Maliki se demanda si elle arriverait à noyer Benoît dans les toilettes et à faire passer ça pour un accident.
- Bah, pas grand-chose. Hier j'ai découpé plusieurs arbres et quelques rochers avec mes ongles, et cette nuit, mon amie d'enfance décédée m'a expliqué que mon chat, Lady, était encore vivant à l'intérieur de moi. Quand je me suis réveillée - après avoir déchiré mes vêtements et mes draps ici présents -, je me suis regardée dans le miroir, et j'avais deux yeux jeunes. Rien d'extraordinaire quoi.
Lorsque toute la classe avait entonné à la flûte une stridente interprétation de L'Hymne à la joie, elle avait aussitôt renommé mentalement ce morceau "Concerto moisi en postillons pour flûtes qu'on égorge". Le visage bouffi et les joues gonflées de Gros Maxime, soufflant de toutes ses forces dans sa flûte sans penser à bouger les doigts, lui firent changer ce titre pourtant prometteur en "Hymne à l'euthanasie de masse".
Quand quelque chose nous paraît impossible, c'est souvent simplement parce que nous n'avons pas encore trouvé comment ça peut devenir possible.
- Ecoute-moi bien, Benoît, mon cher nouvel ami. Il y a bien un endroit où j'aimerais sortir avec toi. Ça s'appelle le vide intersidéral. J'aurais une combinaison spatiale, et toi non, et je te regarderais attentivement devenir tout bleu. Puis, je te donnerais une pichenette, pour t'envoyer dériver sans fin vers une nébuleuse, jusqu'à ce que tu ne fasses plus qu'un avec le vide qui règne déjà dans le caillou aride qui te sert de coeur. Puis je rentrerais me laver les mains et boire un chocolat chaud. Qu'en dis-tu?
A l'ombre d'un noisetier, un chat dormait dans une position improbable, de type yoga niveau expert, sur un vieux morceau de carton gondolé.
Je compte sur ta discrétion, Journal. Ce n'est pas facile pour moi de te raconter ces secrets. Ne le prends pas mal, j'ai confiance en toi, mais je vais te mettre un cadenas.
J’étais largement en avance, et j'ai attendu le début du cours sous le préau. Sarah était censée revenir aujourd'hui, et je voulais l'intercepter avant qu'elle rentre en classe, et tout lui expliquer. Je guettais les arrivées, quand, dans mon dos, j'ai entendu une voix crier mon nom. Je me suis retournée, et j'ai reçu une Sarah tout émue dans les bras. Elle m'a serrée de toutes ses forces. Elle pleurait en disant : « Je suis désolé ! » J'ai pleuré un peu aussi et on s'est assises sur un banc pour discuter.