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Citations sur Chemin sans issue (3)

- Vladimir !...
Elle s'efforçait de rire. Elle s'efforçait aussi de reculer, mais elle était arrêtée par le dossier de la chaise longue.
- Qu'est-ce que tu as ?... Qu'est-ce que je t'ai fait ?...
Il était tout près, encore plus près, et soudain il faisait un mouvement brusque, saisissait le cou de Jeanne Papelier entre ses mains fébriles.
Il n'y eut pas un cri. Seulement un petit bruit ridicule, comme si elle eût été sur le point de vomir. Il dut détourner la tête, car elle le regardait avec des yeux qui commençaient à sortir des orbites et il avait horreur de la douleur physique.
Il tremblait de tous ses membres. La panique lui montait à la gorge. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était l'idée qu'elle souffrait et il se demandait combien de temps elle mettrait à mourir.
Les jambes remuaient convulsivement, même la jambe à la gouttière. Vladimir ne sentait plus ses doigts. Ses pouces s'endolorissaient et il lâcha prise.
Mais alors, après une seconde d'immobilité, la tête bougea encore et, affolé à l'idée que Jeanne allait souffrir à nouveau, il prit un siphon sur la table, en frappa un coup violent sur les cheveux décolorés.
Le siphon ne cassa pas ! Vladimir respira profondément, repoussa la bouteille qui le tentait, se dirigea enfin en zigzaguant vers l'escalier.

[Georges SIMENON, "Chemin sans issue", chapitre VIII -- Gallimard (Paris) 1937, réédition collection "folio", pages 164-165]
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Il était là, tout en haut ! Vladimir le voyait, assis sur sa couchette ! Blinis le regardait avec une sorte de terreur, un Blinis qui, lui aussi, avait de la barbe, ce qui lui faisait ressembler à un Christ.

- "Blinis ! ... C'est moi ..."

Les hommes s'interrogeaient du regard pour savoir s'ils allaient sortir l'énergumène.

- "Descends ! ... Viens vite ! ..."

Blinis hésitait, se glissait le long des couchettes superposées. Il n'avait pas de chemise. Il portait un vieux veston sur la peau et Vladimir éclata en sanglots, le prit dans ses bras en balbultiant :

- "Blinis ! ... Viens ! ... Partons ..."

On les entourait sans rien dire. Blinis était inquiet.

- "Où veux-tu aller ?

- Tais-toi ! ... Viens ! ... J'ai de l'argent ..."

Il eut peur. Il n'aurait pas dû dire cela si haut. Il se demandait si on n'allait pas sauter sur lui pour le voler. Il entraîna Blinis vers la porte en désespérant de l'atteindre en bon état.

- "Je t'expliquerai ..."

La minute inouïe, ce fut quand ils poussèrent la porte et reçurent une bouffée d'air glacé.

- "Viens ..."

Maintenant, Vladimir riait, riait surtout de l'air ahuri et effrayé de son compagnon. Ils étaient sauvés ! Ils étaient dans la rue ! ... [...]
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[...] ... C'était un mauvais moment à passer, voilà tout ! Dans une heure ou deux, Jeanne Papelier s'éveillerait, s'apercevrait que son brillant avait disparu. Elle ne tenait peut-être pas à grand chose, mais elle tenait à ce bijou qu'elle égarait une fois par semaine et qu'elle retrouvait invariablement à la place où elle-même l'avait mis.

Chaque fois, c'était la même comédie. Elle appelait les domestiques, les invités. Elle les regardait tous d'un air soupçonneux. Elle criait :

- "Qui est-ce qui a chipé mon brillant ?"

Et elle mettait la villa sens-dessus dessous, visitant les chambres des domestiques et même les chambres d'amis, grondant, menaçant, se lamentant.

- "Si quelqu'un a besoin d'argent, il n'a qu'à le dire ... Mais qu'on me vole mon brillant ! ... A moi qui donnerais ma chemise si on me la demandait ! ..."

C'était vrai. Il y avait toujours cinq ou six personnes, sinon dix, à vivre aux Mimosas. De vagues amis qui arrivaient pour deux jours et qui restaient un mois ! Des femmes et des hommes, des femmes surtout ...

- "Tu n'as pas apporté de robe du soir et tu veux aller au casinon ? ... Viens avec moi ... Choisis ..."

Elle donnait ses robes. Elle donnait ses étuis à cigarettes, ses briquets, ses sacs à main. Quand elle avait bu, elle donnait tout ce qui lui tombait sur les yeux, quitte une fois de sang-froid, à grommeler :

- "Ces gens qui viennent ici pour se faire entretenir ... "

Elle donnait à ses domestiques, à tout le monde. Sauf à Vladimir, parce que Vladimir, c'était autre chose. ... [...]
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