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Citations sur Telluria (4)

La monstrueuse catapulte s’orienta lentement au sud-est. Le tocsin sonnait toujours. Un signal retentit, l’allumage se fit et cinquante fulgurantes traînes de feu emportèrent à la file, en un rugissement formidable, les soldats d’acier du Christ dans le ciel bleu du Languedoc. Les chevaliers fusèrent, tels des comètes, vers leur destination lointaine : les rivages de la mer Noire. Au même instant, des centaines de comètes semblables s’arrachaient aux aires de lancement des environs de Liège, de Bréda, des forêts de Siewierz, du Sud des Carpates, des bords du lac de Starnberg et des îles Solovki.
La treizième croisade volante gagnait en force pour porter à l’ennemi un coup prodigieux. Les cris d’une foule retentirent derrière les murailles du château. Des milliers de Languedociens étaient venus, ce matin-là, saluer leurs héros partant pour la guerre sainte. Les havresacs d’acier à l’épaule des robots ne contenaient pas que des munitions. On avait trouvé à y loger aussi de la nourriture, préparée avec soin par la population et apportée des villages environnants : fromages, pain maison encore chaud, beurre de brebis, tomates séchées, artichauts à l’huile, jambon de pays, morue salée, figues et, bien sûr, l’ineffable aligot. Ces marques de chaleur humaine, charmantes, touchantes, symboles de la douceur du foyer, emportées par les impitoyables géants d’acier, avaient vocation, au premier bivouac, à soutenir les forces des chevaliers fatigués après leur premier combat et à leur rappeler les humbles chrétiens d’Europe pour lesquels ils allaient accomplir leur exploit…
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Cette voie , désormais, était libre.Cela signifiait que l'on exporterait le précieux métal non seulement dans la république d'Extrême-orient , terriblement en manque,mais aussi au japon , en Corée , au Vietnam.Finis les couloirs aériens tortueux ,les voies détournées, les sentiers de montagne périlleux.Il n'était plus nécessaire de se cacher.Le Transsibérien!
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Commençons donc. Point ne sert d’aller fouiller dans l’histoire prérévolutionnaire de l’Empire de Russie qui présentait à la face du monde l’incarnation du despotisme asiato-byzantin, combiné à une géographie coloniale d’une démesure proprement indécente, un climat rude et une population docile dont la plus grande part était réduite en esclavage. Autrement plus intéressant est le XXe siècle qui s’ouvre par une guerre mondiale, laquelle fera vaciller le colosse monarchique russe. Puis vint, tout naturellement, une révolution bourgeoise à la suite de laquelle notre colosse se retrouva les quatre fers en l’air. Enfin pas lui (le colosse), mais elle : la Russie est du genre féminin. Son cœur impérial cessa de battre. Si cette géante à la belle implacabilité, couronnée de diamants, une mante de neige recouvrant ses épaules, s’était heureusement effondrée en février 1917 et éparpillée en plusieurs formations étatiques à taille humaine, elle se fût pleinement intégrée à l’esprit de l’histoire moderne, et les peuples, artificiellement maintenues ensemble par la dextre du tsar, eussent enfin pu jouir d’une identité nationale post-impériale et vivre en liberté. Mais il en alla autrement. Le parti bolchevique ne permit point à la géante de tomber, compensant le petit nombre de ses adeptes par une poigne proprement bestiale et une activité sociale inépuisable. Ayant effectué nuitamment un coup d’État à Petrograd, les bolcheviks rattrapèrent in extremis le cadavre de l’Empire, à l’instant où il touchait le sol. C’est ainsi que je vois Lénine et Trotski, en petites cariatides portant, avec des ahanements furieux, la belle défunte.
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Par la grâce du Top-Manager souverain, ad majorem PCUS gloriam, dans la communion des saints, au nom trois fois sacré du bonheur du peuple autant comme par la volonté de Dieu, autant comme par la chevillette de l’impérialisme mondial, autant comme par la bobinette du satanisme éclairé, autant comme pour qu’arde la flamme éternelle du patriotisme orthodoxe, dans le consensus dur et la paix de l’âme cuirassée par l’expertise financière des principes capitalistes, pour la glorieuse histoire de l’État russien ayant pleine et entière jouissance du droit hautement technologique de détruire et de réunir, d’appeler et de convoquer, d’orienter et de faire l’unité de la communauté autant comme de savater les gueules dans les saints lieux de l’universelle holding de la conciliarité, autant comme de la pseudo-science soviétique, sur l’injonction-décision du comité d’immeuble, dans les balbutiements stakhanovistes des nanotechnologies de l’Esprit-Saint, confortés par l’instauration de pratiques démocratiques dans les ermitages et les collectifs de travail, les maisons de tolérance et les institutions pour l’enfance, les planques transportables et les abris jetables, les casernes d’arquebusiers et les coopératives du BTP, les périodiques à gros tirage, les églises des catacombes, les sublimes combats singuliers, les couloirs du pouvoir, les incubateurs génétiques, sur les pageots superposés des colonies pénitentiaires, sur les châlits et les tinettes des camps de notre Patrie sans limites pour l’écrasement du presse-papier informatique, en pointe dans le non-commercial et les fusions-acquisitions non amicales, autant comme dans la capacité à percuter, enfoncer-défoncer, pressurer, tabasser, buter jusque dans les chiottes la gloire et la victoire militaire, à la lumière des installations secrètes du Comité central et du Conseil central panrusse des Unions professionnelles qui ont bouté-bousillé le perfide enchanteur de l’humanité progressiste, autant comme par le vol noir des corbeaux sur nos plaines, par les démons baratineurs des jeunesses communistes, société affiliée aux Justes Mafieux de la banque orthodoxe qui préserve, accroît et multiplie les traditions impérialistes des preux chevaliers du high-tech dans les zones réservées de la confiance populaire, sur les rives du grand fleuve russe, dans les cellules de moines et les éditoriaux des feuilles de chou monarchistes, dans les bafouilles communistes et les boniments liturgiques, les directives sexuelles et les budgets-caisses noires, autant comme au travers des saints innocents lâchement assassinés pour interventions sur le marché des changes, pour le pain et le seul de l’hospitalité, pour les cris et chuchotements, pour le çà et le là autant comme le ci et le ça, pour le cortège présidentiel, l’antisoviétisme zoologique, le bouleau blanc à ma fenêtre, l’internationalisme prolétarien, les bijoux de famille autant comme le service trois pièces, le dollar et l’euro, les smartphones de septième génération, la verticale du pouvoir et la sécurité du crime organisé, afin de barrer la route à la terre et la liberté, autant comme de faire bisquer le partage noir et la fraternité blanche, au nom de l’inlassable exploit spirituel des androïdes, retraités, national-bolcheviks, moissonneurs et tisseuses, explorateurs polaires et gardes du corps, homosexuels et technocrates, médecins et anthropo-généticiens, terroristes, serial killers, travailleurs culturels et employés de la sphère des services, grands maîtres de cérémonies et échansons du Grand Office, strip-teaseurs et strip-teaseuses, prononciateurs et sourds-muets, tailleurs et gabelleurs, jeunes et vieux, autant comme tous les hommes d’honneur portant fièrement les noms de Vassili Bouslaïev, Serge de Radonège et Iouri Gagarine, tous honnissant les ennemis falsificateurs de l’histoire russe, pourfendant inlassablement le communisme, le fondamentalisme orthodoxe, le fascisme, l’athéisme, le globalisme, l’agnosticisme, le néoféodalisme, les maléfices des démons, la sorcellerie virtuelle, le terrorisme verbal, la drogue informatique, le libéralisme invertébré, le national-patriotisme aristocratique, la géopolitique, le manichéisme, le monophysisme et le monothéisme, l’eugénisme, la botanique, les mathématiques appliquées, la théorie des grands et petits nombres, pour la paix et la prospérité dans le monde, l’avènement de Notre-Seigneur parmi nous, autant comme pour le petit gars à la guitare, pour Jésus-Christ, les jeunes mariés, la lumière au bout du tunnel, la journée d’un opritchnik, l’exploit des mères héroïques, ceux partis en mer, les académiciens Sakharov et Lyssenko, l’Arbre de Vie, le BAM, les camions KamAZ, Peroun, dieu du tonnerre et des éclairs, les clous de tellure, les fumées tourguiéniéviennes, le cran et le talent, autant comme l’iconoclasme, les CP-CCP-CCCP, les choux et les poux, les cailloux et les hiboux, sans oublier les genoux, la chaleur du poêle, les bijoux et les bougies à la cire dégoulinante, le verre plein et la brume bleutée du matin, les pros, les écolos et ce bon Barko Makhno, au nom des idéaux prônés par l’humanisme, le néoglobalisme, le nationalisme, l’anti-américanisme, le cléricalisme autant comme le volontarisme, aujourd’hui et à jamais dans les siècles des siècles. Amen.
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