Ami lecteur, accrochez-vous ! «
Il était une fois dans l'est » requiert une lecture à flux tendu.
Arpad Soltész, journaliste d'investigation slovaque, plonge le lecteur dans un roman très noir organisé en « patchwork ». Ici en Slovaquie, pas de salut, pas d'état de droit encore moins de droits de l'Homme. La chute de l'URSS et du communisme révèle les pires combines, trafics en tous genres et alliances mafieuses très temporaires. Aux confins de la frontière est de la Slovaquie, le roman déborde sur la Hongrie, l'Ukraine, les Balkans, l'Europe de l'ouest.
Veronika, une jeune slovaque mineure est enlevée et violée par des truands liés aux services secrets. Ils décident de la vendre à un réseau de prostitution. Mais sa fuite provoque révélations et découvertes en cascades. Veronika gêne, seuls un journaliste et deux policiers l'aident dans sa quête de justice. Car la police, les juges, les avocats, les services secrets, le monde politique ont un seul objectif : la course à l'argent. Ils sont totalement gangrénés par la corruption. Les passeurs, les contrebandiers, les mafias, la communauté Rom … et les services officiels s'allient et s'éliminent. Les trafics d'êtres humains, de clandestins, de fraudes fiscales, de marchandises s'entremêlent. Pas de sentiments, les relations sont brutales, directes. le langage est cru, il traduit la violence et la précarité de la vie quotidienne. Pas de compassion, seule la débrouille permet la survie.
Le roman déroule une série d'actions construites en puzzle. le lecteur doit les assembler pour suivre l'histoire. Nombreux, les personnages sont présentés par leur nom, leur prénom, leur surnom ou leur fonction. Les repères sont brouillés : les acteurs sont mafieux et officiels, corrompus et criminels.
Arpad Soltész connaissait Jan Kuciak, journaliste slovaque assassiné en 2018 avec sa compagne, alors qu'il enquêtait sur la corruption. Arpad Soltsz mène le même combat, il a déclaré que « L'écriture de ce roman a été une thérapie ». le portrait froid, cynique et noir d'un pays en décomposition sert ainsi d'exutoire à l'enquêteur.
Merci à Babelio pour son opération « Masse Critique » et aux Editions Agullo pour cette découverte.