Un roman que j'avais hâte de lire enfin, premier volume d'une trilogie steampunk, mais qui n'a pas su me séduire et m'a même agacée par moments.
Ce qui m'a plu dans Smog of Germania c'est l'aspect steampunk, avec tous les ingrédients habituels : smog, vapeurs, industrie galopante, automates, ferraillerie, machines volantes etc. etc. J'aime beaucoup ce genre d'ambiances.
D'autre part, ce qui fait la force de Smog of Germania, c'est son décalage géographique. Ici, on n'est pas dans le cadre habituel anglais victorien. On n'est pas à Paris non plus; on trouve pas mal de récits pendant l'
Exposition Universelle. Non, Smog of Germania se passe en Allemagne, en 1900, dans une des plus grandes villes de la civilisation occidentale de cet univers : Germania. Il s'agit d'uchronie, puisque le Kaiser a mis à genoux l'Alsace Lorraine. France et Allemagne sont d'ailleurs en guerre.
J'ai particulièrement aimé la peinture de la ville, entre dorures impériales et poussières suffocantes des bas-fonds industriels de Germania. Si cette représentation est assez classique, elle est assez réaliste aussi. Enfin, c'est une peinture d'un Reich décadent qui se donne à lire ici. le Kaiser semble devenir fou, et sa violence exploser. Et il gravite autour de lui une aristocratie complètement défoncée. L'absinthe coule à flots, les corps se mélangent, la violence s'exacerbe. Il ne semble plus y avoir de limite et de raison dans cet univers.
En revanche, l'intrigue ne m'a pas passionnée. Elle est construite autour d'un vaste complot qui allie scène politique et diplomatique et intrigues de cour. du classique, qui impacte, tout aussi classiquement, la protagoniste, Viktoria – « celle qui n'est pas grand chose et qui semble insignifiante mais en fait pas du tout ». La fille du Kaiser est en grand danger, et elle doit fuir. le rythme du roman prend alors l'allure d'une course contre la montre quand Viktoria échappe de peu à une tentative de meurtre. Sauvée par Jeremiah, la main armée de l'Empereur, elle doit se transformer en pauvre hère des bas-fonds. C'est là encore très classique le coup de l'aristocrate capricieuse qui devient peu à peu plus humble, sortie de ses dorures.
Alors on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est dynamique, rythmé, les rebondissements arrivent au bon moment et les révélations apportent leur lot de suspense. de plus, l'écriture est plutôt immersive, et la relecture est parfaite. Je regrette cependant les quelques mots d'allemand dont sont truffés les dialogues – ça fait très artificiel selon moi. Un peu trop volonté de faire « couleur locale ». Mais ça se lit, et jusque là, ça aurait pu être une bonne lecture.
Ca aurait pu, mais il y a un gros mais.
D'abord, les personnages. Il n'y en a pas un qui a trouvé grâce à mes yeux. Viktoria est le cliché de l'aristo capricieuse et arrogante. Jeremiah mi humain-mi automate, tueur expérimenté, qui est aux yeux de Viktoria aussi repoussant que séduisant. C'est Christian Grey avec une moitié automate. le même traumatisé de la vie et de l'amour, inadapté aux relations sociales et amoureuses. Les deux nous offrent des échanges dignes d'Amour gloire et beauté par moments. Derrière ce duo, une panoplie de personnages, chacun dans son rôle : l'aristo traîtresse, le fils banni qui revient en cachette, les figurants des bas-fonds et ceux des salons impériaux…
L'ennui de tous ces personnages, c'est la surexposition de leurs corps nus et sexualisés. Je sais bien qu'on est dans un roman qui dépeint la décadence d'un régime, d'une société et d'une aristocratie qui s'ennuie. C'est donc cohérent d'avoir des personnages qui se conduisent de manière tout aussi décadente. Cependant, était-il nécessaire d'y aller avec d'aussi gros sabots et de faire dans le trop plein ? Je pense que non, mais pour le coup, c'est affaire de point de vue et de sensibilité.
Je me sens cependant un peu flouée, cependant, car je m'attendais, selon le résumé, à un roman d'aventures, et pas à un roman érotique. Que j'ai trouvé particulièrement pauvre dans les relations entre les hommes et les femmes et la représentation des corps. Là encore, on peut dire que c'est « justifié » par l'époque. Mais enfin, l'agression sexuelle par ici, le viol par-là : c'est comme le comique de répétition, à la longue ça devient lourd.
Quant aux scènes de sexe « consenti », je les ai trouvées maladroites, et d'un autre temps, étalées en plus sur plusieurs pages. Une représentation trop grossière pour moi, pas assez subtile, manquant de finesse. Et un voyeurisme qui me déplaît. Mais cela rejoint ce que je disais plus haut : certains trouveront peut-être cette peinture très cohérente et pertinente compte tenu de l'univers décadent.
Enfin, la romance ne m'a vraiment pas réjouie, tant certains échanges m'ont lassée et d'autres fait rire, ce qui n'était pas le but, je pense. Je l'ai surtout trouvée très classique, par moments ça m'a fait penser à Angélique avec Geoffrey de Peyrac : j'aime bien, hein; enfin, j'aimais bien. A l'époque. j'aurais aimé lire quelque chose de plus fin, de moins vu et revu, de différent… de plus moderne, peut-être.
Bref, rencontre manquée, cela dit les tomes semblent indépendants; je ne suis pas sûre de vouloir replonger dans la trilogie ceci dit, bien d'autres titres m'attendent...
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