Mes lèvres débordent de baisers comme le Vésuve.
Mathilde, la moquée, Mathilde, la disputée, Mathilde, la déjantée, Mathilde et ses frasques, ses amants, ses caprices, son inconstance, Mathilde la mise de côté à laquelle maman ne voulait surtout pas rassembler, Mathilde disparaissait et, avec elle, contre toute attente, la colonne vertébrale de ma mère. C’est cela que j’aurais dû comprendre. (p. 81)
Et je continue de trouver vaguement ridicule et même embarrassant pour un adulte de parler de sa mère en disant "maman". Non de l'appeler "maman" en sa présence ou d'écrire ce mot. Mais de le prononcer à voix haute. Il est trop intime pour être dit. Trop précieux. Pas partageable.
Au cimetière, on me tendit un "Bulletin indicatif de sépulture". En néerlandais, "aanwijzingsbulletijn".
Mathilde était morte 6 mois avant maman ....
Serais je passe à côté d un lien si fort qu en se dénouant il avait tout fait disjoncter?ce cordon "mere- fille"réputé si difficile à défaire .
Mere-fille,fille- mere .la pirouette est facile.Mathilde aurait été traitée ainsi si la vérité sur son etat de "mere célibataire" avait éclate plus tôt ."Fille" signifiant a l époque rien moins que putain.La punition d enfanter seule à hauteur de l infamie d avoir couche sans etre mariée.Comment imaginer une seule seconde que maman ait pu grandir sans percevoir inconsciemment ce risque d être bannies ensemble,cette épée de Damocles au dessus de leur tête.Le crime , car c en était un ,tenu vaillamment par Mathilde ,à la porte de la maison.
Oh! Comme je voudrais te crier je t'aime comme tu le cries, lui répondit-elle. Mais les sentiments les plus profonds sont voués au silence. Pour ne pas y rester sourds, mieux vaut les aborder comme si nous étions muets.
Comme un feu de cheminée ranimé, l'amour relevé de ses cendres s'appelle un "retour de flammes". La flambée éteinte se réveille avec une vigueur nouvelle. Timide au premier abord, inattendue surtout, elle lèche d'autant plus vite le bois noirci, l'entoure, le cajole, rallume tout, la passion, le corps, les sens, les mots fous, les mots doux, les promesses de ne jamais plus se quitter. Il faut se méfier. Car si les bûches calcinées peuvent mettre le feu à la maison, leur ardeur ne dure guère.
Les regrets ne servent à rien, se persuade le taxi, notre pays est celui que nous avons choisi.
Mais les sentiments les plus profonds sont voués au silence. Pour ne pas y rester sourds, mieux vaut les aborder comme si nous étions muets.
C'est pas mal de partir quand on le décide, pensai-je sans me douter une seule seconde de ce que mourir pour les survivants signifiait.