J'aime caresser les jolies choses. Un jour, à la foire, j'ai vu de ces lapins à longs poils. Et ils étaient jolis, pour sûr. Des fois même, j'caresse des souris, mais c'est quand j'peux rien trouver de mieux.
Y a pas besoin d'avoir de la cervelle pour être un brave type.
Vous avez tous peur les uns des autres, c’est pas autre chose. Vous avez tous peur que les autres aient quelque chose à raconter sur votre compte.
- Il est pas dingo, dit George. Il est con comme la lune mais il est pas fou. Et puis, j'suis pas si malin que ça moi-même, sans quoi j'chargerais pas de l'orge pour cinquante dollars [...].
Mourir ne nous est pas aussi étranger qu'on le croit, nous mourons tous les jours dans les profondeurs sans rêves du sommeil.
- Maintenant , tu comprendras peut-être . Toi t'as George. Tu sais qu'il va revenir . Suppose que tu n' puisse pas aller dans une autre chambre jouer aux cartes parce que t'es un nègre ? Suppose que tu sois obligé de rester assis ici , à lire des livres .Bien sûr , tu pourrais jouer avec des fers à cheval jusqu'à la nuit , mais après , faudrait que tu rentres lire tes livres . Les livres , c'est bon a rien . Ce qu'il faut à un homme , c'est quelqu'un ...... quelqu'un près de lui.
Elle se tourna vers lui, méprisante.
Ecoute, nègre, dit-elle, tu sais ce que je pourrais faire si t’ouvres ta sale gueule ?
Crooks la regarda, éperdu, puis il s’assit sur son lit et se retira en lui-même.
….Tiens-toi à ta place, nègre, j’pourrais te faire pendre à une branche d’arbre si facilement que ça ne serait même pas rigolo.
Crooks était réduit à rien. Il n’avait plus ni personnalité ni moi, rien qui pût éveiller ni sympathie ni antipathie. Il dit : « Oui, Madame » d’une voix blanche.
Elle resta un moment au-dessus de lui, attendant qu’il bougeât afin de pouvoir de nouveau le fustiger. Mais Crooks restait de nouveau immobile, les yeux détournés, mettant à couvert tout ce qui aurait pu être blessé.
….Il sembla se dégager lentement des couches protectrices sous lesquelles il s’était abrité.
Des saules, d'un vert jeune quand arrive le printemps, et dont les feuilles inférieures retiennent à leurs intersections les débris déposés par les crues de l'hiver; des sycomores aussi, dont le feuillage et les branches marbrées s'allongent et forment voûte au-dessus de l'eau dormante. Sur la rive sablonneuse, les feuilles forment, sous les arbres, un tapis épais et si sec que la fuite d'un lézard y éveille un long crépitement.
- Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. [...] Ils ont pas de futur devant eux.
Maintenant, tu comprendras peut-être. T'as George. Tu sais qu'il va revenir. Suppose que t'aies personne. Suppose que tu n'puisses pas aller dans une chambre jouer aux cartes parce que t'es un nègre ? Suppose que tu sois obligé de rester assis ici, à lire des livres. Bien sûr, tu pourrais jouer avec des fers à cheval jusqu'à la nuit, mais après, faudrait que tu rentres lire des livres. Les livres, c'est bon à rien. Ce qu'il faut à un homme, c'est quelqu'un... quelqu'un près de lui.