Montres Enchantées
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Anthologie steampunk sur le thème du temps
Sortie Avril 2014 aux Editions du Chat Noir
Auteurs : Marie Angel, Marie Lucie Bougon, Esther Brassac, Fabien Clavel, Sophie Dabat, Hélène Duc, Clémence Godefroy, Cécile Guillot, Claire Stassin, Geoffrey Legrand, Lucie G. Matteoldi, Pascaline Nolot, Laurent Pendarias, Marine Sivan, Marianne Stern, Vincent Tassy, Adeline Tosello
Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu'on le regarde, il s'efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu'à l'extinction. L'être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures... L'esprit cartésien a beau le fractionner, il n'en demeure pas moins incontrôlable.
Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l'Homme saurait-il mieux gérer son temps ?
Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées.
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Sitôt la requête formulée, une équipe Stasi qualifiée sera chargée d’appréhender le(s) coupables. Dénoncer sur simples soupçons suffit. Nous fournirons les preuves plus tard, dans l’éventualité d’un procès.
L'expression de Jérémiah restait désespérément neutre ; ni colère ni compassion ne glissait sur sa moitié de visage organique. Il donnait l'impression de lui sonder l'âme, et après quelques instants de ce désagréable examen, Viktoria regretta presque d'avoir ouvert la bouche. Ses poils se hérissaient, l'air semblait s'être refroidi. Elle recula, tandis que Jérémiah pénétrait dans la pièce aussi silencieux qu'une ombre. Il se coula jusqu'à elle, l'emprisonna contre le mur de pierre. Puis sa griffe lui caressa la joue avec une douceur si inattendue qu'elle en tomba bouche-bée.
Parfait. Au moins le métropolitain se viderait-il de la majorité de ses occupants au quartier industriel, maigre consolation. En dépit des odeurs agressives et de la promiscuité dérangeante; Viktoria devait bien admettre que ce train souterrain présentait un avantage sérieux : celui d'emmener les voyageurs à destination très rapidement. Aucun fiacre n'aurait pu les conduire à WelBensee en un quart d'heure à peine. Par ailleurs, les renifleurs peineraient à retrouver leurs traces, et par conséquent, les assassins également. Un sursis bienvenu afin de rallier Tellow et récupérer le mystérieux paquet, qu'importe son contenu.
Sur la terrasse , la vision qui apparut devant elle était toujours magnifique , époustouflante , réservée aux rares privilégiés ayant accès à ces étages . Une mer noirâtre , angoissante , encerclait la terrasse jusqu'à perte de vue : le smog , brume charbonneuse propre à Germania . A l'origine , il n'avais couvert que les quartiers est de la ville , où le Kaisier avait implanté charbonneries et industries . Prenzlauer Berg et Weissensee avaient été les premiers à sombrer dans les ténèbres , puis les districts environnants avaient suivi . La population de Germania étais désormais condamnée à l'obscurité...
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J’ai détesté Vincent dès notre première rencontre. J’ai haï son manque de manières, ses airs supérieurs, son cynisme parfois malsain. Le fait d’être musicien et d’avoir un parterre de fans à ses pieds lui a sérieusement gonflé les chevilles, aussi, il est convaincu de sa supériorité, d’être le centre du monde, ou parfois même d’être un quelconque Messie envoyé répandre la bonne parole. Cette arrogance développée sur scène m’a toujours agacée ; elle est à l’origine de l’aversion que je lui voue. Aversion, qui d’ailleurs, s’est très vite révélée réciproque.

Nous naissons avec le don, il guide nos pas, nos vies, reflète ce que nous sommes à travers nos créations... Ne voyez pas en cela une chance inestimable qui nous est accordée, ce pouvoir possède également des travers. Vous n'avez qu'à compter le nombre de personnes qui souhaitent s'attacher mes services, ou à défaut, me tuer pour que je n'oeuvre contre elles ! Mon existence se résume à une traque perpétuelle constituée de périodes de répit plus ou moins longues, d'asservissements, de fuites... Vous n'aimeriez pas être à ma place, monsieur de Bellecourt. On me force à créer, on vante mon don et mes facultés hors du commun, la perfection de mes réalisations. Car voyez-vous, un engrenage, un mécanisme, un assemblage se doit d'être parfait. Parfait ! Regardez simplement ces billes dans la bourse, elles donnent du sens à mes propos. Néanmoins, sous l'esthétisme et la beauté des apparences se dissimulent bien souvent les tréfonds les plus noirs de mon âme. J'ai façonné en grande partie pour tuer, je ne suis pas le gentleman bienveillant qui vous fait face en ce moment ... On aura eu raison de vous mettre en garde contre moi, je suis un monstre de la pire espèce.
Réflexion faite, mieux vaut noyer mon impatience dans un nouveau verre de vodka. La potion magique russkie qui soigne tous les maux.
Le problème avec vous, Fraulein, est l'importance stupide que vous accordez aux apparences, et la naïveté qui va avec, comme le soulignait si bien Max. Vous soupçonniez Speer de traitrise, car il vous a abandonné chez Niklas sans une explication, puis vous avez cru celui-ci à la solde des assassins parce qu'il ne possède aucune manière. Maria est tellement grasse qu'elle vous dégoûte, alors vous la considérez comme une ennemie... Et maintenant, Beate von Hanover. Vous la détestez et vous savez qu'elle prend plaisir à comploter à la cours, vous en faites donc la traitresse idéale. Grandissez enfin ! Si vous saviez combien de personnes jouent double-jeu dans cette ville, afin d'échapper à ce qu'elles sont réellement...
" Le Kaiser vous a donc convié à sa réception ?
- Pas vraiment, il n'apprécie guère ma présence au sein de son parterre de nobles. A vrai dire, je suis ici, car j'y ai un rendez-vous. Pour être franc, je ne raffole point de ces mondanités. Trop de raffinement, de faux-semblants, d'intrigues... Pour vous fondre dans le décor, vous ne pouvez rester vous-même, chacun joue un jeu.
A l’exception de son ballon, le vaisseau ne possédait aucun des attributs des zeppelins traditionnels que Viktoria apercevait parfois dans le ciel de Germania. Le Jungfrau paraissait tout droit sorti des Caraïbes et des histoires de flibustiers, mais également d’un univers fantastique lorsque l’on observait ses ailes lui conférant une allure animale.