(De Dieu, proposition 17, corollaire 2, scolie) "Ni l'entendement ni la volonté n'appartiennent à la nature de Dieu"
"mes adversaires semblent nier la toute puissance de Dieu. Ils sont, en effet, contraints d'avouer que Dieu comprend dans son entendement une infinité de choses susceptibles d'être créées, qu'il ne pourra cependant jamais créer. Car, autrement, c'est-à-dire s'il créait tout ce qu'il a dans l'entendement, il épuiserait, selon eux, sa toute-puissance et se rendrait imparfait. (...) c'est pourquoi ils ont préféré admettre un Dieu ne créant rien d'autre que ce qu'il a décidé de créer par une certaine volonté absolue."
Proposition XIV
L'âme humaine est apte à percevoir un très grand nombre de choses et d'autant plus que son corps peut être disposé d'un plus grand nombre de manières.
Si la joie consiste dans le passage à une perfection plus grande, alors la Béatitude doit être le fait que l’esprit est doué de la perfection même.
Dans la dépréciation de soi, il y a une fausse apparence de moralité et de religion. Et, bien que la dépréciation de soi-même soit contraire à l’orgueil, celui qui se déprécie soi-même est cependant très proche de l’orgueilleux.
Le désir qui naît de la connaissance vraie du bon et du mauvais peut être éteint ou contrarié par beaucoup d’autres désirs qui naissent des sentiments qui nous dominent.
L’impuissance de l’homme à gouverner et à contenir ses sentiments, je l’appelle Servitude. En effet, l’homme soumis aux sentiments ne dépend pas de lui-même, mais de la fortune, dont le pouvoir sur lui est tel qu’il est souvent contraint de faire le pire même s’il voit le meilleur.
La Tristesse est le passage de l’homme d’une plus grande à une moindre perfection.
[…] par Gourmandise, Ivrognerie, Appétit sexuel effréné, Avarice et Ambition, nous n’entendons rien d’autre que l’Amour ou le Désir immodéré de la bonne chère, de la boisson, de l’union charnelle, des richesses et de la gloire. En outre, ces sentiments, en tant que nous les distinguons des autres par le seul objet auquel ils se rapportent, n’ont pas de contraires. Car la Tempérance, la Sobriété et enfin la Chasteté, que nous avons coutume d’opposer à la Gourmandise, à l’Ivrognerie et à l’Appétit sexuel, ne sont pas des sentiments ou des passions mais indiquent la puissance de l’âme qui règle ces sentiments.
L’amour et la haine envers une chose que nous imaginons libre doivent être, à cause égale, plus grands qu’envers une chose nécessaire.
[…] Scolie
Voilà pourquoi les hommes, parce qu’ils s’estiment libres, éprouvent plus d’amour ou de haine les uns pour les autres qu’à l’égard des autres êtres ; à quoi s’ajoute l’imitation des sentiments […].
Si nous imaginons que quelqu’un aime, ou désire, ou hait quelque chose que nous aimons, désirons ou haïssons, par là même nous aimerons, etc., cette chose avec plus de constance. Mais si nous imaginons qu’il a de l’aversion pour ce que nous aimons, ou inverse, alors nous éprouverons un flottement dans l’âme.