Votre femme est enlevée. Les ravisseurs vous demandent 2 millions d'Euros de rançon. Il ne faut pas prévenir la police. Pouvez-vous gérer ça tout seul? Même si étant riche, vous avez la somme demandée sur des comptes offshore. Flosi ne peut pas et demande de l'aide. Son comptable lui envoie Aurora - une détective spécialisée dans la finance - pour l'assister, laquelle Aurora fait appel à Daniel et Helena de la police de Reykjavik qui vont tout faire pour rester le plus discrets possible.
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L'enlèvement contre rançon est un excellent sujet de roman policier. Les interrogations sont nombreuses. Est-ce un enlèvement réel? le versement de la rançon est-il le but ultime, ou l'enlèvement n'est-il qu'une punition contre la personne enlevée ou son conjoint? Est-ce une mise en scène pour masquer un crime? La personne enlevée est-elle complice? Ou au contraire, est-ce le conjoint qui a organisé l'enlèvement? Comment être sûr que le paiement de la rançon va permettre la libération de la personne enlevée? Et si elle est déjà morte? Coté kidnappeurs, comment peuvent-ils être certains que la police n'a pas été impliquée, et qu'ils ne vont pas être arrêtés dès la rançon versée? Quels scénarios de surveillance du conjoint, de contact avec lui, de remise de rançon et de libération de l'otage faut-il imaginer pour se prémunir de ce risque? Bref, toutes ces questions tournent dans ma tête dès que j'entame la lecture de
Rouge comme la mer.
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Et Aurora, Daniel et Helena se posent ces mêmes questions, d'autant plus qu'assez vite il apparaît que Flosi a une maîtresse, qu'il y a quelque chose de louche dans les comptes de sa société de jardinage et qu'enfin sa femme a vidé son compte bancaire - très bien approvisionné - avant d'être enlevée. La tension monte. Les rebondissements se succèdent. Dans ce genre d'intrigue, tout peut arriver et la fin est impossible à anticiper.
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Il y a toujours beaucoup de femmes parmi les protagonistes de Lilja Sigurdadottir. Ce sont souvent des femmes intelligentes, indépendantes et fortes comme Agla (cadre dans la banque), Aurora (enquêtrice financière) et Sonja (passeuse de drogue), les trois personnages féminins récurrents de l'auteur. L'intrigue constitue le coeur du roman, même si on jette un coup d'oeil de temps en temps sur la vie privée des héroïnes. Les sujets de société des romans précédents étaient tirés de la réalité islandaise : la crise bancaire de 2008, l'émergence plus récente du trafic de drogue. Mais le thème de
Rouge comme la mer - un kidnapping - est inconnu en Islande, pays le plus sûr au monde! L'auteure s'avance donc sur un terrain méconnu d'un Islandais, mais s'en tire très bien.