AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Terreur (37)

Même privé de lanterne, Crozier se déplacerait sans peine dans ces ténèbres infestées de rats; il connaît chaque centimètre carré de ce navire. Parfois, et notamment la nuit, lorsque gémit la glace, (...) Crozier comprend pour de bon que le HSM Terror est son épouse,  sa mère,  sa promise et sa putain. Cette intimité avec une dame faite de chêne et de fer, d'étoupe et de lest, de toile et de cuivre, est le véritable mariage qu’il connaîtra jamais. 
Commenter  J’apprécie          410
Sous les yeux de Crozier, les champs de glace fracturés qui entourent le bateau virent au bleu, puis au violacé, pour devenir aussi verts que les collines de l’Irlande du Nord de son enfance. À près d’un mille côté tribord, l’immense montagne de glace flottante qui dissimule l’Erebus, le sister-ship du Terror, semble, l’espace d’un instant trompeur, rayonner d’une couleur intérieure, d’un feu glacial brûlant dans ses entrailles.
Commenter  J’apprécie          404
Les animaux avaient refait leur apparition en même temps que le soleil et la mer, dans le ciel comme dans les eaux. Durant les longues journées de l'été arctique, où l‘astre du jour demeurait au-dessus de l'horizon presque jusqu'à minuit et où les températures montaient parfois au-dessus de zéro, les cieux s'emplissaient d'oiseaux migrateurs. Franklin lui-même parvenait à distinguer les pétrels des sarcelles, les eiders des mergules et les petits macareux des autres oiseaux. Autour de l'Erebus et du Terror, les chenaux de plus en plus larges grouillaient  de baleines franches qui auraient pu faire saliver un baleinier yankee, sans parler des morues, harengs, et autre menu fretin (...).
Commenter  J’apprécie          370
70°05’ de latitude nord, 98°23’ de longitude ouest. Octobre 1847.

En montant sur le pont, le capitaine Crozier découvre que son navire est assiégé par des spectres célestes. Au-dessus de lui - au-dessus du Terror -, des plis de lumière chatoyante plongent puis se dérobent en hâte, tels les bras multicolores de fantômes agressifs mais au bout du compte hésitants. Des doigts osseux d'ectoplasme se tendent vers le bateau, s'écartent, font mine de se refermer puis se retirent. La température a atteint - 45°C et descend à toute allure. 

(Incipit)
Commenter  J’apprécie          292
La tranche de viande se retrouva dans sa bouche. Il la mâcha tout en s’efforçant de mimer sa reconnaissance à la jeune femme, le tout sans lâcher ni le couteau ni la pièce de phoque.
On eût dit un morceau de carpe en décomposition avancée, pêchée dans la Tamise au niveau des canalisations d’égout de Woolwich.
Pris d’un soudain haut-le-cœur, Irving fit mine de recracher le morceau à peine mâché, puis, décidant qu’une telle réaction serait nuisible à sa mission diplomatique, se força à l’avaler.
Commenter  J’apprécie          242
Heureusement, dans le tourment de sa jeunesse, John Bridgens disposait également de deux atouts le préservant de l'auto-destruction : l'amour des livres et l'ironie.
P.830
Commenter  J’apprécie          190
[...] ... Dehors, il fait noir comme dans le ventre d'une anguille - pas de lune, ni d'étoiles, ni d'aurore boréale - et, surtout, il fait froid ; la température atteignait - 53° C six heures plus tôt, lorsque le jeune Irving est monté la mesurer, et un vent violent sur les moignons de mâts [les mâts ont été démontés en partie afin de donner une meilleure assise au bateau] et sur le pont gîtant et couvert de glace, chassant la neige devant lui. Comme il émerge de la bâche gelée tendue au-dessus de la grande écoutille, Crozier plaque sa main gantée sur son visage pour se protéger les yeux et aperçoit la lueur d'une lanterne à tribord.

Reuben Male est agenouillé près du soldat Heather, qui gît sur le dos, débarrassé de sa casquette et de sa perruque galloise, mais aussi d'une partie de sa boîte crânienne, ainsi que le constate Crozier. Aucune goutte de sang ne semble avoir coulé, mais il distingue des bribes de cervelle luisant à la lueur de la lanterne : une couche de cristaux de glace recouvre déjà cette matière grise.

- "Il est encore vivant, commandant", dit le chef du gaillard d'avant.

- Foutredieu !" s'exclame l'un des hommes qui se pressent derrière Crozier.

- "Suffit !" s'écrie le premier maître. "Cessez de blasphémer ! Et attendez, pour l'ouvrir, qu'on vous adresse la parole, Crispe."

Sa voix est à mi chemin du grondement de dogue et du reniflement de taureau.

- "Monsieur Hornby", dit Crozier. "Demandez à Mr Crispe de redescendre et de nous rapporter son hamac pour transporter le soldat Heather.

- A vos ordres, commandant," répondent à l'unisson le premier maître et le matelot.

On sent vibrer le pont sous les bottes de ce dernier, mais le vent assourdit le bruit de sa course.

Crozier se redresse et éclaire les alentours.

La lourde rambarde devant laquelle s'était posté le soldat Heather, sous les enfléchures prises dans la glace, est réduite en pièces. La brèche ainsi ouverte donne sur un toboggan de glace et de neige d'une dizaine de mètres de long, que la tempête de neige dissimule en partie. On n'aperçoit aucune empreinte dans le petit disque de neige éclairé par la lanterne du capitaine. ... [...]
Commenter  J’apprécie          191
La vie est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève.

Hobbes, maintes fois cité.
Commenter  J’apprécie          168
Chacun de nous, je pense, interprétait ces paroles comme un adieu, comme un éloge funèbre nous concernant tous. Jusqu'à ce jour, nombre d'entre nous pensaient encore avoir une chance de survie. Nous savions désormais que nous n'en avions plus aucune. Jamais la glace ne renoncera à nous. Et la créature des glaces ne nous laissera jamais partir.
Commenter  J’apprécie          160
[...] ... Crozier voulait savoir s'il était possible de voyager sur la banquise à marche forcée, en tractant un bateau et un traîneau en pleine charge. Les onze hommes étaient partis le 23 mars, à sept heures du matin, par une température de - 39° C, salués par les hourras de tous leurs camarades en état de se lever.

Des Voeux et son équipe étaient revenus au bout de trois semaines. Si on ne déplorait aucune perte dans leurs rangs, ils étaient tous harassés et quatre d'entre eux souffraient d'engelures. Magnus Manson était le seule membre de cet équipage d'élite à ne pas sembler sur le point de mourir d'épuisement.

En trois semaines, ils n'avaient pu parcourir que quarante-cinq kilomètres en ligne droite. Par la suite, Des Voeux estima que la distance réelle qu'ils avaient couverte s'élevait en fait à deux-cent-quarante kilomètres, car il était impossible d'éviter les détours sur une banquise aussi accidentée. En mettant le cap au nord-est, ils avaient affronté des conditions climatiques encore plus dures que celles du Neuvième Cercle de l'Enfer, où ils étaient bloqués depuis deux ans. Les crêtes de pression étaient légion. Certaines s'élevaient à plus de vingt-cinq mètres. Il était malaisé de garder le cap lorsque les nuages occultaient le soleil et les étoiles elles-mêmes disparaissaient durant les nuits de dix-huit heures. Quant à la boussole, elle ne servait à rien si près du pôle Nord magnétique.

Ils avaient pris la précaution d'emporter cinq tentes, bien qu'ils n'aient compter en utiliser que deux. Mais les températures nocturnes étaient si basses qu'ils avaient passé les neuf dernières nuits entassés dans une seule tente, y dormant d'un sommeil au mieux agité. En fait, ils n'avaient guère eu le choix, les quatre autres ayant été emportées ou détruites par le vent.

Des Voeux avait réussi à maintenir le cap au nord-est mais, à mesure que le temps s'aggravait et que les crêtes se faisaient plus denses, les détours auxquels ils étaient contraints étaient de plus en plus fréquents, de plus en plus pénibles, et le traîneau avait souffert à force d'être hissé encore et encore sur des hauteurs de plus en plus escarpées. Ils avaient perdu deux jours à le réparer, bloqués dans un maelström de neige et de bise. ... [...]
Commenter  J’apprécie          160






    Lecteurs (2124) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Connaissez-vous les 7 pèlerins allant sur Hypérion ?

    Comment s'appelle le poète ?

    Martin Silenus
    Lénar Hoyt
    Sol Weintraub
    Paul Duré

    10 questions
    15 lecteurs ont répondu
    Thème : Le cycle d'Hypérion, tome 1 : Hypérion de Dan SimmonsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}