Il dégageait quelque chose d'infiniment fort, une qualité spirituelle qui donnait à tout le monde l'envie de l'écouter. En sa présence, les gens étaient attentifs, concentrés. Personne ne le considérait comme un poète majeur - Dylan n'était pas Allen Ginsberg -, mais ses mots touchaient les gens. Dylan était extrêmement doué pour mettre les idées en forme, il avait le don de la concision, de la clairvoyance, mais sans être l'un de ces visionnaires solennels et pompeux. Il était plutôt comme Kerouac, une sorte de lumière. Mais pas un guide, en tous cas pas un guide revendiqué, pas un gourou. Il avait une qualité intellectuelle tellement forte - et tellement difficile à résumer par le langage - que le cinéma me paraissait le seul vecteur capable de lui rendre justice.
[Interview de Don Alan Pennebaker, qui a filmé et réalisé Don't Look Back, film documentaire sur la tournée britannique en 1965.]