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Citations sur Origines (10)

Grand-mère m’avait versé de l’eau, boire beaucoup, avait-elle dit en 1984, et elle le répétait en 2009 avec tout autant de conviction, c’est important. Le verre lui aussi était le même, un peu ébréché, je le reconnaissais au petit éclat.
« Grand-mère, ce verre-là, on devrait tout de même le réformer. »
« Tu as des yeux, non ? Bois de l’autre côté. »
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Environ quinze ans plus tard, en 2010, j’étais moi-même au MIT*. J’enseignais la littérature allemande et l’écriture créative. J’habitais à proximité de la Charles River. Quand on m’interrogeait sur mes origines, je répondais tantôt « Je viens de Višegrad », tantôt « je viens d’Europe » ou « du Palatinat du Rhin ». C’est cette dernière réponse qui marchait le mieux. Quand tu dis à l’étranger « Palatinat du Rhin », il est à peu près certain que ton interlocuteur ignore s’il s’agit d’une ville ou d’une erreur de prononciation.

* Boston ( États Unis)
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Depuis qu’elle* a du mal à marcher, les voisins lui font ses courses. Elle aime surtout y envoyer Andrej, le policier d’en face aux cheveux bien peignés. Il n’est pas, dit-elle, corrompu comme le sont les autres policiers, un jour, il a arrêté Emir Kusturica et à la question que lui posait ce dernier : « Au fait, est-ce que tu sais seulement qui je suis ? », il a répondu : « Votre permis, les papiers de la voiture, s’il vous plaît. Ça y sera marqué. »
* Toujours la fameuse grand-mère :).
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Quand je* rencontrais des gens pour la première fois, il m’arrivait de dire que je venais de Slovénie. La république alpine était celle qui avait le moins fait les gros titres, on me prendrait, espérais-je, davantage pour un skieur que pour une victime.
On me demandait pourquoi j’étais en Allemagne, je répondais quelque chose comme :" Mon père a eu une proposition exceptionnelle de la part de BASF, pas question de refuser."
Je poussais un soupir et ajoutais : « Les Alpes me manquent. »
Que les Alpes manquent à quelqu’un, je l’avais appris, c’était très bien vu en Allemagne.

*C'est l'auteur père serbe, mère bosniaque, réfugié en Allemagne, ayant fuit l'enfer de la guerre en ex-Yougoslavie.
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Si la mafia a jamais eu une filiale à Višegrad, la marraine, c’était ma grand-mère. Enfant, j’avais entendu parler de trois petits gangsters connus dans toute la ville qui la craignaient et s’occupaient de ses courses. Quand elle se faisait teindre les cheveux en violet chez le coiffeur, il y en avait toujours comme par hasard un posté devant le salon, en train de grignoter des graines de courge. La grand-mère fraîchement ondulée sortait dans la rue, murmurait à son oreille, et il disparaissait docilement dans les ruelles pour remplir Dieu sait quelle mission.
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En revenant, près du vieux pont, je descends sur la rive. Sous la première arche, des gens sont assis autour d’un feu. Je m’approche, deux types se lèvent. Je comprends. Je lève les mains et m’écrie : « A friend, just a friend. » Je me nomme. Ils se rasseyent, ne me quittent pas des yeux.
D’où viennent-ils ?
D’Afghanistan. Et moi ?
D’ici.
Tu peux nous aider ?
Ils veulent aller plus au nord. Me montrent des photos de leurs familles devant des ruines, des cendres. Je réfléchis, je me demande si Stevo pourrait les emmener en voiture. Je leur propose bêtement un peu d’argent, ils ne l’acceptent pas. Le pont au-dessus de leurs têtes a quatre cent quarante ans.
Le pire de ce qui leur est arrivé pendant leur voyage ? L’un rit. Un autre dit : « Always be nobody. »
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Le pays natal, je l'affirme, c'est précisément le sujet de mon écriture. Les grands- mères. Quand ma grand-mère Kristina à commencé à perdre les souvenirs, je me suis mis à les rassembler.
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Les faits, les voici: le pays où je suis né n'existe plus aujourd'hui. Tant qu'il a existé, je me considérais comme Yougoslave. Comme mes parents, issus d'une famille serbe( mon père) ou bosnio-musulmane (ma mère). J'étais un enfant de cet État plurinationnal, résultat et affirmation de l'inclination mutuelle de deux êtres que le melting-pot yougoslave avaient libérés de leurs différences d'origine et de religion.
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L'origine ethnique cependant, à cause de son nom à consonance arabe, lui collait à la peau comme une rumeur tenace. Elle était souillée aux yeux des nouveaux décideurs, une souillure que ni l'ambition ni l'éducation ni l'habileté ne pouvaient corriger. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit.
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La Yougoslavie. Mais plus pour très longtemps. Le socialisme était fatigué, le nationalisme aux aguets. Des drapeaux, à chacun le sien, flottant au vent, et dans les têtes, la question : Tu es quoi ?
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