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Citations sur L'appât (37)

« Valérie Subra est née le 8 avril 1966. Sept jours avant sa naissance, le 1er avril, La Religieuse de Jacques Rivette, tirée du roman de Diderot, était interdite sur pressions de l'Église. Mai 68 était tout proche : le visage de la France et de ses mœurs allait être changé. Dès 1967, selon l'enquête de personnalité, la mère de Valérie, née Isabelle V., divorce de son mari. Elle va vivre avec sa fille dans l'Essonne chez les grands-parents maternels, qui s'occuperont du bébé. La mère trouvera du travail dans un préventorium de la région. En 1969, elle se remarie. Mais, en 1970, les époux se séparent : « Valérie aimait bien son beau-père, dit Isabelle V, mais elle n'a pas été trop affectée par cette séparation, car de caractère déjà très indépendant. » Commencent les seventies. Ça n'est pas seulement la crise du pétrole mais celle des valeurs, comme on disait alors. Le monde de Papa se casse la gueule, le Paris de Zola s'écroule sous les pelleteuses : les Halles sont rasées, les quais de la Seine sont transmués en « voie sur berge ». C'est la montée aussi du terrorisme. En 1972, Andréas Baader, de la Fraction armée rouge, est arrêté.
En 1974, Isabelle V. se remarie avec un journaliste, Pierre S., son troisième époux donc. Elle a de lui un nouvel enfant. En 1975 : chute de Saigon. Écroulement des idéologies : Marx, Mao n'ont plus la cote. Cette année-là, le couple et les deux filles s'installent à Paris. Valérie doit quitter ses grands-parents auxquels elle est très attachée. Ceux-ci d'ailleurs, qui prennent leur retraite, vont vivre sur la Côte d'Azur. Valérie fréquente plusieurs écoles religieuses. La directrice du collège privé Sainte-Ursule, Louise de Brétigny, dira d'elle alors qu'elle est une bonne élève, instable, très gâtée par sa grand-mère qui l'a élevée. Nouveaux déménagements, nouvelles écoles pour Valérie. La mère s'installe à Chantilly.
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« Le métier de mannequin et de comédienne n’est pas facile, raconte-t-elle. Il y a un abîme entre un “top model” et un simple mannequin. On n’imagine pas ! Les mannequins, on s’en sert, on ne les paie pas. On n’est même pas mises au courant des “parus” (parutions des photos). Quant aux comédiens, il y a de plus en plus de concurrence. On court d’un casting l’autre. On peut en faire des dizaines par jour. C’est crevant. Et, quand vous avez mauvaise mine, on vous le fait savoir ! Sans compter les castings bidons, ou douteux… Pour avoir droit aux Assedic, il faut avoir travaillé 707 heures par an. Or un cachet équivaut à 12 heures, ça n’est pas toujours évident… » En cette fin d’été, Alain T. vient tout juste de rentrer du Brésil où il a passé ses vacances. Le jour il s’adonne à son business. Le soir c’est l’Apocalypse, Régine, le Privé…
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"  La mode, il ne faut pas la rattraper, il faut la précéder, explique une commerçante. Dans le Sentier, on court plus vite que la montre ! "
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(p. 24) . Dès qu’on entre dans les lieux, une odeur âcre prend à la gorge. Au fond une porte à glissière grise ouvre sur un énorme monte-charge par lequel, sur des civières roulantes, les corps sont transportés à l’étage supérieur: là, dans un grand couloir, sur d’autres civières, patientent d’autres corps, comme des malades dans une salle d’attente préopératoire. Corps carbonisés dont les membres noirs semblent figés dans la position même où la mort les a surpris; corps de noyés, verdâtres, marbrés de mordorures sanieuses; enfants dont le visage méconnaissable s’encroûte d’un cocon de sang coagulé, brunâtre. Corps déjà à demi-décomposés, corps qui ne sont déjà plus des corps, formes informes, vides, prêtes à rejoindre la matière originelle, la glèbe…
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Car les « bêtises » commencent alors pour elle. Oh, piano au départ, ma non troppo ! Elle est au collège, en classe de troisième, dans le VIIe, arrondissement « chic ». Nous sommes en 1982. Sa mère se sépare de son troisième mari, Pierre S. Celui-ci décrit Valérie comme une « grande gosse complètement immature et inconsciente, qui avait un sacré petit caractère, mais pas influençable, étant plutôt du genre à prendre ses décisions par elle-même ». En avril 1982, sa mère connaît Christian C, un ingénieur : «Valérie, dit-il, était une gamine dans un corps de femme. Gaie, enjouée, mais très féminine. Spontanée. Ni renfermée, ni taciturne. Elle a eu une fin de scolarité indolente. Les études ne la passionnaient pas. Jusqu'à sa majorité, elle ne sortait que le dimanche après-midi. Elle était polie et courtoise, pas du tout influençable, ayant plutôt un caractère bien trempé. Elle savait ce qu'elle voulait.»
La directrice du collège où elle suit sa troisième dit d'elle : « C'était une petite minette gentille et coquette dont le comportement n'avait rien d'anormal. Pour ce qui est de son travail scolaire, il était nul. » Ses copains de lycée se souviennent très bien d'elle. Sylvie est blonde, pétillante, avec un verbe vert et tranchant, un feu d'artifice : « Si je la connais ! C'était une teigne, ouais ! Y'avait dans notre classe un jeune garçon, il avait autour de 15 ans, il était très mal dans sa peau. Il s'appelait X., on le surnommait "la gazelle" parce que le prof l'avait engueulé pour ses retards et qu'après déjeuner on le voyait toujours arriver au lycée en courant et sautant. Valérie, mais elle n'était pas la seule, ils étaient bien quatre ou cinq filles et garçons à le faire, n'arrêtait pas de le taquiner, parfois cruellement... Moi, je prenais sa défense. J'ai même fait le coup de poing avec deux types qui l'embêtaient... La préoccupation essentielle de Valérie, c'était les fringues. Et son acné ! Elle se mettait des pots de crème sur la gueule pour cacher ses boutons. [...] »
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« La chair changera de nature ; le corps prendra un autre nom ; même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps : il deviendra un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes… »
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La gibecière de Valérie, donc, s'alourdit de nouveaux "élus". Chaque jour, Laurent la presse de coups de téléphone : "Alors, t'en as trouvé un ?" Elle en a trouvé plusieurs. Les victimes futures commencent à se pousser au portillon. Elles croient, toutes frétillantes, prendre un ticket pour le septième ciel. Il y a erreur sur la destination.
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1977 : Andréas Baader est trouvé « suicidé » dans sa cellule en Allemagne. Les soixante-huitards se rangent des bagnoles dans le show-biz, l'édition, le journalisme, etc. Demeurent quelques Don Quichotte de la révolution, qui versent dans le terrorisme. Cette année-là, Valérie entre à l'institut Anne-Marie-Jahouey, à Senlis. La directrice de cette école la trouve « intelligente, mais perturbée par la situation familiale de ses parents : ils étaient divorcés. [...] Elle présentait déjà une certaine maturité, vraisemblablement à cause de sa situation familiale. Elle avait un caractère renfermé et supportait à la limite la discipline. Elle est partie en cours d'année sans achever sa quatrième... » En 1979, se crée en France le groupe terroriste Action directe en liaison avec la Fraction armée rouge allemande. Valérie a 14 ans. Selon une de ses copines de lycée, c'est vers cet âge-là qu'elle aurait fait une fugue... En 1981 Valérie s'installe avec sa mère à Chantilly. « J'ai eu onze domiciles différents », déclarera-t-elle plus tard à Frédérique Lebelley.
C'est en 1981 que, pour la première fois, elle rencontre son père véritable : soit quinze ans après sa naissance. La scène a lieu dans la gare de Chantilly où, avec sa mère, elle est venue le chercher. M. Subra qui, entre-temps, s'est remarié et a eu un autre enfant, a, dit-il, éprouvé le besoin de reprendre contact avec sa fille... Au milieu de la cohue des passagers anonymes qui vont et viennent autour d'elle, comment Valérie pourrait-elle reconnaître son père dans cet homme brun, assez grand, inconnu parmi les inconnus ? La jeune fille reste sur sa réserve. Entrevue décevante ? frustrante ? père perdu aussitôt que retrouvé ? Un an plus tard Valérie téléphone à celui-ci. Elle lui demande si elle peut passer chez lui, à Marseille, les vacances de Pâques. Il accepte. Dans cette nouvelle famille, elle trouve une vie plus réglée. Elle refera régulièrement le voyage de Marseille. Elle songera même à s'installer chez son père : recherche d'une autorité ? d'un garde-fou ?
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Hattab aurait alors, selon Sarraud, passé sa main devant la bouche de la victime pour vérifier si elle respirait encore (...). "C'est le geste du médecin pour voir s'il y a de la vie, s'exclamera maître Szpiner, partie civile. Avec vous, c'est pour voir si vous l'avez ôtée."
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Tout le monde d'ailleurs, dans cet étrange univers en trompe l'œil, passe pour autre qu'il n'est. Il s'agit d'avoir une "image en béton", l'image c'est une valeur d'échange avec laquelle on donne "le change", une fausse monnaie. On vit à crédit, on anticipe sur le statut social qu'on envisage très bientôt d'atteindre (...)
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