comparaison avec des titres comme Game of Thrones et des auteurs comme Tolkien, Robin Hobb ou G.R.R. Martin. Sauf que malheureusement, comme je le pressentais ce titre est totalement survendu et qu'on est bien loin de la qualité des titres et auteurs cités.

Le prieuré de l'oranger est un titre de fantasy tout à fait classique, se déroulant dans un monde coupé en deux (voire plus, on le verra ensuite) autour de la question de la vénération ou non des dragons, le tout autour d'une légende de grands personnages les ayant affrontés. On s'y retrouve bien des siècles après la dernière grande bataille alors que le plus terrible d'entre eux semble se réveiller. On y suit d'un côté la Reine Sabran dont le règne est perturbé par de multiples complots et de l'autre Tané, une jeune dragonnière en devenir qui tente de gravir les échelons malgré ses origines modestes. Voilà pour résumer très brièvement le début et le contexte.

Au fil des pages, on va suivre de nombreuses péripéties, de nombreux complots, de nombreuses trahisons et de nombreux voyages. On va en apprendre plus sur l'histoire et la mythologie de cet univers. L'autrice va tenter de nous surprendre avec des revirements et des découvertes brutaux, etc. Mais personnellement, dès le début, j'ai trouvé tout cela bien faible. Contrairement à ce qui est annoncé par l'éditeur, nous ne sommes pas avec un titre de fantasy pour adultes, mais plutôt avec un titre dans la lignée des Young Adult sortant chez nous et ça change tout ! Personnages mal définis et bien plus jeunes dans leurs actions et pensées que leur âge semble l'indiquer, actions téléphonées, grosses ficelles utilisées à multiples reprises pour faire avancer l'histoire ou surprendre le lecteur. Les plus de 900 pages du titre ont été bien mal employées....

J'ai d'emblée eu énormément de mal avec les personnages de l'histoire. Je les trouve trop archétypaux et pas bien construits. Ils ne sont pas développés comme peu le faire une Robin Hobb ou un G.R.R. Martin à qui on veut comparer l'autrice. Ici, ils sont fades, sans personnalités et enchainent des actions ma foi fort prévisibles tout en se comportant souvent comme des ados ou des très jeunes adultes malgré leur âge. J'ai été déçue. Je sais que beaucoup ont aimé qu'on retrouve des relations LGBT de façon très naturelle dans ce titre, mais ça ne suffit pas à en faire un bon titre, un titre marquant. Ça a déjà été fait ailleurs et mieux. Lisez les titres de Lynn Flewelling !

C'est justement le gros point noir du titre pour moi : on nous enrobe l'univers tout un tas d'éléments qui flattent le lecteur mais au final tout sonne creux. L'univers semble prometteur sur le papier. On nous appâte en couverture avec de très beaux dragons, mais ceux-ci n'ont qu'un rôle mineur dans l'histoire au final. Si vous voulez de vrais bons titres où les dragons sont mis en valeur, allez lire Robin Hobb, au moins ils ont une personnalité et leur rôle ne tient pas sur 10 pauvres pages dans l'histoire ! On nous appâte avec une mythologie reposant sur d'anciens personnages avec des pouvoirs qui se sont défiés et ont mis le monde à mal, mais c'est résolu en deux coups de cuillères à pot avec presque aucune conséquences importantes. Un vrai pétard mouillé. Si vous voulez des Dieux qui mettent le monde à mal, allez lire N.K. Jemisin ! On nous parle aussi d'une magie à base de feu, de joyaux et d'arbres donnant des pouvoirs, mais là aussi ce n'est pas du tout visuel. La magie n'a rien de percutant et marquant pour le lecteur. Vous voulez lire des titres avec des systèmes de magie à vous chambouler la tête et de l'action quasi cinématographique, allez lire Brandon Sanderson et son Fils des Brumes ! Enfin, on nous promet des complots de cour à la G.R.R Martin mais c'est du pipi de chat en comparaison, ici. Tout est évident et il n'y a aucune surprise ni renversement dramatique avec nos personnages chéris mis à mal. Les quelques bouleversements qu'ils subissent sont un vrai pis aller en comparaison aux Noces Pourpres du maitre, allez plutôt lire l'original ! Bref un titre vraiment trop survendu !

Alors là, je viens de déverser toute ma frustration de lectrice déçue et on pourrait croire que je n'ai rien aimé dans le titre mais ce n'est pas le cas. C'est juste que je m'attendais à tellement plus vu le matraquage marketing que le banal titre de Fantasy pour grands ados que j'ai lu fut une grande déception.

Cependant, je reconnais que la plume de l'autrice fait que le titre se lit bien. Les chapitres, assez courts, s'enchainent rapidement. le changement régulier de point de vue fait qu'on ne se lasse pas malgré la longueur du titre. On a envie de découvrir quel nouveau coup du sort va leur tomber dessus et comment ils vont s'en sortir. On voyage beaucoup dans les terres et les mers de cet univers. Et même si on reste beaucoup trop en surface pour moi, il y a de vraies bonnes idées dans la mythologie du titre, avec la création du Reinaume d'Inys, ainsi que la manipulation faite de l'Histoire par les différentes puissances qui peuplent ces terres. J'ai aimé les quelques moments où on a entraperçu les dragons et où ils ont agit. La relation entre Tané et sa dragonne était touchante. L'autrice met en avant des valeurs qui me sont chères telle que l'amitié et l'amour au-delà des castes et des différences. Cette lecture ne fut donc pas un total calvaire loin de là, juste pas le chef d'oeuvre annoncé.

Pour conclure, si de Saxus n'avait pas fait un tel matraquage en disant partout que le prieuré de l'oranger était un nouveau "monument de la fantasy et de la littérature" (cf la 4e de couverture...), j'aurais peut-être plus apprécié ma lecture. Là, je m'attendais à recevoir une claque et le lire juste après l'excellent Roue du Temps de Robert Jordan, titre vraiment à destination des adultes, fait paraitre celui-ci bien fade et révèle tous ces défauts dont j'ai parlés en long en large et en travers plus haut. le prieuré de l'oranger est une lecture jeunesse honnête mais ça s'arrête là. Il ne tient absolument pas la comparaison avec les auteurs et les titres à côté desquels son éditeur veut le placer...
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Un pavé de presque 1000 pages.
Une couverture magnifique, des couleurs chatoyantes, un relief magique...
L'histoire semble originale, tout en respectant les classiques et les attendus des histoires fantastiques : des royaumes différents, des passés et présents mouvementés, des créatures fantastiques, un dose de magie.
Ici, la part est faite belle aux femmes. Les héros ne sont que féminines. Les hommes ont un rôle essentiellement secondaire.
Ici, l'ouverture d'esprit est de mise quant aux relations personnelles entre les personnages. L'homosexualité semble normalité.
Le rythme est long à démarrer dans cette histoire. Et une fois le rythme lancé, j'ai éprouvé une sensation de va-trop-vite !, de bâclage...
La guerre finale contre le sans-nom se lit en quelques pages !
Alors, mon avis personnel sur ce roman est vraiment mitigé.
L'auteur a du talent, certes. On ne peut écrire un livre de 1000 pages sans avoir un certain talent d'écrivain, ni sans un certaine dose d'imagination. Cependant, je reste sur une sensation d'insatisfaction.
Comme si l'auteur avait à tout prix voulu écrire un livre à succs avec des clés incontournables :
- Créer un roman fantastique imposant.
- Des créatures, des territoires, des peuples avec leur propre nom. Bref, un univers créé de toute part.
- Etre quand même différent et donc créer des héroïnes, et non pas des héros.
- Etre innovatrice quant aux relations entre héros.
- Et ensuite broder autour de ses axes prédéfinis. Pour en faire surtout un succès commercial, voir imaginer une adaptation visuelle.
Pour conclure, j'ai vraiment eu l'impression que l'auteur n'avait pas pris plaisir à créer cette histoire. On ne devient pas Tolkien ou Hobb en suivant un plan commercial !!! On est, ou on n'est pas... Ici, je n'ai pas été transporté, je n'ai pas rêvé, je n'y ai pas cru... J'ai juste lu une histoire...
En tant que lectrice, il m'a manqué cette poussière magique qui aurait pu m'emporter dans un autre monde.
Quel dommage !
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Plus d'un kilo de pages dévorées avec ce beau pavé !

Pour une première lecture d'une oeuvre fantastique, ce fut une belle découverte.
Attirée dans un premier temps par sa très belle couverture, j'ai décidé de me lancer dans ce genre totalement inconnu après avoir découvert qu'il s'agissait d'un one shot.

Comme par magie, dès les premières pages j'ai été transportée dans cet univers draconique peuplé de différents reinaumes et royaumes aux croyances et coutumes différentes.

On y découvre des personnages forts et courageux qui feront tout pour honorer la quête épique qui leur a été confiée à leur naissance.

Malgré quelques passages un peu longs, j'ai aimé la dynamique que l'auteur a su insuffler au récit ainsi que son travail d'écriture rendant l'histoire très vivante. J'ai vraiment eu l'impression d'accompagner les personnages tout au long de leurs aventures.

Dans cet ouvrage, Samantha Shannon a su mettre à l'honneur les femmes quelque soit leurs différences...

Merci @Phoenicia pour cette lecture commune. Sans toi ce livre serait resté dans ma pal pour un long moment.

Pioche dans ma pal juillet 2021
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Gros gros coup de coeur! Je pense que ce sera mon coup de coeur 2021. A ce titre, je trouve qu'il ne démérite pas les commentaires élogieux qu'on a pu lui attribué.

Lu en LC avec @Mousquetaire11 que je remercie vivement au passage, je me suis délectée de ce récit , prenant le temps de le savourer, partie après partie.

Si on le prend de prime abord, c'est une sacrée brique, qui peut dissuader! On me l'a offert à Noël et je voulais avoir tout le temps possible pour le lire. Aussi était-il prévu pour cet été et cette LC est tombée à point nommé. Malgré l'épaisseur, la narration est d'une telle fluidité et les parties - 6 au total - tellement bien réparties qu'il se lit tout seul. Les chapitres sont en outre courts et rythmés, alternant les points de vue puisque nous suivons 4 narrateurs : Ead ( ma favorite), Tané (qui ne suit pas trop loin), Loth et Niclays. Une parité au premier regard mais pour autant ce livre a une bonne tendance féministe, j'y reviendrai plus tard.

La couverture est juste sublime. Merci à l'édition De Saxus. Elle nous plonge immédiatement dans un univers de fantasy, peuplé d'êtres draconiques, univers que le récit ne manque pas d'étoffer. L'auteure arrive à nous livrer un univers entier, magnifique et complexe. le nombre de pages le justifie. Il y a différents territoires. Différentes religions. Une grande diversité qui appelle à des luttes, des oppositions, des divergences. Sans parler des nombreuses croyances et légendes. Un univers très dense qui nous est offert petit à petit, sans longueurs à mon goût, très bien dosé au contraire : l'auteure ne nous noie pas dans les détails et nous permet de se l'approprier.
Le monde est ainsi divisé par des religions et des perceptions d'être draconiques différentes. Dragons et Wyrms s'opposent. Sauf que le Sans-nom se réveille et qu'une union est ce qui est souhaitable, même si elle passe par bon nombre de vérités révélées... Je n'en dirai pas plus. Résumer un tel pavé reviendrait à en dire beaucoup trop. Autant découvrir sa richesse par soi-même. Il me suffira de dire que l'action se met en place, amenant une fin inéluctable.
Pour ce qui est des personnages, ils sont très différents et je trouve que la dragée haute est portée par les protagonistes féminins. Outre les deux narratrices qui sont, à mon sens, bien plus mises en avant que les deux autres, Sabran n'est pas en reste non plus, bien que perçue par transparence avec Loth et Ead. Les croyances en elles-mêmes reposent sur de nombreux personnages féminins. Un livre un peu féministe sans l'être trop et qui surtout ne manque pas de soulever beaucoup d'émotions. Un récit que je relirai, indubitablement.
Je finirai donc par remercier Samantha Shannon pour avoir conçu un tel univers enthousiasmant. Je termine ce livre, non sans regret que ce périple se soit fini si tôt...

LC Mousquetaire11
Challenge Trivial Reading XI
Challenge Pavés 2021
Challenge Multi-auteure SFFF
Challenge Multi-défis 2021
Challenge Mauvais Genres 2021
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Édité par une petite maison d'édition, « Le prieuré de l'oranger » est un impressionnant pavé de près de 1000 pages, écrit par une autrice encore jamais traduite en France : autant dire que les meilleures conditions pour en faire un succès étaient loin d'être réunies. Et pourtant, le roman a fait l'objet d'un sacré bouche-à-oreille qui lui aura permis de se tailler une excellente réputation chez les libraires aussi bien que les blogueurs (merci d'ailleurs à L'ours inculte pour la découverte !). Un succès mérité, tant l'ouvrage séduit à la fois sur le fonds et la forme. Notons d'abord que les éditions de Saxus ont fait l'effort du publier l'épais roman en un seul volume, quand d'autres maisons d'édition (qui a dit Pygmalion ?) se seraient fait un malin plaisir de le découper en deux, voir en trois. L'objet livre lui-même est de très bonne qualité, avec notamment une magnifique couverture et deux belles cartes détaillées présentent au début de l'ouvrage. le charme du roman ne repose évidemment pas que sur ces aspects esthétiques qui permettent avant tout de souligner la qualité du contenu. Posons un peu le décor. Nous sommes dans un univers de fantasy d'inspiration tour à tour médiévale ou moderne, dans lequel les relations entre l'Ouest et l'Est sont quasi inexistantes. Séparées par l'Abysse, une vaste étendue d'eau difficile à traverser, les deux régions possèdent chacune leur raison de haïr ou de craindre leur lointain voisin : les Occidentaux parce qu'ils considèrent les Orientaux comme des hérétiques adorateurs de dragons ; les Orientaux parce qu'ils craignent le retour d'une maladie venue de l'Ouest, la peste draconique, et qu'ils interdisent par conséquent à tout étranger de débarquer sur leur territoire. Mais… Mais une sombre menace grandit dans les entrailles de la terre où le Sans-Nom, gigantesque dragon de feu précédemment vaincu par l'humanité, sort peu à peu de son sommeil. Ses lieutenants eux, se sont déjà éveillés et sèment la terreur partout où ils passent en annonçant le retour de leur maître. D'une manière ou d'une autre, il va falloir que les deux continents fassent front ensemble pour ne pas être détruits.

Le roman n'a, au premier abord, pas grand-chose d'original, à commencer par son pitch qui repose sur un aspect mille fois utilisé en fantasy : le retour d'une entité maléfique et la nécessité pour l'humanité de s'unir contre la menace. Or, s'il s'agit bien du fil rouge qui traverse tout le récit, celui-ci ne se résume pas à une opposition manichéenne entre le camp du bien et celui du mal. le roman est en effet truffé d'une multitude de sous intrigues qui permettent d'aborder quantité de thèmes et d'enrichir considérablement l'univers, dans la mesure où elles permettent de mettre en lumière les différences entre les royaumes ou entre les deux continents. La question religieuse est, par exemple, omniprésente à l'Ouest où la Vertu (dogme rendant hommage au vainqueur du Sans Nom et caractérisée par une grande rigidité) s'oppose aux adorateurs des wryms, les dragons de feu serviteur du Sans Nom. A l'Est, la question religieuse est évacuée au profit de celle du repli et des spécificités de la culture seeki, à commencer par leur relation avec les dragons (qui n'ont rien à voir avec les wryms puisque leur principal élément est l'eau et non le feu). le bestiaire assez d'ailleurs assez classique lui même, les créatures rencontrées étant soit des dragons (dont certains ont pour particularité de pouvoir voler… sans ailes!), soit des bêtes issues d'un croisement avec des dragons (vouivre, cocatrix…). Autre stéréotype de la fantasy ici réutilisé par l'autrice : la prophétie. Samantha Shannon parvient heureusement à ne pas tomber dans les écueils habituels et s'amuse à multiplier les supports et les énigmes (textes à déchiffrer, problèmes à résoudre…) pour entretenir le suspens et ne pas faire reposer son récit sur cette seule prophétie. le cadre dans lequel se déroule l'intrigue pourrait, lui aussi, paraître trop traditionnel car il emprunte beaucoup à la période médiévale (on combat principalement à l'arc et à l'épée, la noblesse vit dans des châteaux…). le royaume d'Inys, qui est le principal territoire mis en scène à l'Ouest, est pour sa part fortement inspiré de l'Angleterre (la reine, Sabran est clairement une sorte d'Elizabeth Iere), et notamment de deux légendes issues du folklore britannique : celle du roi Arthur et celle de Saint Georges et le dragon. Seulement, si l'autrice reprend là encore des éléments assez classiques, elle n'hésite pas aussi à s'écarter des sentiers battus puisque la civilisation de l'Est emprunte, elle, davantage à la culture et aux mythes japonais, plus rarement mis en scène en fantasy. La Seeki partage notamment avec le Japon son caractère insulaire ainsi que quantité d'aspects concernant le mode de vie ou les traditions (importance des rituels, poids de l'honneur…).

Il est toutefois un aspect sur lequel le roman tranche nettement avec la plupart des ouvrages de fantasy : la volonté de l'autrice d'écrire un récit féministe. Pas question ici de grands discours sur le sujet pour convaincre le lectorat, mais une mise en application directe (une initiative qui tend à se multiplier puisqu'on retrouve le même procédé dans « Le chant des cavalières » de Jeanne Mariem Corrèze, récemment paru chez Les Moutons Électriques). Dans « Le prieuré de l'oranger », ce sont donc les femmes qui occupent les premiers rôles (vous allez me dire « on commence à en avoir l'habitude », pourtant, s'il est en effet de plus en plus fréquent de voir des héroïnes, il est plus rare de voir celles-ci entourées d'autres femmes, et non pas d'hommes). le royaume d'Inys est ainsi un « reinaume », la tradition voulant que la reine n'enfante que d'une fille qui occupera le trône à sa suite (à noter que, dans le reste du royaume, la succession est assurée par l'aîné des enfants, qu'il soit fille ou garçon). Une grande partie des chapitres consacrés à l'Ouest se déroulent à la cour où l'on suit Ead, une jeune femme appartenant à un ordre secret, envoyée pour espionner et protéger la reine (la croyance veut alors que la seule chose qui empêche le retour du Sans Nom soit l'existence d'une descendante de la famille Berethnet, or la reine n'a pas encore d'héritière et est donc, pour le moment, la dernière de sa lignée). On suit donc les intrigues de la cour, et notamment tout ce qui touche au quotidien de la reine et de ses plus proches compagnes. Cette attention particulière portée à la reine et son entourage féminin fait beaucoup penser à un autre roman de fantasy, « Récits du Demi-Loup » de Chloé Chevalier, qui avait recours au même procédé (le quatrième et dernier tome de la série devrait d'ailleurs paraître dans le courant de l'année). du côté de l'Est, nous ne sommes pas dans une société matriarcale mais le principal personnage que l'on suit est une femme, Tané. Après avoir subie une formation intensive, la jeune fille s'apprête à savoir si elle va pouvoir intégrer la prestigieuse garde de haute mer, dont quelques membres seulement auront l'occasion de devenir dragonnier, son plus grand rêve. Cette fois encore l'entourage de la jeune femme est principalement composé de femmes, l'armée seeki ne faisant manifestement pas de discrimination en fonction du sexe (ce qui n'est pas le cas de la condition sociale qu'on lui reprochera bien plus que son genre). Pour ce qui est du sud, le Prieuré de l'Oranger, l'ordre auquel appartient Ead, est une sororité et n'accueille par conséquent que des femmes qui sont formées à la magie et au combat. On y vénère la Mère et on y propose une version de la légende relatant la défaite du Sans Nom très différente de la version officielle (dans la version retenue par la Vertu, la princesse Cléonide aurait été sauvée par un preux chevalier, alors que c'est en réalité la jeune femme qui aurait pourfendue le dragon). A noter qu'en dépit de cette volonté de gommer les différences hommes/femmes et de les mettre sur un pied d'égalité, le roman aborde tout de même certaines problématiques propres au genre féminin, à commencer par la maternité.

Reste à aborder la question des personnages que l'auteur dépeint avec beaucoup de nuances et qui connaissent, pour certains, une remarquable évolution entre le début et la fin du récit. C'est le cas surtout de deux d'entre eux, à commencer par la reine d'Inys, Sabran, qui, dans un premier temps, ne suscite que de l'agacement. Arrogante, hautaine, rigide, butée, susceptible sur tout ce qui touche au culte de la Vertu… : voilà typiquement le genre de personnage qu'il est difficile de ne pas prendre en grippe. Et puis, au fur et à mesure de son rapprochement avec Ead, on commencer à entrevoir la femme sous la reine et à identifier, sous le vernis rigide, un être extrêmement vulnérable et déjà bien cabossé par la vie, en dépit de son jeune âge. le second personnage parmi les plus ambivalents du roman est sans aucun doute Niclays Roos, alchimiste à la recherche du secret de l'élixir de vie et banni du royaume d'Inys par la reine Sabran. Envoyé croupir sur une île minuscule à l'Est, rongé par l'amertume, la colère et le chagrin, le docteur est un personnage détestable, coupable de plusieurs actes moralement indéfendables, et pourtant, là encore, l'autrice parvient à lui donner suffisamment d'épaisseur pour que le lecteur dépasse sa première impression. Les autres personnages, quoique moins torturés, sont tout aussi réussis, à commencer par les deux héroïnes. On suit avec intérêt les progrès d'Ead à la cour où elle doit en permanence jouer un double jeu et cacher sa véritable identité et ses capacités. le parcours de Tané est lui aussi captivant dans la mesure où il repose sur une succession d'épreuves au terme desquelles on ignore si la jeune femme parviendra ou non à accomplir son rêve et se lier avec un dragon. La première partie respecte un équilibre parfait entre l'Ouest et l'Est, si bien qu'on voit les deux femmes évoluer en parallèle. La seconde partie du roman accorde en revanche beaucoup plus d'importance à l'Ouest, laissant ainsi Tané en retrait et c'est l'un des bémols que j'apporterais au roman. le dernier tiers est, d'ailleurs, dans l'ensemble, un peu moins captivant car les relations entre les personnages sont désormais posées et n'évoluent plus vraiment. Les différents fils de l'intrigue, eux, se regroupent, si bien que le roman se fait moins surprenant à mesure que la grande bataille finale approche. Si la première moitié est indéniablement plus captivante, la seconde réserve malgré tout de beaux moments qui plairont aux amateurs de fantasy, qu'il s'agisse de la découverte de la flotte des pirates, des scènes de batailles navales, ou de la confrontation avec la sorcière de la forêt.

Premier roman de Samantha Shannon traduit en français, « Le prieuré de l'oranger » est un ouvrage imposant et dense qui mérite d'être connu. Si l'autrice réutilise un certain nombre d'archétypes de la fantasy, elle sait également s'en détacher, notamment en ce qui concerne le traitement des personnages féminins qui sont nombreuses à occuper le devant de la scène. Une très belle épopée.
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Je suis enfin parvenue à la fin de cette « petite » brique. J'avoue qu'en voyant l'épaisseur du Prieuré de l'oranger, j'avais un peu peur de me lancer dans l'aventure. Je n'aime pas particulièrement abandonner un roman, et devoir me « forcer » à lire un tel volume…C'était un peu angoissant. Fort heureusement, j'ai assez vite accroché à l'histoire de Samantha Shannon.

Pour moi, le Prieuré de l'oranger est une oeuvre typique de fantaisie. On y retrouve beaucoup d'éléments qui en font un classique du genre. L'univers, la quête, la touche de magie qui n'étouffe pas l'ensemble, des personnages forts, un monde complexe mais abouti. J'ai aussi beaucoup aimé le fait que nous suivons plusieurs personnages principaux et qu'au fur et à mesure leurs destins s'entremêlent. C'est un peu comme assister à la construction d'un puzzle.

Le début est un peu lent. Surtout, n'ayez pas peur de cela. Il faut mettre en place un vaste univers et pas loin de cinq personnages principaux. Cela prend du temps, mais je ne me suis pas ennuyée pour autant. Les intrigues se faufilent dès le départ, même si elles ne sont pas dans la lignée de la principale, elles donnent tout de suite envie de poursuivre. Elles construisent les personnages, nous permettent de mieux les connaître et surtout, elles les poussent dans leurs retranchements.

Ead, Loth, Sabran, Roos et Tané se retrouvent tous les cinq dans une aventure d'envergure : sauver le monde du Sans-Nom, une créature maléfique dont le retour est proche. Si tout tourne autour de cela, ce n'est pour moi qu'un fil conducteur pour une plus vaste chamboulement. Bien que le tout soit très bien dosé, j'ai trouvé que le roman avait ce côté révolutionnaire, en brisant de nombreuses règles et traditions. Bien que l'époque soit assez semblable au Moyen-Âge, il y a un vent de nouveauté qui souffle et qui prouve que les jeunes générations peuvent aller de l'avant et surtout porter moins de préjugés, être plus ouverts d'esprit. C'est vraiment un point que j'ai apprécié. On sent que l'ensemble des peuples que l'on découvre veulent briser leurs chaînes. D'autres sont plus réticents et il y a un processus intéressant qui se déroule.

Concernant le Sans-Nom et tout ce qu'il y a autour. C'est la quête, le but ultime, mais aussi le moyen pour nous de voir des légendes prendre vie ainsi que leurs ramifications. Tout est lié, et au fur et à mesure que nous avançons, les pièces du puzzle se mettent en place. J'adore cela, encore une fois. le Prieuré de l'oranger joue sur plusieurs plans : religieux, magique, politique, gouvernance… avec une question : comment des êtres que tout oppose peuvent s'unir face à un ennemi commun ? Et c'est quelque chose qui est aussi contemporain et avec laquelle on arrive facilement à s'immerger.

Côté personnages. Ead, Loth et Sabran ont été un régal à suivre. Ils évoluent tous les trois de façons intelligentes et ce sont des êtres avec lesquels il est facile d'avoir de la sympathie. Il n'y a pas de sublimation d'ailleurs, on voit autant les défauts que les qualités de chacun, ce qui les rend plus humains. Ce ne sont pas des surhommes. Tané et Roos… j'ai eu plus de mal. Tané est trop centrée sur elle-même, tout comme Roos. Les deux ont consacré leur vie à leurs rêves et cela les rend trop égocentriques. Même si Tané est plus nuancée à ce niveau-là, elle est parfois trop froide, trop distante. Elle évolue, fort heureusement, et l'on comprend pourquoi elle est devenue qui elle est, ce qui atténue le tout. Roos est trop en colère, trop aigri… Il est obligé de sombrer encore et encore pour qu'une faible étincelle apparaisse à un moment donné. Mais franchement… Je trouve qu'il a malgré tout une bonne étoile bien trop conciliante au-dessus de sa tête.

La fin est épique comme on pouvait s'y attendre. Elle est aussi assez rapide et un peu expéditive en un sens. Il y a eu un long processus pour parvenir à ce moment, et je pense que le fait d'arriver à un moment si intense fait qu'on le voit défiler rapidement. Mais j'aurais surtout aimé qu'on est une conclusion plus « définitive » concernant certains personnages. Samantha Shannon ne semble pas avoir renoncé à poursuivre l'aventure du Prieuré de l'oranger, elle se donne ainsi la possibilité de continuer. Alors je ne perds pas espoir d'avoir les réponses à mes questions.

Une belle épopée qui joue avec la modernité et les règles du genre. Des personnages féminins forts, une gestion de la religion et de la sexualité plus libre et diverse, une quête prenante, un style fluide et un univers riche et abouti. Une découverte fort sympathique et prenante.

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Inspiré du mythe d'Excalibur en beaucoup plus soft, normal, on est sur une lecture young-adult, ce gros roman (presque 1000 pages) offre un peu de dragons, un peu de magie, un peu de batailles. En bref, un peu de tout et néanmoins rien de bien nourrissant pour un imaginaire un peu exigeant.

L'histoire en elle-même n'est pas très originale.
Dans les Abysses, le Sans-Nom, un dragon version bête de l'enfer dont le but est de détruire l'humanité, s'apprête à s'éveiller au bout d'un millénaire de sommeil.
D'un côté de la carte, un reinaume où la monarque est vénérée puisque, selon la croyance locale, son existence seule empêcherait le réveil du Sans-Nom. de l'autre, un peuple qui adore les dragons comme des dieux vivants et au centre un oranger qui délivre ses fruits aux seuls mages dignes de goûter à sa chair et à son pouvoir.

Ces différents récits donnent lieu à pléthore de protagonistes disséminés sur la carte avec des allers et retours entre les histoires. J'ai trouvé difficile d'identifier les personnages car on saute sans arrêt de l'un à l'autre. Ils ont tous des croyances différentes entre l'Ouest où sont adorés les saints courage, justice etc et l'Est où ce sont les dragons et Ead au palais qui a elle-même une croyance différente bref… J'ai eu du mal à adhérer et à m'y retrouver.
J'ai eu le sentiment que ce récit était la synthèse de plusieurs débuts de romans que l'auteure a fini par assembler pour former un récit unique.
On n'est pas dans un roman adulte pour sûr. L'ensemble reste très convenu avec des personnages tous empreints de loyauté et de ferveur. Trop lisses et animés d'une volonté de faire le bien.

Ajoutez à cela une pointe d'incohérences sur l'intrigue et plusieurs longueurs sur certaines séquences et vous terminez avec un pavé qui certes se laisse lire et se révèle même plutôt divertissant mais vu tout le tapage médiatique à sa sortie et les épithètes ronflants l'accompagnant je m'attendais à des scènes beaucoup plus denses.
L'écriture a un bon rythme dommage que l'action démarre lentement avec une accélération seulement après un bon tiers (c'est-à-dire vers la 300ème page). Ce n'est pas un récit à haute tension et les intrigues restent très « bateau ».

On est loin, très loin, d'une Marie Pavlenko qui avec la Femme sortilège saura vous raconter une toute aussi belle histoire et bien plus cohérente sur seulement 400 pages.

Une agréable lecture mais sans plus.
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La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX, malgré son fort désir d'indépendance, doit se résoudre à se marier pour donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des ombres menaçantes se rapprochent d'elle...
Ead Duryan est une dame de la cour, appartenant à une société secrète de mages. Sa mission : protéger la Reine, quel qu'en soit le prix.
De l'autre côté de la terre, Tané s'est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues.
L'Est et l'Ouest devront faire face ensemble au plus grand péril que la terre est portée…

Samantha Shannon nous livre une gigantesque saga d'héroïc-fantasy, où se mêle religion, dragons, chevalerie, magie noire et blanche. Un sacré cocktail.
Je ne me suis jamais ennuyé tout au long de ces neuf cents et quelques pages. Une gageure !
Ce roman épique est une excellente surprise de fin d'année. Un très bon moment de lecture. Les personnages sont bien construits et leurs psychologies, essentielles dans le déroulement des intrigues, parfaitement dessinées. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et n'envahissent pas inutilement l'intrigue principal.
La mise en place des intrigues, l'alternance Est-Ouest jusqu'à la réunification des trames, sont parfaitement maîtrisées. Un bémol cependant, la bataille finale est un peu raccourcie. On aurait aimé des scènes d'actions plus flamboyantes (sans mauvais jeux de mots). La mort de la soeur du Sans-nom par exemple, est bâclée en deux lignes. La fin dans son ensemble aurait mérité un traitement plus approfondi.
Le côté LGBT est rafraîchissant et ajoute de la profondeur aux personnages concernés.
Le personnage de Tané reste un peu à la traîne en comparaison du développement de ceux de Sabran et Ead. C'est la limite d'un One shoot mais c'est aussi le parti pris de l'autrice.
Point particulier de l'oeuvre : son côté féministe ! Suffisamment rare pour le souligner.
Une oeuvre entière, forte et maîtrisée que je vous conseille, malgré ses faiblesses.

P-S :Effectivement, si vous souhaitez comparer avec Tolkien, Jordan ou encore Martin...
On peut s'y amuser, mais on perdrait alors tous le plaisir de la lecture en général.
Libre à vous.
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Grand battage médiatique sur les sites spécialisés comme Babelio ou Elbakin ) suite à la parution en poche de ce Prioré en 2 tomes. Avec bien évidemment l'incontournable comparaison avec le Trône de fer, et, s'il était paru 20 and + tôt, avec le Seigneur des Anneaux...

Comme d'habitude ces comparaisons n'ont aucun sens, et le lecteur averti le découvrira vite;

De toutes les lectures, le Prioré de l'Oranger est probablement le roman de fantasy (un oneshot de 1000 pages mais pour une fois pas une trilogie!) dans lequel l'amour tiens la plus grande place: Amours entre femmes, entre hommes et éventuellement entre hommes et femmes (ca va Viktor Orban tu transpires ou pas ?), l'autrice sublimant ces histoires qui sont merveilleusement écrites (rendons grace à la traduc.trice ou .teur).

On pourrait craindre un roman mollasson voire gnangan il n'en est rien ! L'ouvrage est bien un roman de fantasy ou l'aventure et l'action tiennent une grand place. Les personnages principaux (majoritairement des femmes de grands pouvoirs-oui c'est probablement un roman féministe et alors?-) sont fouillés et ne tombent jamais dans un quelconque archétype.

Le monde est peut-être le petit bémol de l'ouvrage: on retrouve certains clichés d'un occident chrétien, un japon féodal et une région "arabisante". Mais c'est quand même relativement mineur comparés au Lore et eu reste de l'univers.

bref un excellente lecture et si en plus vous aimez les dragons....
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