Conduire un voilier, c'était presque mieux que le sexe, pensa-t-il, ravi.
En tout cas, pas loin.
Le fameux toast du marin était servi depuis la nuit des temps. Il s'agissait d'une grosse pièce de filet de boeuf sur une tranche de pain grillé, le tout nappé d'une bonne louche de sauce béarnaise. Une généreuse portion de pommes frites complétaient le tout.
Kester n'était pas spécialement doué , ni vif , plutôt un caractère inquiet , persuadé d'avoir été injustement traité par la vie .
Il aurait aimé pouvoir appeler des renforts , mais hélas tout le monde était en vacances .Moralité : évitez de tomber malade ou de vous faire assassiner en Juillet , songea-t-il amèrement . C était la triste vérité.
Comment quelqu'un comme lui avait-il pu être nommé à un poste de ce niveau dans une aussi grande banque , cela demeurait pour elle un mystère .Elle ne comprenait pas que sa nullité n'éclate pas au grand jour .
Sur les rocher, quelques touches de neige qui n'avait pas encore fondu. Quelques canards ponctuaient le ciel où le soleil était encore bas.
« Aidez-moi ! cria-t-il. Aidez-moi, pour l'amour du ciel ! »
L'amarre qu'on lui lança formait une boucle. Dans l'eau glaciale, il se la passa gauchement autour du corps.
« Remontez-moi ! » haleta-t-il en s'agrippant au bord du bateau de ses doigts déjà gourds.
Quand l'ancre attachée à l'autre bout de la corde fut jetée par-dessus bord, il eut surtout l'air étonné, comme s'il n'avait pas compris que son poids allait bientôt l'entraîner par le fond.
Qu'il n'avait plus que quelques secondes à vivre avant que son corps suive la lourde masse d'acier.
La dernière chose qu'on vit de lui fut sa main qui battit la surface, emmêlée dans le filet. Puis l'eau se referma sur lui avec un imperceptible bruit de succion.
Comme la vie des gens basculaient vite. Un jour marin sur les mers du vaste monde, le lendemain malade et mourant.
Il y a beaucoup de choses qu’on regrette amèrement toute sa vie.
Aucun d'entre eux n'avait imaginé le peu de temps qu'il lui restait à vivre. Auraient-ils fait d'autres choix, s'ils avaient su ce qui les attendait ? Auraient-ils su apprécier autrement la vie en devinant à quelle vitesse elle allait leur échapper ?
Du jour au lendemain, des choses comme le droit de pêcher, chasser, ou voter au sein de la communauté avaient commencé à se négocier. Ce qui allait de soi dans l'existence sur l'île de Sandhamn se voyait d'un coup évalué et affublé d'un prix.