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EAN : 9782234088962
414 pages
Stock (03/02/2021)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Saša Stanišic est né en 1978 à Višegrad, en Yougoslavie. De ça, il en est sûr. C’est inscrit noir sur blanc sur son acte de naissance. Pourtant il n’y a pas vécu longtemps, puisqu’il a dû fuir pour l’Allemagne en 1991. Il atterrit alors avec sa famille à Heidelberg, où il devient « un réfugié » avec ce qu’il faut d’humiliations, de déracinement mais aussi d’amour. D’amour, puisque c’est grâce à la littérature allemande que Saša tombe amoureux des mots et qu’il devie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après le livre de Sedef Ecer écrivaine turque , écrit directement en français, j'entame par hasard celui de Stanišić, écrivain serbo-bosniaque, écrit directement en allemand, la langue de son pays d'accueil, sur la recherche et nostalgie des origines. Stanišić y parle de son pays natal à la lumière de sa vie d'ex-yougoslave exilé en Allemagne :« le pays où je suis né n'existe plus aujourd'hui. Tant qu'il a existé, je me considérais comme Yougoslave. Comme mes parents, issus d'une famille serbe (mon père) ou bosnio-musulmane (ma mère). »
En 2009 , alors qu'il vit en Allemagne depuis 1986, il retourne voir sa grand-mère paternelle, primadonna du livre, à Višegrad où il est née lui-même. Un voyage entamé avec celle-ci à Oskoruša, pays des ancêtres du grand-père va être le début de ses préoccupations de ses « Origines ». « Origines » un mot qui par les temps qui courent utilisé pour différencier les gens, un mot destructeur dans l'ambiance d'un monde, «où les frontières sont de nouveau renforcées et où des intérêts qualifiés de nationaux ressurgissent du marais asséché où foisonnent les petits États morcelés. Où l'exclusion fait partie de programmes politiques et où l'on peut à nouveau se permettre de lui accorder son suffrage. »
La grand-mère, version femme d'un parrain de la Mafia, est le Personnage de ce roman, où Stanišić lui rend un très bel hommage, d'autant plus que “L'origine, c'est Grand-mère...l'appartenance à laquelle on n'a pas contribué “. Une Grand-mère qui n'échappera malheureusement pas à la démence, mais qui jusqu'à la fin ne lâchera pas les rênes pour autant. Alors que Grand-mère perd ses souvenirs, son petit-fils essaiera de les récupérer.

Le style d'écriture de Stanišic peut ne pas convenir à plus d'un, « Sans digressions, mes histoires ne seraient pas du tout les miennes. La digression, c'est mon mode d'écriture. My own adventure. » . À moi ça m'a bien plue, d'autant plus qu'avec beaucoup d'humour, celui qu'on appelle dans la famille "Celui qui écrit" exprime la complexité de nos Origines , libérant les siennes de toute chronologie ( particulièrement dans la dernière partie ), de réalisme et de vérité formelle et y ajoutant une dimension fantastique. Surtout que pour lui après la disparition de la Yougoslavie, rechercher ses racines alors que sa famille est dispersée dans quatre pays et qu'il cherche à s'intégrer dans son pays d'accueil, devient une quête presque impossible.
Je regrette un peu la traduction de l'allemand qui n'est pas vraiment au point. Il y a des maladresses dans certaines phrases qui semblent être traduites mot à mot, et certains mots que la traductrice ne connaît pas à mon avis , laissés tels quels , car tout simplement parce que ceux sont des mots d'argot de la langue natale de divers immigrés, insérés dans l'Allemand, pour lesquels des notes en bas de page auraient été la bienvenue. Ces maladresses ne peuvent venir que de la traduction vu que l'écrivain a reçu avec ce livre le grand et prestigieux prix littéraire Deutschen Buchpreis 2019, et que les allemands sont très exigeants, très pointilleux sur leur propre langue. Sinon un livre intéressant, sincère et trés agréable à lire sur l'exil et ses suites, aux chemins épineux et douloureux dont Stanišic me semble en être très bien sorti.

Doux bruissement des cimes,
Oiselets volant vers les lointains,
Cascades bondissant des sommets,
Dites-moi, où est ma patrie ?
( Josef von Eichendorff )



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" le pays où je suis né n'existe plus aujourd'hui"

Sasa Stanisic nous plonge avec ce roman sur les chemins de l'exil forcé.
Quand la guerre éclate en Yougoslavie, l'auteur a 14 ans, il s'enfuit avec sa mère doublement menacée du fait de son origine bosniaque mulsumane.
Dans un premier temps, il doivent survivre avec sa famille en Allemagne, à Heildeberg, des années difficiles, surtout pour ses parents qui ont perdu tout statut social.

Lui, va s'intégrer grâce à une école internationale et peu à peu se faire une place d'écrivain en langue allemande
. Après beaucoup d'incertitudes et de quêtes qui lui font dire avec jutesse:
" Je me rappelle l'impression que cela fait de ne pas avoir de langue pour dire quelque chose"
Passé cette étape, Sasa Stanisic va retourner à Visegrad, en Bosnie, partant sur la quête de ses origines.
Mais quel sens donner au mot : Origines ?
"L'origine est et demeure une construction intellectuelle ! Une sorte de costume qu'on doit porter à tout jamais une fois qu'on vous l'a fait enfiler."
Sa recherche de ses origines commence avec un voyage et un pique nique sur la tombe de ses arrière-grands-parents à Oskorusa. C'est en compagnie de sa grande-mère bien aimée qu'il découvre son pays natal. Cette grand mère tellement attachante qui perd la mémoire.

" Quand ma grand-mère Kristina à commencé à perdre les souvenirs, je me suis mis à les rassembler"
Bouleversante filiation qui le ramène dans l'enfance. Ce bel enfant que l'on voit jouer avec une voiture sur la couverture du livre en noir et blanc.
Car, que sommes-nous en fait ? Des enfants qui ont grandi trop vite.
La famille est un ancrage pour lui, avec Kristina et l'autre grand-mère, celle qui lit l'avenir en jetant des haricots rouges. La présence rassurante de ses grands-pères aussi. Les liens qui l'unissent aujourd'hui à son petit garçon.
Très touchante cette partition avec sa grande mère Kristina pour retrouver leur passé.

" Mes souvenirs sont des variables de la nostalgie. Les souvenirs de Grand-mère des variables de la maladie".
Sasa Stanisic écrit avec une plume légère, teintée d'humour et de nostalgie, elle nous porte sans impudeur vers les chemins qui mènent à soi.
Un très beau roman, j'ai envie de dire à partager en famille tant chaque membre est l'écho de l'autre.
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critiques presse (1)
LeMonde
01 mars 2021
L'écrivain, Allemand d'origine bosniaque, dit adieu aux lieux et aux gens de son enfance, pour laquelle il n'entretient aucun souvenir idyllique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand je* rencontrais des gens pour la première fois, il m’arrivait de dire que je venais de Slovénie. La république alpine était celle qui avait le moins fait les gros titres, on me prendrait, espérais-je, davantage pour un skieur que pour une victime.
On me demandait pourquoi j’étais en Allemagne, je répondais quelque chose comme :" Mon père a eu une proposition exceptionnelle de la part de BASF, pas question de refuser."
Je poussais un soupir et ajoutais : « Les Alpes me manquent. »
Que les Alpes manquent à quelqu’un, je l’avais appris, c’était très bien vu en Allemagne.

*C'est l'auteur père serbe, mère bosniaque, réfugié en Allemagne, ayant fuit l'enfer de la guerre en ex-Yougoslavie.
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Environ quinze ans plus tard, en 2010, j’étais moi-même au MIT*. J’enseignais la littérature allemande et l’écriture créative. J’habitais à proximité de la Charles River. Quand on m’interrogeait sur mes origines, je répondais tantôt « Je viens de Višegrad », tantôt « je viens d’Europe » ou « du Palatinat du Rhin ». C’est cette dernière réponse qui marchait le mieux. Quand tu dis à l’étranger « Palatinat du Rhin », il est à peu près certain que ton interlocuteur ignore s’il s’agit d’une ville ou d’une erreur de prononciation.

* Boston ( États Unis)
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En revenant, près du vieux pont, je descends sur la rive. Sous la première arche, des gens sont assis autour d’un feu. Je m’approche, deux types se lèvent. Je comprends. Je lève les mains et m’écrie : « A friend, just a friend. » Je me nomme. Ils se rasseyent, ne me quittent pas des yeux.
D’où viennent-ils ?
D’Afghanistan. Et moi ?
D’ici.
Tu peux nous aider ?
Ils veulent aller plus au nord. Me montrent des photos de leurs familles devant des ruines, des cendres. Je réfléchis, je me demande si Stevo pourrait les emmener en voiture. Je leur propose bêtement un peu d’argent, ils ne l’acceptent pas. Le pont au-dessus de leurs têtes a quatre cent quarante ans.
Le pire de ce qui leur est arrivé pendant leur voyage ? L’un rit. Un autre dit : « Always be nobody. »
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Depuis qu’elle* a du mal à marcher, les voisins lui font ses courses. Elle aime surtout y envoyer Andrej, le policier d’en face aux cheveux bien peignés. Il n’est pas, dit-elle, corrompu comme le sont les autres policiers, un jour, il a arrêté Emir Kusturica et à la question que lui posait ce dernier : « Au fait, est-ce que tu sais seulement qui je suis ? », il a répondu : « Votre permis, les papiers de la voiture, s’il vous plaît. Ça y sera marqué. »
* Toujours la fameuse grand-mère :).
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Grand-mère m’avait versé de l’eau, boire beaucoup, avait-elle dit en 1984, et elle le répétait en 2009 avec tout autant de conviction, c’est important. Le verre lui aussi était le même, un peu ébréché, je le reconnaissais au petit éclat.
« Grand-mère, ce verre-là, on devrait tout de même le réformer. »
« Tu as des yeux, non ? Bois de l’autre côté. »
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Videos de Saša Stanišic (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Saša Stanišic
Sasa Stanisic - Avant la fête .Sasa Stanisic vous présente son ouvrage "Avant la fête" aux éditions Stock à l'occasion du salon le Livre sur la place à Nancy. Traduit de l'allemand par Françoise Toraille. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/stanisic-sasa-avant-fete-roman-9782234078178.html Musique © Mollat - http://www.mollat.com/ Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/petrovic-goran-atlas-des-reflets-celestes-9782882503824.html http://www.lelivresurlaplace.fr/ Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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