Réelle

Les coulisses de la télé-réalité sous la plume de Guillaume SIRE qui nous livre un récit intelligent et humain à travers le parcours de Johanna, jeune provinciale qui rêve d'être aimée, reconnue, et surtout réelle.
Dans la famille de Johanna, la télévision est omniprésente, allumée du matin au soir. le père est aimanté par les programmes, la mère déplore être une femme normale au regard des créatures qui défilent sur le petit écran. La grand-mère regarde aussi beaucoup la télévision car sa petite retraite ne lui permet pas d'autres loisirs.
Johanna de son côté n'a de cesse de vouloir s'échapper de ce milieu qu'elle juge un peu « beauf », elle voudrait tellement ressembler à son idole Ophélie Winter. A 14 ans, elle rate la sélection pour l'émission Graines de star. Elle va ensuite arrêter l'école, faire des petits boulots pas très gratifiants, caissière, employée de mac do, vivre une aventure amoureuse un peu glauque.
Et puis, huit ans plus tard, coup de théâtre, elle est contactée pour un nouveau concept d'émission : aller vivre avec quinze autres candidats dans une maison, le Loft, truffée de caméras et de micros ou tous seront filmés en permanence.
Bien entendu chacun se rappellera le premier Loft qui avait défrayé la chronique en 2001, première émission du genre à la télévision française.
Le ton est juste, sans concessions, l'auteur analyse avec acuité le mécanisme de la célébrité qui ne repose sur rien, l'exploitation aussi de ces jeunes trimballés comme du bétail, sans aucune considération ni gratifications. Je me suis toujours interrogée sur les conséquences d'une telle exposition médiatique et surtout de « l'après ». Comment reprendre une vie à peu près normale, retomber dans l'anonymat ?
Et justement, l'analyse de Guillaume SIRE est percutante car il mène brillamment son récit en suivant Johanna avant, pendant et après le Loft.
En effet, après sa sortie du Loft, Johanna intègre une émission de télé réalité librement inspirée de celles qui truffent le PAF où l'humiliation règne sous la houlette d'un animateur que chacun reconnaîtra, à peine caricaturé hélas.
L'auteur ausculte et décortique parfaitement ce que la télévision fait de pire, les candidats sont manipulés, exploités, les rivalités entre eux sont exacerbées. J'ai été touchée par l'histoire d'amour qui nait entre Johanna et Edouard. Lui est d'un autre milieu social et la grande crainte de Johanna est de n'être plus personne à la sortie du Loft, qu'Edouard découvre ses origines et la rejette.
Pour tout dire, j'ai trouvé encore plus cruelle et incisive la dernière partie, Johanna n'en apparait que plus humaine et terriblement attachante, tellement avide de reconnaissance. Guillaume SIRE a vraiment de la tendresse pour son personnage.
Une belle réussite que ce récit qui amène à la réflexion, une chronique sociale très réussie, un constat amer sur une jeunesse en mal de vivre attirée par les miroirs aux alouettes, un réel plaisir de lecture.
Merci à la #communauté leclerc" pour cette découverte.

Joanna vit dans un environnement modeste avec ses parents et son frère Kevin. Dans cette famille, la télévision est allumée du matin au soir...
De quoi rêvent cette jeune fille et son amie Jennifer ?... D'être retenues pour participer à une émission de télé. Elles vont donc tenter leur chance, sans succès.
Mais huit ans plus tard, Joanna est rappelée et lui est proposée une nouvelle expérience. Elle va accepter, pensant atteindre ainsi la célébrité et plonge dans un univers particulier celui de la télé-réalité.
Mais le huis clos du Loft ne dure qu'un temps et ensuite il faut vivre...

L'auteur entraine le lecteur dans les coulisses et les affres et de la télé-réalité qui fait croire aux jeunes que l'on peut devenir riche et célèbre sans rien faire...
L'histoire se situe au début des années 2000 et les faits sont calqués sur le fameux Loft Story, qui fut la première émission du genre en France, suivie par un nombre impressionnant de foyers.
Ainsi on suit l'histoire de cette jeune fille avant, pendant et après le Loft. L'expérience va chambouler sa vie au mépris de sa famille, sa meilleure amie, laissée pour compte, et de ses valeurs.
Au nom du "jeu" et de ses obligations, elle n'assistera même pas à l'enterrement de sa grand mère avec laquelle elle avait pourtant une relation privilégiée...

Guillaume Sire a un regard caustique sur cette société où seules les apparences comptent. C'est un monde de folie, où il convient d'être mince pour apparaitre à l'écran, où le cynisme est de mise pour tout être ne correspondant pas aux normes...
Roman de société qui interpelle sur l'incroyable fascination qu'exerce la télévision sur une grande part de la population; cette télévision voyeuriste, qui lamine l'être humain, sans respect pour sa vie, au nom de l'audimat...
A réfléchir !

PAVILLON DES RÊVES.
C'est cette gamine, Johanna. Des rêves plein la caboche. Des envies de célébrité et de paillettes. Comme un besoin de sortir du cocon familial, et peut-être, surtout, de s'élever au delà d'une strate maigre. Guider sa banlieue. Traverser la route. Traverser l'écran et le crever. Devenir idole. Ce sont les années 2000. le commencement des premières télé-réalité. La première épreuve se nomme Graine de stars. Une famille qui la soutient. Une grand-mère qui ne cesse de répéter que l'argent est le nerf de la vie. Alors, elle y croit la petite, elle veut y entrer dans cette télévision. Pourtant, elle ne chante pas, elle ne danse pas. L'émission est encore à la recherche d'un brin de talent. Pas comme les autres qui vont déferler et offrir la célébrité pour rien.

PIÉTINER LES ILLUSIONS.
Recalée. Il faut songer à revenir. L'école est finie. Pas d'études supérieures. Elle trouve un emploi “en attendant”. Poursuit sur un autre job. Pérégrinations d'une jeunesse qui ne parvient pas à trouver sa place, espère encore. La chance - ou le malheur, s'offre après un appel ; participer à une nouvelle émission. Que doit-elle faire ? Rien. Être filmée. Ca semble si aisé. Etre soi. Être enfermée entre quatre murs. Avec d'autres. La petite banlieusarde s'invente une vie, tisse quelques mensonges, tricote de beaux souvenirs auprès des autres candidats, auprès d'un public qui a les yeux braqués sur l'écran chaque soir.

Etre soi.
Devenir une autre.
S'inventer.
Créer le masque d'une nouvelle identité.

Guillaume Sire propose l'avant, le pendant, et l'après du passage dans la première émission de télé-réalité. Une inspiration directe du Loft, mais truffée de détails, de questionnements. Johanna est son expérience. Une personne jetée à la gueule des loups. Fillette devenue pantomime d'un écran qui avale et recrache, formate et engendre la dépendance d'une célébrité basée sur le rien.
Lien : https://hubris-libris.blogsp..

Johanna ne rêve que d'une chose : être célèbre. Ado dans les années 90, elle vit à travers les variétés de la télé qui, chez elle, reste toujours allumée. Soutenue par ses parents et sa mamie, Johanna passe le casting de Graines de star. Elle est recalée et met, à quatorze ans, son rêve au placard. Elle va chercher le grand amour auprès de grands garçons apparemment bon chic bon genre mais qui vont la réduire à un statut de “beauf”. La jeune fille passe son bac avec dix sur dix de moyenne puis s'émancipe, travaille comme caissière et ensuite au McDo, expérimentant les conditions de travail précaires de millions de Français. Un jour pourtant, une photo d'elle sur les genoux de son père réapparait chez Elmonde, une boite de prod télévisuelle qui a l'idée de lancer la première émission de téléréalité en France. Seize jeunes gens se retrouveront enfermés dans un loft et filmés 24 heures sur 24. Johanna est sélectionnée et son rêve se réalise : elle devient célèbre….
Reflet d'une génération biberonnée à la télé et au star-système, Réelle est aussi le portrait nuancée d'une jeune femme d'aujourd'hui, sans idéologie mais forte de la volonté d'être reconnue, d'être quelqu'un.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/

La famille Tapico est tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Chez eux, on n'éteint la télévision que quatre fois par jour, l'interrupteur étant cassé, la manoeuvre demande des contorsions trop problématiques pour être réalisée plus souvent. Et donc, Johanna sait qu'un nouveau jour commence lorsqu'elle entend la voix de William Leymergie de l'autre côté de la cloison. L'équivalent du pinson de l'aurore …

Johanna a un petit frère, amoureux de sa meilleure amie Jennifer. le lycée n'est pas trop leur truc, elles se dévergondent, comme elles le peuvent, dans l'univers étriqué de leur petite ville, se contorsionnent, dès qu'elles le peuvent, au « club », une cave où on se lâche. Johanna s'y agite en se souvenant vaguement des cours de danse qu'elle a abandonnés, et Jennifer y attrape le garçon qu'elle va consommer rapidement sur le parking avant de rentrer. Johanna l'attend, plus circonspecte. La jeune ado tombe en amour d'Ophélie Winter, écoute en boucle » Dieu m'a donné la foi », accroche au mur le corps divin de la toute nouvelle star …

Les deux amies sont fascinées par les paillettes de la starification facile, le luxe factice des magasines people. Chez Johanna, c'est même de mère en fille : la grand mère les achète, la mère les dévore et Johanna s'en empare en rêvant de rejoindre les rangs des enfoirés. Alors évidemment, lorsque Graine de star annonce un casting, les deux jeunes filles postulent. En fait, elles s'y voient déjà, mais seule Johanna sera retenue pour un rendez vous humiliant et qui tourne court. Premier coup de canif dans leur amitié, et Johanna retourne à sa vie qui rapidement tourne court aussi, petits boulots après un lycée raté, conquêtes stériles, voire dégradantes, le corps comme un objet dont d'autres se servent pour des essais. Johanna se plie.

Mais une photo d'elle joue le rôle du grain de sable. Big brother arrive en France, Johanna est contactée, profil parfait pour le casting ; la blonde sentimentale tellement banale en ses rêves de prince charmant et ses goûts de pacotille que l'identification de toutes les autres blondes sentimentales est du bonus de prime time.

Le roman s'inspire de l'aventure du premier loft story, on ne peut que penser à la Loana et à son Jean Daniel ( même si celui de Johanna n'est pas un goujat, justement … ). le récit met à jour la platitude, la vacuité du phénomène qui naquit dans ces années là, la célébrité instantanée reposant sur le vide et l'ennui, le luxe vu par le haut de gamme de chez IKéa, canapé et lumières tamisées … Marionnette consentante, Johanna pense tenir sa revanche d'anonyme, pense au beau gosse qui l'a prise, jetée pour une autre qui appartenait à sa sphère, celle où on lit des livres et où la télévision n'est qu'un objet parmi d'autres. La cible de l'auteur n'est pas son personnage, alouette dont l'envol ne peut que se casser la figure, mais le mécanisme cynique qui a nourri son phantasme de rêve « clef en main », vendu dans l'écran de la télévision et découpé en tranches de pubs.

Même si j'ai bien compris les tenants et aboutissants du propos, déterminisme social et parois de verre … je l'ai trouvé un poil condescendant, l'auteur … En s'inspirant de philosophes et sociologues sûrement très pertinents, il se place du côté des « sachants », regardant les modestes s'agripper et riper aux parois de la piscine d'une culture populaire, eaux troubles des « non sachants » qui forcément se laissent aveugler dans les phares …. Pauvres petits lapins !


Lien : https://aleslire.wordpress.c..

Quand "Loft Story" a été lancé, on a crié au scandale. J'étais moi aussi choquée que l'on puisse proposer ce genre de programme. J'étais une jeune étudiante, j'ai zieuté mais la sauce n'a pas prise. Depuis, une déferlante d'émissions de télé réalité continue de pourrir le petit écran qui pour le coup est vraiment petit intellectuellement parlant ! Guillaume Sire a lui aussi très certainement évolué à côté de ces marginalités qui sont devenues des normalités et c'est justement cela qu'il dénonce. le pire, c'est que les jeunes y croient dur comme fer et ne rien faire sur un canapé est devenu un métier. Ce roman extrêmement bien construit nous plonge dans l'univers du loft et de ses dérives.

La télévision.
Invention extraordinaire qui permet d'émettre et de recevoir des séquences audiovisuelles.
Autrement appelées émissions de télé.
Émissions qui ont su s'installer confortablement dans les foyers.
Celui des Tapiro ne fait pas exception.
Ils n'éteignent que deux fois le poste par jour.
L'excuse parfaite est la douloureuse contorsion du corps jusqu'à la prise.
Aussi, la télé beugle en continu son flot de conneries en tout genre.
C'est ainsi que Joanna, la fille aînée des Tapiro, rêve de percer l'écran.
Joanna rêve de célébrité, de télé-réalité.
Jennifer, son amie ?, l'embarque dans Graines de star. Les deux filles postulent.
L'une verra ses rêves brisés tandis que l'autre se verra échouer à la dernière marche.
Pourtant, on se souvient de Joanna.
Elle a du potentiel.
C'est sa grand mère qui le dit.
Joanna ne perd pas espoir.
C'est ainsi que la proposition du loft va faire basculer son destin.
Enfermée pendant plusieurs mois avec d'autres individus qui ont des envies de gloire.
Tout n'est que strass et paillette.
Superficiel et naïf.
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J'ai trouvé le personnage de Joanna assez naïf, sans personnalité. J'avais souvent envie de la secouer. Elle prend de mauvaises décisions sans penser aux conséquences. D'ailleurs, a t-elle déjà pris une décision de son propre chef ? Souvent influencée... Les personnages qui gravitent autour d'elle sont tous aussi nocifs les uns que les autres. Entre la grand-mère qui ne lui parle que d'argent, sa mère qui la pousse à faire de la télé, son père totalement inexistant et le frère cadet qui ne s'exprime qu'en criant, Joanna ne peut pas avoir les pieds sur terre. Son obsession pour la célébrité et Ophélie Winter est si grande qu'elle se perd sur des chemins obscurs. Vers une longue descente aux enfers. La télé est certes une belle invention, elle rapproche les foyers durant le temps d'un film. Mais attention aux images, aux propos, aux émissions. Attention à ces gens qui ne perçoivent pas le réel. La plume de l'auteur est très agréable, bien que la première partie du roman ne m'ait pas franchement plu.. mais les propos sont si justes et percutants que l'on ne peut que acquiescer.