Lorsque Amandine a demandé à me parler, en vrai, courant premier trimestre, j'avoue que je ne savais pas à quoi m'attendre. Certainement pas à ça.
Elle avait un roman dans un coin de sa tête et elle voulait que je l'aide, que je la coache, pour que ce projet ne reste pas dans les limbes de ses belles idées. Elle voulait que moi, éditrice certes, mais toujours que primo-romancière, je joue les sage-femmes pour son premier bébé.
Si j'avais eu une once de jugeotte et peut-être aussi d'humilité, j'aurais trouvé ça terrifiant. Mais l'univers est facétieux, et elle s'est présentée à un moment de ma vie où j'avais envie de prendre les risques les plus inconsidérés. Alors j'ai trouvé ça terriblement excitant.
On ne s'étendra pas sur la question. Bien sûr que j'ai plus appris que je ne lui ai véritablement « enseigné » quoi que ce soit. Bien sûr. En m'écoutant lui déblatérer mes grandes certitudes, je me suis dit : « ben ça te ferait pas de mal à toi aussi, hein ! »
Quoi qu'il en soit, il n'y avait pas à hésiter. Je connaissais Amandine, une de mes anciennes étudiantes à Aix, je me doutais qu'elle avait des trucs à raconter, et qu'une fois lancée, elle le ferait plus que bien. Et que quelque part, elle n'avait absolument pas besoin de ma science, juste de ma présence. D'un cadre. D'une deadline. Peut-être aussi avait-elle besoin de parler, de mettre quelqu'un dans la confidence.
Parce que son beau projet n'était véritablement que dans sa tête. Encore très peu sur le papier et certainement pas dans les tuyaux. Personne ne savait, et surtout pas son père.
Son père. Tout ça à cause de, grâce à son père. Tout ça, le livre, mais tout ça le Brésil, aussi. Amadine écrit sur le Brésil ? Forcément que je vais l'aider.
Elle nous raconte, comme au chevet de son père malade, comment son expérience brésilienne à lui a façonné sa vie brésilienne à elle. Secrets, musique, aventures, et silences, il y a de tout dans l'histoire d'Amandine. de tout ce qui fait le Brésil. D'ici, on en voit les bruits, la fête, et les excès. Là-bas, c'est une force tranquille. Une énergie, une vibration qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus.
Il est très brésilien, le texte d'Amandine.
Didier Sustrac, auteur de sa jolie préface (son petit « poème d'introduction »), le dit parfaitement : on est « cueilli. » On croit qu'on est prêt. le Brésil, les relations père-fille. On croit qu'on sait. Et puis non.
Tu as bien fait d'écrire, Amandine.
Merci.