Sinners, tome 3 : Scandalous

Et puis il y a nous. Trent. Moi. Notre amour.
Notre amour qui attire l'attention en permanence. Nous sommes un couple mixte avec une grande différence d'âge. Et notre passif a la forme de deux enfants. Ce n'est pas beau à voir. C'est tragique, même. On est loin d'être aussi photogénique que la petite famille parfaite de Vicious, ou que la tribu blonde de Jaime, ou que le doux foyer sans différence d'âge de Dean.
Nous sommes différents, et nous ne changerions ça pour rien au monde.

Cette nuit-là, je regardai Edie beaucoup trop longtemps.
Cette nuit-là, je changeai.
Cette nuit-là, je ne lui pris rien. Pour la première fois depuis des années, je donnais quelque chose de moi. Quelque chose que je ne serais jamais en mesure de récupérer.
C'était à elle.
Pour toujours.

Katie DeJong me faisait penser au Trent ado que j’avais été.

Jamais il n’aurait imaginé être assis là ce soir, en train de manger du homard (il détestait le homard), de boire du vin importé alors qu’il vivait en Californie (il détestait le vin) et de discuter des avantages et des inconvénients de faire un classement des universités (il n’en avait rien à foutre).

"Le besoin d'affronter Edie était féroce, presque indomptable. J'avais envie de lui hurler après pour avoir donné ma clé à Jordan. Je voulais crier, jurer, gueuler, et coucher avec elle, en dépit de toute cette merde. Lui montrer que rien n'était fini entre nous, que ce n'était que le début, qu'elle me rendait complètement taré. Je voulais lui montrer que j'aimais son corps à la folie et que je détestais les conventions selon lesquelles nous n'aurions pas dû être ensemble."

"Tu es ma Dalila, Edie, et je suis ton Sanson. Tu veux me ruiner, me détruire, me déposséder de mon pouvoir et me trahir. Je devrais garder mes distances, mais j'ai trop envie de toi. Quand tout sera fini, quand il ne restera rien d'autre de nous que nos corps en sueur, nos âmes brisées et nos coeurs déchirés, tu te souviendras de moi comme de l'homme qui t'a fait pleurer, et je me souviendrai de toi comme de la fille que j'ai dû briser pour me maintenir la tête hors de l'eau."

Les gens pensent que les enfants de parents divorcés vivent ensuite des relations de merde.Ils ont tort. Au contraire, les personnes issues de foyers brisés essaient de toutes leurs forces de ne pas répéter les erreurs de leurs géniteurs , car ils connaissent la tristesse d'une maison sans amour

— Tu sais ce que c’est, ton problème, Trent ?
Elle avait le souffle court. Elle semblait sur le point de cracher du feu, et j’étais trop égoïste pour faire retomber la température. J’aimais qu’elle soit brûlante, qu’elle parte dans tous les sens, parce que c’était comme ça que je me sentais avec elle. Et privé de quelque chose, aussi. Il y avait une sorte de justice poétique dans tout ça.
— Non, mais je suis sûr que je ne vais pas tarder à l’apprendre.
— Tu te bats contre le courant. Tu agites les bras, tu remues les jambes, tu essaies de lui échapper, de le vaincre. Alors que le secret, c’est de lâcher prise. Le secret, c’est de se laisser porter par la vague. N’aie pas peur d’être mouillé.
J’étais mouillé, pourtant. J’étais même trempé, bordel ! La moitié du temps, j’avais l’impression de me noyer. C’était peut-être la raison de son propos. Edie était beaucoup de choses, mais pas stupide.

- Cette conversation est aussi inutile qu’une gonzesse sans nichons. Cet enfoiré voit probablement plus de chattes que le gynéco de ta femme.

Je n’avais pas besoin de leur signaler ma présence. Trent riva ses yeux aux miens et se mordit la lèvre, tandis qu’il faisait étalage de sa manière de baiser. Sauvage, exigeant, brutal. Il tordit les cheveux flamboyants de la femme autour de sa main puissante, sans cesser de me regarder. Il me fixait comme si c’était moi qui me trouvais devant lui et qui me faisais prendre. Je lui rendis son regard.

– Van Der Zee, tu arrives juste à temps pour la représentation de 20 heures.

L’indifférence dans sa voix contrastait violemment avec le spectacle animal qu’il offrait à son public. Moi.

Il glissa le pouce entre son cou et le col de sa chemise.
— Tu vois, c’est là que tu te trompes, Edie. Je n’ai jamais dit que j’étais d’accord pour ne pas m’entendre avec toi. Simplement, je choisis mes combats. Ça s’appelle être parent, et j’essaie de m’acquitter de ce rôle du mieux que je peux.
C’était un caméléon, interchangeable et adaptable à l’envi. Il dissimulait sa cruauté sous un masque de fausse inquiétude, et ses manières de bulldozer sous un masque d’enthousiasme, de fort caractère et d’ambition. À mes yeux, ses actes avaient fait de lui le monstre qu’il était à présent. Mais, aux yeux du commun des mortels, il demeurait un citoyen respectable parmi tant d’autres. Un pauvre garçon néerlandais, venu aux États-Unis avec ses parents, qui avait réalisé le rêve américain et était devenu millionnaire tout seul, à force de travail et d’intelligence.
Il avait l’air inquiet, et peut-être qu’il l’était, mais pas pour mon bien-être.
J’essuyai mon visage mouillé avec mon avant-bras.
— Père…