Citations sur Du sang sur la Baltique (43)
Je pensais me sentir plus jeune avec elle, mais c'est le contraire, elle me fait me sentir vieux et fatigué.
Page 186, Édition France Loisirs
Encore un été a l’eau parce qu’un fou de la gâchette a les doigts qui le démangent
« Au fait, en savons-nous davantage sur l’arme du crime? » Erik montra une grosse pile de documents. « On est en train de croiser le registre des ports d’armes avec l’entourage de Juliander. On veut savoir qui dispose d’une carabine de petit calibre. - Vérifiez aussi toute la bande du KSSS, ajouta le Vieux - Combien y a-t-il de personnes enregistrées? dit Margit. - Environ six cent cinquante mille propriétaires d’armes en Suède et presque un million de permis pour des carabines à plomb. » Erik fit la grimace. « Merci à Sachsen d’avoir trouvé la balle, ça élimine déjà un million de suspects. » Il fit un clin d’oeil à Carina qui lui sourit.
De nombreux touristes se pressaient dans les boutiques sous l’oeil de quelques retraités qui reposaient leurs jambes, assis sur des bancs. Aussi loin qu’il se souvienne, Thomas avait toujours vu sur ces bancs de vieux habitants de l’île occupés à commenter les allées et venues. Ils faisaient autant partie du paysage que les bateaux blancs de la compagnie Waxholm. Un instant, le temps se figea et Thomas se revit, enfant, attendant impatiemment que son père ait fini de bavarder avec un de ces petits vieux.
A l’époque, c’étaient de magnifiques voiliers en acajou. Ils portaient des noms distingués comme Aurore, Barracuda ou Béatrice. Aujourd’hui, ils étaient tous baptisés d’après leurs sponsors, Ericsson, Volvo et consorts. Hans Rosensjöö ricana tout seul - des noms de voiliers, ça? Au bon vieux temps, des banquettes de velours rouge sombre ornaient les carrés où flottait une vague odeur de cigare. Les dîners à trois plats suivis d’un petit digestif étaient la norme. Sans oublier les vins fins. De nos jours, les grands voiliers qui font la course autour du monde sont surtout des coquilles vides, songea Hans Rosensjöö. Il n’y a même pas de couchettes pour tout le monde, puisqu’on se relaie pour dormir. Dans l’après-guerre, on naviguait au chronomètre, à la sonde et en se repérant aux étoiles. Quel contraste avec les bateaux de course d’aujourd’hui, bourrés d’électronique, avec leur voile design. L’informatique embarquée valait celle d’un avion. Il n’y avait pas de limites à ce qu’un ordinateur pouvait faire. Sauf remplacer un navigateur expérimenté.
Il était un avocat à succès, elle une femme au foyer qui s’occupait des enfants. Ils ont une villa à Saltsjöbaden et une maison de vacances sur l’île d’Ingarö. Tant qu’il était libre d’aller et venir à sa guise et que l’intendance suivait, elle jouissait d’un niveau de vie et d’une position sociale que beaucoup lui auraient enviés. Sylvia n’était pas dans le besoins. Ils avaient conclu un pacte pour ainsi dire. Un contrat à usage interne.
- […] Tu sais ce qu'on dit de la voile de compétition ?
Thomas secoua la tête.
- Non
- Eh bien, c'est comme déchirer des billets de mille sous la douche.
ora alla chercher la clé dans l'armoire. D'un pas décidé, elle sortit de chez elle et se dirigea vers la villa Brand.
En voyant le magnifique rosier qui en couvrait presque toute la façade sud, elle faillit se mettre à pleurer. Signe prenait soin de ses roses comme s'il s'agissait d'êtres vivants. Elle avait la main verte. Malgré ses efforts, Nora ne lui arrivait pas à la cheville.
Elle ouvrit la porte d'entrée et alla sur la véranda avec vue sur la mer. Là, elle s'installa dans un des fauteuils en rotin usés et étendit les jambes. Un triporteur passait sur le chemin, elle l'entendait pétarader par la fenêtre à croisillons. Ce bruit familier la fit sourire.
l retint son souffle tandis que finissait le compte à rebours. Ils étaient si près maintenant qu'il aurait pu toucher la bouée.
La traînée de fumée du pistolet apparut dans le ciel et, un instant plus tard, le coup de feu retentit au-dessus de la mer.
Le vice-président Oscar Juliander s'abattit lentement en avant. Ses mains lâchèrent la barre tandis que le sang jaillissait de sa poitrine. Ses yeux aveuglés n'eurent pas le temps de voir que la course avait commencé. Avant que son corps s'effondre lourdement sur le pont il avait perdu connaissance.
Le coup de feu qui le tua coïncida exactement avec le signal de départ.
L'Emerald Gin franchit la ligne, premier de sa catégorie.
« Nous sommes sous le choc, évidemment, dit l’homme qui, d’après l’encadré en bas de l’écran, était le président du club nautique KSSS, Hans Rojensjöö. Nos pensées vont en premier lieu à son épouse, Sylvia, et à leurs enfants.
- Que pouvez-vous nous dire du défunt ? » demanda le reporter avant de lui fourrer un micro sous le nez.
Hans Rosenjöö sembla offusqué, comme s’il trouvait la question déplacée.
« Oscar était un navigateur de premier ordre et un camarade très apprécié. Au sein du KSSS, nous sommes tous en deuil.
- Savez-vous qui a pu vouloir l’assassiner ? enchaina le reporter.
- C’est à la police de répondre à cette question », rétorqua Rosenjöö, pressé de mettre fin à la conversation.