Citations sur Du bon usage des crises (52)
Ce qui me touche profondément dans cette histoire, c'est que j'ai eu le bonheur d'avoir à la fois les parents les plus raisonnables du monde et les plus fous. Les plus raisonnables parce qu'ils savaient qu'inviter un être de plus en enfer était scandaleux. Les plus fous parce qu'ils ont fait preuve de sublime irresponsabilité en optant malgré tout pour la vie.
Quand je porte sur l'autre un regard amoureux, je lui révèle sa nature profonde, je le rappelle à son identité véritable.
Mais personne ne nous doit rien, surtout pas ceux que nous aimons ! Ils nous ont déjà tout donné ! Ils ont réveilé en nous I'amour ! Oser dire: «Tu me dois quelque chose. L'amour que j'ai pour toi a créé des droits.J'ai des droits sur toi puisque je t'aime. » Ignoble. Ignoble. (...) Apprenons ce qu'est l'amour. Comment y aurait-il une autre raison à l'amour que d'aimer ? Vous voulez en tirer un avantage supplémentaire ? Ceux qui m'ont, dans ma vie, inspiré de l'amour, mais je leur dois tout !
Oui, les enfants sont des accoucheurs d'ombres. C'est la raison de leur affinité profonde avec leurs grands-parents, ces personnes âgées qui ont dépouillé leurs masques, qui ont renoncé aux apparences, qui entrent dans leur vérité quand l'évolution de leur vie s'est passée comme elle se doit !
Je ne deviens capable de véritable compassion que lorsque j'ai pris conscience de la merveille du monde créé.
Que de choses, et que d'êtres nous entraînons sans le savoir dans le réseau de nos lumières, de nos espérances, de nos images!
Le sens de la souffrance c'est de traverser.
Et si nous prenions conscience de cela, nous qui vivons dans un univers faussé et qui croyons à notre impuissance !Chacun de nous en changeant sa vie, en métamorphosant le rapport qu'il entretient avec les choses, avec les êtres, en vivant un grand amour, ou simplement en arrosant son pot d'azalée, en caressant la tête d'un enfant, en faisant mille gestes d'amour, sauve le monde sans le savoir...
J'ai gagné la certitude, en cours de route, que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire.
Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu'est le pire ?
Le pire, c'est bel et bien d'avoir traversé la vie sans naufrages, d'être resté à la surface des choses, d'avoir dansé au bal des ombres, d'avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n'avoir jamais été précipité dans une autre dimension.
Dans cette surenchère de produits, cette pléthore de biens, cet excès de paroles, de slogans, d'idéologies qui nous étouffent, nous n'avons besoin ni d'une nouvelle théorie, ni d'un autre messianisme, ni d'une nouvelle idéologie de la bienfaisance, ni même nouvel humanisme ! Nous n'avons besoin que d'un silence, d'une pause, d'une amnistie, le temps de renouer avec notre identité véritable.