AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 145 notes
5
23 avis
4
21 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Blessure et rédemption dans le Wyoming
*
Un roman lumineux, étiqueté "nature writing" se déroulant dans ce coin non loin du Yellowstone ou encore des Big Horn Mountains.. Cette nature indomptable, cette rudesse des hommes, ces non-dits, et cette vie qui grouille dans chaque cabane.
*
Ce n'est pas seulement l'ode à la nature mais aussi de blessures que les membres d'une même famille s'infligent.
Il y a là Einar, le patriarche aigri qui a perdu son fils trop tôt. A quelques pas de son ranch vit Mitch, l'ami/copain d'armes des vieux jours, handicapé par l'accident d'ours. Puis plus tard arrivent un duo féminin: Jean la belle-fille meurtrie et Griffin sa fille de 10 ans, grandie trop vite.
*
Ces 4 personnages vont devoir vivre ensemble tant bien que mal. Des relations bien houleuses se précisent dans ce décor sauvage. Grâce aux gestes du quotidien, Griffin va être le ciment qui les liera. Elle va apporter cet espoir , ce pardon tant attendu, la bienveillance au bout du chemin.
*
Présenté de cette manière, l'on pourrait se trouver dans un soap hollywoodien, sucré à souhait. Mais c'est seulement une belle histoire sensible et juste sur la rédemption, le pardon, la gestion du deuil. Sous une sobriété de mots et de gestes venant des dialogues, le lecteur comprendra aisément que tout est dans la retenue. L'imagination fera le reste.
*
C'est cette puissance d'évocation que j'ai aimé. Peu n'en faut. Juste se retrouver avec eux dans la cabane, perdu dans le Wyoming sauvage.
Commenter  J’apprécie          630
À 70 ans, Einar est un vieux loup solitaire depuis que sa femme, Ella, et son fils, Griffin, sont morts. Ce dernier, à tout juste 20 ans. Il vit seul dans son petit ranch délabré à Ishawooa, dans le Wyoming. Il mène une petite ville tranquille et recluse en compagnie de son chien et de l'unique vache qu'il lui reste. À exactement trente-sept pas vit Mitch, son meilleur ami aujourd'hui défiguré à cause d'un ours. Tous les jours, Einar s'occupe de lui, notamment pour ce qui est de ses doses de morphine et de sa bouffe.
À des centaines de kilomètres de là... Lorsque Griff, âgée d'à peine 10 ans, vient prendre son petit-déjeuner, elle remarque à nouveau l'oeil au beurre noir et la joue enflée sur le visage de sa mère, Jean. Son énième petit copain, Roy, a trop souvent la main lourde. Alors que ce dernier part travailler, la jeune femme, bien qu'elle ait repoussé des dizaines de fois cette promesse faite à sa fille, décide de quitter cet homme définitivement. Quelques vêtements jetés dans une valise et les deux femmes s'enfuient...

Deux récits en parallèle. L'un s'attardant sur Einar, l'autre sur Jean qui a décidé de fuir et de commencer une nouvelle vie en compagnie de sa fille. Deux récits qui vont immanquablement se croiser. Ainsi, au fil des pages, l'on en apprend un peu plus sur les relations étroites et houleuses qu'entretiennent Einar et Jean. C'était sans compter sur la petite Griff qui, du haut de ses 10 ans, saura amadouer ce vieil Einar. Mark Spragg plante son décor dans ce grand ouest américain, sauvage et libre. Une galerie de personnages taciturnes mais terriblement attachants. Des blessures qu'il faut apprendre à panser, des pardons à accorder et beaucoup de non-dits. Un roman lumineux, émouvant et attendrissant qui fait la part belle à cette nature, à l'amour et à la rédemption.

À noter que ce roman a été adapté pour le cinéma par Lasse Hallström avec Robert Redford et Morgan Freeman.
Commenter  J’apprécie          542
Les amants se succèdent et les coups aussi : depuis la mort de son mari, Jean ne rencontre que l'échec et la violence, qui n'épargne pas non plus sa fille de neuf ans, Griff. Une ultime réaction va les ramener à Ishawooa dans le Wyoming, là où elle fut heureuse avec son mari et où vit encore Einar, son beau-père. Qui va se découvrir grand-père…

Dans Une vie inachevée, Mark Spragg -traduit par Nicole Hibert- aborde comme d'autres avant lui, les thèmes du deuil, de la rédemption, de la violence, du poids du passé et du passif, de l'amitié. le livre fonctionne en successions de duos relationnels : Einar le vieux bourru tout en pudeur et Griff toute en curiosité et en candeur ; Einar et Mitch, son vieil ami-voisin lourdement handicapé suite à une rencontre avec un ours ; Einar et Jean, sa bru à qui il ne peut pardonner le décès de son fils ; ou encore Jean et Nina, réunies par leurs secrets.

Tout cela est cependant un peu trop convenu et déjà vu/lu pour emporter mon enthousiasme, et dans le même genre, il manque l'émotion d'un Haruf, la violence d'un Vann ou le réalisme froid d'un Offutt. La profusion de dialogues laisse trop peu de place au développement des personnages qui en perdent de l'épaisseur. Heureusement, il y a la nature, celle de ce coin isolé non loin des Big Horn Mountains et du Yellowstone Park, que Spragg place en trame omniprésente de son roman, une terre qui devient le point d'ancrage de cette famille à reconstruire.
Commenter  J’apprécie          260
Aux Etats-Unis, de nos jours.
Un matin, Jean et Griff quittent tout. Elles prennent la route au volant d'une vieille Chevy Impala de 1984 avec des milliers de kilomètres au compteur. Jean est la mère de Griff, neuf ans. Elle quitte Roy, son compagnon, après avoir subi des nouvelles violences. Elle l'avait promis à sa fille. S'il recommençait encore une fois à la frapper, elles partiraient toutes les deux, sans se retourner. Il a recommencé. Elles sont parties avec leurs bagages et quelques billets en poche. Sur la route, Jean achète un atlas des routes américaines. Elles ont l'embarras du choix. Griff n'a qu'à choisir. La petite fille feuillette l'atlas et tourne les pages au hasard puis sélectionne un Etat. La Californie. Ce sera leur destination.

Mais, en route, la vieille voiture rend l'âme. Un concours de circonstances les mène à une gare, puis à un arrêt de bus. Avec le peu d'argent qu'elles ont sur elles, elles ne peuvent pas aller plus loin que le Wyoming. Jean et Griff descendent à Ishawooa, une petite bourgade située à quelques kilomètres de Yellowstone Park.

A Ishawooa, Einar vit seul dans son ranch depuis le décès de son épouse et de son fils Griffin il y a dix ans. Entre ses animaux et ses amis, les journées passent sur le même rythme, ce qui n'est pas pour lui déplaire. Pourtant, la solitude le ronge.
Un beau jour, son ancienne belle-fille débarque, accompagnée d'une enfant. Il ne pensait plus jamais la revoir car il l'a tient pour responsable de la mort de son fils unique. En apprenant que Griff est la fille de Griffin, et donc sa petite-fille, le vieil homme ne voit plus les choses de la même façon. du coup, il autorise Jean et la petite à séjourner quelques semaines dans son ranch.
Le vieil homme et l'enfant apprennent à se connaître. Un lien se tisse entre eux, et surtout, une belle affection s'installe.

On suit ainsi l'histoire de cette famille séparée par la mort et réunie par le plus pur hasard. Jean ne pensait jamais plus revenir dans le Wyoming. Pourtant, elle est là aujourd'hui. Sa fille rencontre son grand-père et trouve une stabilité qu'elle ne connaissait pas jusqu'alors.
J'ai beaucoup aimé assister au rapprochement de Griff et d'Einar. Ce sont deux personnages qui ont besoin d'amour et d'apaisement. Ils sont si touchants que l'on a envie que leur relation se renforce et on craint de voir un nouveau départ qui mettrait un terme à ces retrouvailles.

Un récit qui emmène le lecteur dans l'ouest des Etats-Unis, dans un Etat bondé de plaines et de parcs et de rivières, non loin des montagnes rocheuses. Une immersion totale au coeur de l'Amérique des ranchs et des chevaux, dans une histoire de deuil et de reconstruction dans laquelle un vieil homme renoue avec son passé.
Une très bonne lecture !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          250
Dans le Wyoming, Einar est un homme qui s'écoute vieillir. Suant dans le sauna, il se remémore l'édification de ce petit abri en bois, vingt ans plus tôt. C'était une idée, lorsqu'il était enfant, de Griffin, son fils qui se proclamait Viking de part sa descendance.
Einar est un abandonné. Sur la colline, au pied d'un peuplier, deux stèles, celle de sa femme et celle de son fils, sont la preuve de cet abandon. Il loue les terres de son ranch. Ne lui restent qu'une vache laitière, une ribambelle de chats et un vieux cheval. Tout en sirotant une petite tasse de lait frais, il s'assoit chaque matin dans son fauteuil à bascule et observe un couple de ratons laveurs qui lapent le lait apporté. Et puis, dans le petit chalet d'à côté, il va faire sa piqûre de morphine à son ami de toujours, Mitch. Karl, le vieux chien, se traîne aussi péniblement.

Un peu plus à l'est, dans l'Iowa, Griff vit dans une caravane en toc. Petite fille de neuf ans et demi, elle insiste pour que sa mère Jean tienne enfin ses promesses : quitter Roy à la prochaine blessure, et l'oeil au beurre noir est là, ce matin, témoin irréfutable. Elles prennent donc la route mais leur vieille voiture qui rend l'âme les oblige à faire halte chez Einar. Il ignore l'existence de sa petite-fille Griff mais garde bien vivaces la haine et la rancoeur envers son ex belle-fille.

En alternant les visions de chaque personnage et en utilisant les caractéristiques de chacun pour la narration, l'auteur varie avec souplesse les styles d'écriture. le déroulé est très cinématographique. Les scènes, qui n'ont rien de palpitant mais déploient plutôt le côté très réel d'une vie qui suit son cours, nous offrent d'abord les images puis laissent flotter autour d'elles toutes les impressions et sentiments qu'elles véhiculent.
Les personnages sont tout en retenue. Les dialogues vont à l'essentiel et ne s'embarrassent pas de démonstrations affectives ou autres. Pourtant, entre chaque parole, pas besoin de long discours pour percevoir la difficulté du pardon, l'impossibilité de poser des mots sur le passé.

Cette histoire de famille et d'amitié n'a absolument rien d'extraordinaire, ni d'original. On imagine sans mal son issue et c'est alors dans la profondeur des rapports humains qu'elle renferme tout son charme.
C'est dans ce vieux ranch que Griff va découvrir une stabilité et un milieu familial qu'elle appelle de tous ses voeux pour ne plus refaire sa valise une fois de plus.
On saisit alors la complicité et l'attachement que les deux vieux cow-boys vont éprouver envers cette gamine qui désire tant leur plaire. Elle représentera l'étincelle qui leur manquait pour continuer une vie devenue si pesante.

La beauté de cette lecture se cache aussi dans l'affection que l'on devine intensément entre ces deux taciturnes, un total partage de leurs souffrances respectives.

Et puis, il y a l'ours ; un grizzli qui remplit aussi une belle partie de la vie qui s'écoule dans cet Ouest américain.

Il m'a juste manqué un peu plus de passages pour me noyer dans l'horizon immense du Wyoming, sentir avec plus d'intensité les odeurs de pins et de sauge sauvage.
Commenter  J’apprécie          236
Un homme, âgé, isolé dans sa maison en rondins ... Sa vie s'écoule tranquillement, à regarder la nature et les chevaux dans le pré voisin. Einar s'occupe de son ami Mitch, rencontré pendant la guerre, et maintenant très handicapé après l'attaque d'un ours.
Dans ce petit coin perdu du Wyoming, on ne parle pas beaucoup, on vit tout simplement.
Mais cette sérénité va bientôt être troublée par Jane qui revient au pays et qui ramène sa fille Gryff, la petite fille d'Einar.
Peu de discours mais beaucoup d'émotions dans ce roman que je ne peux que vous conseiller.
Commenter  J’apprécie          180
Depuis la mort de son fils dans un accident de voiture, Einar Gilkynson mène une existence solitaire dans un ranch délabré du Wyoming. C'est un homme brisé, qui n'a plus de but dans la vie, si ce n'est de prendre soin jusqu'à la fin de son vieil ami infirme Mitch. Mais un jour, Jean, l'ex belle-fille d'Einar débarque au ranch avec sa fille, cherchant à fuir son compagnon qui la bat. le vieil homme voit d'un mauvais oeil le retour de celle qu'il tient pour responsable de la mort de son fils, dix ans auparavant. Très vite pourtant le grand-père, bien qu'un peu bourru, baisse sa garde et se prend d'affection pour cette gamine de neuf ans au tempérament bien trempé.
Ce livre est l'histoire d'une famille, une histoire sur la complexité des rapports humains mais aussi une histoire d'amitié (entre Einar et Mitch, amis depuis 50 ans, puis d'une complicité naissante entre un grand-père et sa petite fille). Tout ça sur fond de paysages magnifiques des grandes plaines, à quelques encablures du parc de Yellowstone.
L'écriture de Mark Spragg est toute en retenue, chaque mot est juste et efficace.
A noter que j'ai lu Une vie inachevée dans sa nouvelle édition, dans la collection totem de chez Gallmeister.
Commenter  J’apprécie          131
Après avoir échappée au dernier d'une longue série de petits amis abusifs, Jean Gilkyson et sa fille de dix ans Griff n'ont nulle part où aller. Nulle part ailleurs qu'à Ishawooa, dans le Wyoming, derrière les crêtes enneigées de Big Horn Mountains, non loin du Yellowstone, là où Einar, le beau-père de Jean, vit. Il lui reproche toujours la mort de son fils et n'est pas particulièrement ravi de les voir débarquer. Malgré un accueil froid, Griff se sent enfin en sécurité. Elle tombe amoureuse du ranch, de ce mode de vie tranquille, de Mitch, le vieil ami d'Einar, et de ce grand-père dont elle ignorait l'existence jusqu'alors. Malheureusement les blessures du passé ont bien du mal à se refermer…

Dans une très jolie histoire d'amour, d'amitié et de pardon, Mark Spragg nous livre un roman aux personnages très attachants.
Bien sûr on peut reprocher à ce livre d'user de thèmes rebattus (le grand-père bourru qui se laisse apprivoiser, le bien contre le mal, la rédemption) mais c'est tellement bien fait que mon petit coeur s'est laissé prendre. Chaque fois que j'ai craint de voir l'intrigue tomber dans la mièvrerie, l'auteur m'a rattrapé par sa maitrise du « montrer, sans dire », par sa sobriété capable de ne pas rendre sirupeuse cette fiction, tout en transmettant un fort sentiment d'empathie envers chaque protagoniste. En plus, il réussit à donner une fin à ce roman qui ne soit pas juste un joli noeud pour empaqueter toute l'histoire. Il laisse juste ce qu'il faut d'ambiguïté pour que le mielleux ne soit pas écoeurant. Mark Spragg cite Kent Haruf dans les remerciements et effectivement il y a un petit quelque chose de commun (même si on reste un bon cran en dessous).

Évidemment, comme nous sommes chez Gallmeister, la nature est bien présente. Les paysages, les chevaux et les ours ont tous leur rôle à jouer dans ce récit d'une réconciliation durement gagnée - peut-être un peu convenue mais au charme indéniable.
Commenter  J’apprécie          110
C'est l'histoire d'une famille. Une famille désunie qui tente de se reconstruire .
Dans le Wyoming à Ishawooa, la nature des grands espaces américains est un personnage à part entière.
A travers la beauté de ces magnifiques paysages on y suit quatre personnages, tous membres d'une même famille, qui tentent de se retrouver.
Il y a Einar, le vieux fermier qui s'est isolé du monde après avoir perdu sa femme et son fils. Il habite dans cette grande ferme avec son vieux camarade d'armes désormais lourdement handicapé, Mitch, dont il assure quotidiennement les soins.
Alors que tout semble déjà plié, Einar n'entrevoyant plus aucune lueur d'espoir et Mitch attendant la délivrance, débarquent à la ferme Jean, la belle-fille et Griff, la petite fille d'Einar.
On pourrait s'attendre à ce qu'une fois réunis tout ce qu'il leur reste à faire c'est de couler des jours heureux dans ce cadre bucolique.
C'est sans compter sur le lourd passé de chacun, le poids des secrets et de la culpabilité.
Ils vont alors se tourner autour en tentant de s'apprivoiser, de se comprendre , de se pardonner.
Une jolie histoire, bien ficelée, une écriture fluide, de superbes descriptions et des dialogues bien maîtrisés peut-être au détriment des personnages, un peu trop stéréotypés.
Commenter  J’apprécie          90
Mark Spragg...
Comme cet auteur me touche !
Il dit si doucement les choses, avec une telle délicatesse...
Il n'explique pas il montre. Il dresse des portraits si humains, qu'il nous force à une certaine sympathie, même pour les personnages les plus noirs.
Voici un beau roman sur l'amitié, sur le pardon et surtout sur la violence que l'on peut se faire à soi-même et sur la haine de soi.
Mark Spragg raconte une histoire par petites touches, avec des petits détails, de petits événements, des dialogues courts qui percutent, qui, l'air de rien changent l'impression que l'on a sur l'un ou sur l'autre.

C'est exactement ce type de roman qui me fait aimer la littérature : un belle écriture et un regard généreux sur l'autre quel qu'il soit.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (379) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}