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L'oncle Antoine est mort mardi, la veille de la Toussaint, vers onze heures du soir vraisemblablement.
Premiers mots du récit par l'un de ses neveux de la mort d'un oncle riche et célèbre dans le monde juridique. Un mort qui a choisi le suicide, et qui laisse une femme plus jeune que lui de 31 ans. Au fil de ses confidences, Blaise, modeste professeur de dessin à l'école des Beaux-Arts de sa ville nous révèle toutes les faiblesses de sa famille, son propre ménage à trois, son cousin parti depuis 20 ans et qui vient de réapparaitre, tous les non-dits de cette famille.
Les allées et venues prennent place dans les quelques jours qui séparent le geste de l'oncle de son enterrement et de la lecture du testament, et la vie qui reprend sans grand changement.
Toujours la capacité de Simenon à dévoiler les relations sans grandes phrases, ni démonstrations. Juste par touches qui semblent tellement justes.
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Bienvenue chez les Huet, une famille d'importance, dont le grand oncle, Antoine, vient de se suicider (allez savoir pourquoi ?, même si peut-être …). C'était un juriste de 72 ans, émérite et reconnu, un notable influent en ville et même au-delà, un homme semble t'il riche au-delà des espérances de chacun des héritiers potentiels. Antoine est décéder sans enfants. Colette, sa veuve, nymphomane notoire et un tantinet psychiatrique, va-t-elle rafler la mise malgré la promesse testamentaire de son mari de ne faire hériter que les « vrais » Huet ? Antoine était le patriarche d'une famille toute à sa dévotion. Ses neveux et nièces en abondance, leurs enfants, jusqu'alors sous le poids d'un seul et même homme s'interrogent désormais sur la nouvelle donne induite par sa disparition. Chacun pour soi ou unité familiale reconduite ?

Du mardi, veille de la Toussaint, au jeudi qui suit ; d'un suicide à un enterrement et l'ouverture d'un testament, les espoirs et calculs de chacun, tandis qu'en « Je narratif » un neveu (Blaise) regarde tout çà d'un drôle d'air, qui loin d'être spéculatif et ironique, s'apparente à l'indifférence fataliste ; il semble avoir un compte à régler avec sa propre existence, un dilemme qui apparente sa vie à celle d'Antoine …. Aux mêmes causes les mêmes effets ?

Il y a Lucien, le neveu il y a peu dénoncé comme résistant, revenu de Buchenwald à la Libération. Profondément croyant il serait prêt à pardonner si seulement ... ;

il y a Blaise, petit professeur aux Beaux-Arts, un être falot qui se sait trompé par sa femme mais que cela indiffère presque ;

Il y a Edouard, le petit neveu, le vilain petit canard de la famille, celui que l'on annonce de retour en ville (après si longtemps), désormais quasi clochard, jadis portant beau, ex chéri de ses dames, celui que tout le monde a connu des projets irréalisables plein la tête et qui à chaque fois s'est cassé la gueule. C'est celui qui, penaud, revient vers sa femme, Marie, qu'il a quitté mais qui l'aime encore. C'est, pour la famille, le squelette dans le placard.

Et puis, il y a « Les autres », tous ceux qui, familiaux ou satellitaires, perdus de vus ou depuis toujours présents, pique-assiettes ou amis sincères, gravitent en périphérie de la famille en deuil, aux aguets du notaire qui à quelques jours de là ouvrira une certaine lettre …

La suite appartient au récit.

«Les autres » est un « roman dur » atypique. Simenon y accroit considérablement le nombre habituel de ses personnages. le roman traine, ainsi, jusqu'à mi-parcours, avant de démarrer vraiment, à cause du patient descriptif généalogique nécessaire. J'ai toujours été chagriné, au jeu du « qui-est-qui », par ses arborescences familiales foisonnantes où je m'égare facilement. J'y perds, dès le début, presque par anticipation résignée, un fil d'Ariane qui m'est, personnellement, bien trop fragile. le Grand Arbre de la famille Huet m'est trop touffu, complexe et ramifié. C'est pourtant l'assise du livre ; c'est par cette structure même que se construit le drame. Cela m'a gâté la lecture.

Mais …

Il n'en reste pas moins, qu'à son habitude, la prose souple de Simenon cible à coeur, se fait sans concession d'un milieu aux entrailles cachées appelées à émerger, même si au final la vie y reprend (presque) comme avant.

Plus psychologique que policier, « Les autres » emprunte sans conteste, le sillon commun d'une littérature générale de qualité. C'est en ce sens, qu'au final et au-delà d'une attente policière qui n'est pas venue, j'en ai beaucoup apprécié la manière d'habiller le thème, d'exploiter les ressorts d'intrigue, de dresser les portraits aiguisés de personnages attachants ou détestables (les derniers sont peu nombreux), de bâtir les bons et mauvais moments d'une famille, somme toute, comme tant d'autres.
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La veille de la Toussaint, Antoine, riche et âgé oncle de Blaise, se donne la mort. Sa jeune femme, Colette, psychiquement fragile, veut se jeter par la fenêtre… Blaise devient l'observateur du remue-ménage familial que va créer cette situation bouleversante pour les membres de la famille.
L'éclairage est mis sur les petits et grands secrets d'une famille ordinaire dans une ambiance assez crépusculaire et tendue. Pourquoi Antoine s'est donné la mort ? Qui sera le bénéficiaire principal couché sur son testament ? Autant de questions qui devront trouver leur réponse au cours de ce qui s'apparente plus, par la forme, à une nouvelle qu'à un roman.
Le regard discret mais acéré de Blaise, les phrases courtes mais lourdes de sens, l'accumulation des petites choses qui font la grandeur ou la décadence d'une vie sont là, montrées à nu, comme autant de petites vérités qui, reliées entre elles, forment ce que l'on appelle la vie. le cadre familial se prête à cet exercice littéraire. Il est le ferment de bien des turpitudes et bien des émois. L'enfer, c'est les Autres ! Cette sentence populaire prend tout son sens ici…
Georges Simenon réalise la performance de rendre à l'insignifiance ordinaire la grandeur de sa présence. C'est dans le banal que germent les graines d'Humanité que nous sommes, charge à nous de lui donner un sens pour éviter d'être finalement une oeuvre ratée ou vaine.
Georges Simenon est un écrivain talentueux. Un vrai. Il le prouve encore dans ce petit ouvrage qui exhale la beauté créatrice au travers de la désespérance à laquelle l'Homme est voué depuis l'aube des temps, soumis aux exigences temporelles et à sa fin inéluctable.

Michelangelo 28/05/2019

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"(...) une fade odeur de fleurs flétries et de terre remuée."

Roman du presque rien, Les Autres relate l'engourdissement, la sclérose, la décomposition lente...

L'oncle Antoine, notable sans descendance, s'est suicidé. Son neveu, Blaise Huet, narrateur languide, entreprend, à la suite de cette soudaine disparition, d'évoquer par écrit sa famille et les liens moisis qui en sanglent les membres.

Un cousin revenu de son enfer (collaboration et proxénétisme), un frère, martyr consentant, une mère mal aimante ou une tante nymphomane : il vermille, de sa plume, ces cloportes grouilleurs. Ce faisant, Huet grave son autoportrait en creux, celui d'un pauvre type, falot et sans ambition, qui brocante son épouse frivole pour arrondir ses fins de mois.

Moi comme Les Autres.

Les motifs simenoniens suppurent : les femmes sont frigides qui nient le plaisir, le supportent comme un fardeau ou l'éteignent sous la mouchette d'une réputation à tenir et les hommes sont ardents mais défaillants, lâches et mufles ; les personnages sont absents et leurs âmes hagardes.

Avec ses remugles d'eau croupie, son atmosphère de lavasse, le roman qui se déroule entre Jour des Morts, obsèques et ouverture de testament laisse un arrière-goût de dent gâtée. Simenon, laconique et rigoriste, y prononce l'absoute d'une poignée de médiocres, nos frères et soeurs en renoncements et plus son récit se dilue dans un néant cotonneux, plus le génial romancier nous saisit.

En piquetant de silences et de pluie son écriture blanche, le subtil Simenon mélancolise durablement son lecteur, ébloui par une telle stridence.

Nous c'est Les Autres.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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L'oncle à héritage s'est suicidé ! Dans la famille Huet, c'est un séisme . Les placards s'ouvrent et il en sort bien des cadavres et des peu ragoûtants .Sous-entendus fielleux, regards en coin, sourires carnassiers . le narrateur , l'un des neveux , observe cette comédie humaine . Ils sont venus , ils sont tous là ,il y a même Edouard le neveu maudit . Une extraordinaire étude de moeurs dans une ambiance qui fait penser à la famille de « Ces gens-là » de Brel . C'est noir , très noir dans la peinture de la solitude profonde des individus mais aussi d'un grande humanité.
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Un huis clos familial comme l'auteur sait les faire a merveille : Il excelle en effet sur ce type de récit et ce livre ne contredit pas la regle : du très bon Simenon nous est ici offert et vous vous regalerez de cette histoire, bonne lecture à tous en tout cas !
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Dans les années soixante, une histoire de famille se trouve remise en avant à l'occasion du décès par suicide du "patriarche" (l'oncle du narrateur qui était une sommité juridique et l'homme qui avait réussi dans sa famille). Cette histoire de famille concerne un des cousins du narrateur et s'est déroulée pendant la guerre quarante. Les quelques jours séparant le décès des obsèques et du passage chez le notaire pour la lecture du testament sont l'occasion pour le narrateur de se rapprocher de plusieurs membres de sa famille (de son frère et d'une belle-soeur notamment) et d'avoir des moments de communion très forts avec eux... le narrateur a même l'impression de pouvoir commencer une nouvelle vie. Ce qui n'est pas sans lui faire peur...
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Quelques jours dans la vie d'un homme à la mort de son oncle. Les histoires de famille, le passé ... ressortent. Simenon sait si bien camper la situation que l'on s'y retrouve toujours. Admirable.
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