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3,86

sur 66 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un coup de coeur, un vrai.

De l'action de bout en bout, dès le début, sans répit. J'ai du mal à me dire que tant de chose se sont passées dans un seul livre. Et en même temps, facile à suivre quand même, rien n'est brouillon ou précipité, rien n'est laissé au hasard.

Les personnages principaux sont tour a tour impitoyables et attachants, les personnages secondaires n'ont même pas une morale douteuse: il n'en ont juste pas. C'est surprenant, choquant, appréciable. Seule Viktoria est un peu chiante mais elle se soigne. C'est pas grave, cela correspond au personnage.
Les relations entre eux sont à leur images, variables, sans grande tendresse et pourtant pleines de sentiments.

L'intrigue est passionnante, l'univers, complet. Un détail me manque, mais il est trop relié à l'intrigue pour que je vous en parle ouvertement! Et au final, il n'est pas si important

Un grand moment. Que demander de plus?

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Déjà un grand merci aux Editions du Chat noir pour l'envoi de ce livre. Après quelques péripéties, il est arrivé à bon port et a pu être lu dans la foulée. Pour commencer, j'aime beaucoup la couverture, sombre, avec des bâtiments difficilement identifiables, tout comme des "choses" qui volent. Les rouages mêlés au décor et personnages, je la trouve tout à fait en adéquation avec le texte.

Vint ensuite l'histoire. Au début du 20ème siècle, nous plongeons dans Germania, ville où le Smog est présent et fait la loi, en quelque sorte. le Kaiser veut gagner la guerre contre les français, mais de plus il souhaite par dessus tout faire en sorte que sa ville soit la plus majestueuse possible. Sa fille, Viktoria-Luise von Preuben, qui devrait ne pas sortir de chez elle, aime profiter de ses soirées pour naviguer dans les rues de Germania. Accompagné de son chaperon – qui n'est autre que l'homme de main du Kaiser, son cher père – elle va échapper de peu à la mort des suites d'un piège tendu juste pour son cou gracile. A partir de ce moment, les événements vont s'enchainer jusqu'à un point de non-retour pour l'ensemble des personnages.

J'avoue que j'ai du mal à savoir par où commencer car j'ai adoré le livre du début à la fin, que se soit l'histoire, les personnages, la manière d'écrire, bref un véritable tout.

L'intrigue est importante et se développe rapidement dans le sens où l'attaque se fait dans les premières pages, mais elle s'étoffe lentement au fil des pages jusqu'à ce que les personnages impliqués se montre au grand jour. Un engrenage qui ne laisse personne de côté, et dont les enjeux politiques sont si énormes que c'est à se demander une chose : comment ce complot a pu passer à la trappe durant tout ce temps. Des trahisons, des énigmes... Faire confiance à quelqu'un devient de plus en plus dangereux. Sans compter ce Smog important qui oblige les habitants à ne sortir que couvert au maximum afin de respirer un minimum.

Les détails, descriptions sont juste assez pour voir la ville et ses bâtiments se dessiner sous nos yeux. Enfin non, pas juste assez un peu plus que cela, car le soucis du détail est appliqué, que ce soit la lanterne utilisée pour voir un peu plus, ou les foulards qui couvrent les visages, sans compter les nombreux mécanismes humains ou non qui sont crées avec minutie. Lorsque Charogne et Gadoue se mettent à l'oeuvre, des frissons se forment par endroit sur le corps à la lecture de ce qu'ils aiment faire. de toute manière leur prénom – ou surnoms – vont tout à fait avec leur pelle et brouette. Un léger sentiment de répulsion envers leurs travaux, il n'y a pas de doutes possible. Et l'esprit de Charogne est un véritable dédale de perversité.

En parlant des personnages, j'ai beaucoup apprécié les rôles de Jérémiah, Viktoria, Maxwell, Speer, Ludivine, Joachim, Flamel et bien d'autre encore, sans oublier les deux cités au-dessus. Chacun a une belle part dans le récit, et parler de tous ne servirait qu'à donner trop d'éléments sur le contenu, par contre je vais tout de même écrire sur deux ou trois.

Commençons avec Viktoria, la malheureuse fille du Kaiser qui va échapper de peu à la mort dès le départ. Dans les premières lignes elle m'a fait penser à une petite fille précieuse et capricieuse à qui personne ne lui refuse rien. Plus les événements vont intervenir et plus elle va comprendre qu'accorder sa confiance sans réfléchir peut lui causer des torts. de la gamine capricieuse du départ qui ne pense qu'à elle, nous la voyons évoluer avec les drames qui lui tombent dessus et devenir une jeune femme. Certes légèrement naïve parfois, mais qui a murit et qui ne reste pas égoïste, bien au contraire, ses pensées vont vers ceux qui l'aident réellement.

Jérémiah est un homme formidable malgré son aspect. J'ai aimé découvrir comment il était devenu ainsi, et l'auteur nous offre même son enfance un peu plus loin. Sa façon de penser est peu commune, ne se laissant pas guider par des sentiments qui pourraient lui obscurcir qon jugement. Il a un charisme fou, lorsqu'il décide de s'en servir, ce qui est extrêmement rare et préfère l'indifférence à toutes formes d'émotions. Tout cela dans le but de se protéger.

Maxwell est un homme de valeur, qui montre deux personnalités complètement distinctes. La première est celle d'un gentilhomme, prévenant, plein de ressources et près à vous servir. La seconde pourrait être comparé à celui d'un savant fou. Il aime son Zeppelin noir, fabriquer des choses, des gadgets en tout genre, tenter de dépasser les limites du possible. Il a un but et j'ai beaucoup apprécié le fait que même si c'est en parti pour lui, il le fait d'abord pour un autre qui lui est très précieux.

D'une manière générale, il vaut mieux se méfier de tout le monde dans cette histoire, les amis le sont-ils réellement? Et les ennemis, de quel côté sont-ils vraiment? Car entre les traîtres au Kaiser, à la fille, au maitre-espion, aux assassins et j'en laisse beaucoup de côté, il est très difficile de voir venir la fin de ce roman. D'ailleurs, à part pour deux personnages dont je ne voyais pas d'autres issues, pour Viktoria, j'avoue ne pas avoir vu venir cette scène. Disons que, sans donner d'explication sur son final, je ne le voyais pas de cette manière, mais plus esseulée, voire pire.

En bref, j'ai passé un super moment de lecture, entouré de personnages très travaillés, avec un passé et un présent très bien expliqués, laissant l'avenir se dessiner à l'horizon. Des descriptions de la ville comme des bâtiments volants ou non très réalistes, même si nous sommes dans un imaginaire lointain. Pour les adeptes du Steampunk et pour les "découvreurs" de ce thème, passer à côté serait vraiment dommage de mon point de vue.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/smog-of-germania-marianne-stern-a118179552
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Un vrai coup de coeur ! Je connais assez peu l'univers steampunk, bien qu'il m'ait toujours intriguée. du genre, je n'avais lu jusqu'à présent que le protectorat de l'ombrelle de Gail Carriger, A victorian Fantasy de Georgia Caldera et New Victoria de Lia Habel. Si j'ai apprécié ces livres, aucun ne m'a transportée comme Smog of Germania l'a fait. Son secret ? Un univers plus sombre et très crédible.

J'ai écrit un roman, il y a quelques années. Je l'avais imaginé d'une certaine manière et, bien entendu, le résultat n'y correspondait pas parfaitement. En lisant Smog of Germania, j'ai eu l'impression d'enfin trouver ce que j'avais cherché à écrire. Pas que l'intrigue soit la même, loin de là, mais dans l'ambiance et dans les personnages, mon idéal d'écrivain se trouvait entre mes mains. J'aurais pu en être jalouse, mais je suis principalement heureuse d'avoir vécu un moment de lecture intense, de m'être plongée dans un roman jouant sur mes exactes cordes sensibles. Et peut-être un peu jalouse tout de même.

Après ce (très) long préambule, je vais enfin aborder le sujet même de ce billet : Smog of Germania. Quelles sont les multiples raisons qui doivent vous amener absolument à le lire ?
La première (et pas des moindres) est bien évidemment l'ambiance. Ce smog opaque qui a envahi la ville pèse sur Germania dans une atmosphère oppressante. Il dissimule sous sa couverture charbonneuse les meurtriers et les vices, prête son voile aux complots et aux trahisons. Et dans sa traversée inquiétante, Viktoria, fille du Kaiser, va rencontrer les bas-fonds de la ville, la lie et la fange qu'elle ne pouvait même imaginer. Et ce malgré ses escapades nocturnes, qui lui octroient un sentiment de liberté illusoire et des frissons en toute sécurité.
Les personnages sont gris comme je les aime. Avec des nuances tirant vers le noir (avec l'avantage de s'accorder au smog omniprésent). Viktoria peut se montrer capricieuse et agaçante, mais on repère vite qu'il ne s'agit que d'un stratagème pour se protéger. Fragilité et courage se côtoient allègrement. Plus intéressants encore sont Maxwell et Jeremiah, parfois froids et calculateurs, et d'autres enflammés et exaltés. Maxwell surtout apparaît presque bipolaire tant son comportement peut varier brutalement. Leur relation est très bien développée et donne corps au récit.

Le monde est très bien construit, que ce soit au niveau de la politique, de l'essors des machines, de certaines particularités qui lui sont propres… et le style très visuel de Marianne Stern sert à merveille les descriptions, permettant de s'imaginer, de se plonger même, dans cet univers. La fin conclue parfaitement l'intrigue, grise à l'image du livre. Mais je préfère ne rien dévoiler. J'ai donc adoré du début à la fin.

Pour tous ceux qui aiment le steampunk ou qui voudraient découvrir ce genre, Smog of Germania est un livre à ne pas manquer. Et cerise sur le gâteau, sa couverture est magnifique.
Lien : http://amaranth-chroniques.b..
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Attention ce roman est un coup de coeur! Merci à l'auteur qui m'a fait plonger dans les méandres du smog of Germania et qui m'a offert une lecture passionnante: ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi prenant et captivant.

Marianne Stern nous livre ici un roman aux accents steampunk. Nous sommes à Germania, capitale du Reich. A l'ouest, la menace de l'armée française gronde. Peu importe au Kaiser Wilhem, obnubilé par la grandeur de sa ville. Il rêve de concurrencer Paris et Napoléon. Il se dévoue jour et nuit à bâtir des chantiers faramineux pour dépasser en puissance et en beauté toutes les capitales du monde et asseoir la grandeur de Germania. Il développe l'industrie à grande échelle pour accéder à ses fantasmes de toute-puissance: un smog noir et épais a envahi les rues de la ville, dissimulant voleurs et assassins. Peu importe là aussi puisque seule l'élite du royaume a droit à de la hauteur, à de l'air pur et au soleil.

Le Kaiser a une fille, Viktoria qu'il fait protéger par son homme de main: l'Exécuteur. Ce dernier est une sorte d'automate mi-homme, mi-machine. Quand Viktoria échappe à une tentative de meurtre, elle s'évade grâce à ce chaperon inquiétant. Tous deux se réfugient sur le zeppelin de Maxwell, un pirate des airs aux airs de gentleman. Quel lien unit l'Exécuteur à Maxwell? Et surtout, qui en veut à la vie de Viktoria? Les apparences sont souvent trompeuses…

Le Kaiser est une transposition du Führer. Il joue à la guéguerre avec ses officiers dans une salle spécialement dédiée et il ne se rend pas compte de la grogne à l'extérieur. Bien protégé dans sa tour d'ivoire, il n'a qu'une idée en tête: faire de Germania la capitale du monde. L'auteur a sur faire du Kaiser un personnage ridicule mais à la fois suffisamment fou et inquiétant pour qu'on le prenne au sérieux. Il ne se soucie pas de ses enfants au point d'avoir congédié tous ses fils.

Seule sa fille Viktoria est à ses côtés au début du livre. C'est d'ailleurs elle l'héroïne de l'histoire. J'ai lu sur différents blogs qu'elle avait tendance à énerver par ses caprices et ses minauderies. C'est drôle car je n'ai pas du tout ressenti cela. C'est sûr, Viktoria est une Fraülein de la haute bourgeoisie. Elle a vécu dans un monde douillet, protégé de tout. du jour au lendemain, elle est projetée dans un univers violent et rude. le changement est grand. Cependant, j'ai trouvé que ce personnage s'adaptait bien à sa nouvelle existence. Elle n'hésite pas à prendre parti et se révèle une héroïne plaisante, au caractère affirmé. Cette Viktoria m'a beaucoup plu!

Mais LE personnage qui m'a le plus passionnée et emportée est celui de l'Exécuteur: Jeremiah! Alors là je dis Wahou! J'aurais pu lire le roman rien que pour lui. C'est un homme qui a échappé à la mort: il est mutilé dans sa chair puisqu'il est mi-homme mi-automate. le Kaiser l'a chargé des basses besognes de l'Etat à savoir faire disparaître tout opposant politique. Au contact de Viktoria, l'homme froid et taciturne qu'il est, va baisser la garde et nous offrir un autre visage. Au fil des pages, on en sait un peu plus sur son passé. En outre, l'auteur a l'intelligence de ne pas tourner la relation Viktoria-Jeremiah en une histoire d'amour collante et romantique! Elle a su doser parfaitement leurs sentiments sans oublier que l'action est au premier plan du roman. Jeremiah est un personnage qui possède une dualité intéressante, faite à son image. A la fois séduisant et repoussant, il m'a vraiment passionnée.

Outre ses personnages bien construits, Marianne Stern nous plonge dans une ambiance poisseuse, noire, qui colle à la peau à l'instar de ce smog qui envahit les rues et qui laisse proliférer aussi bien les criminels que les rats. L'industrialisation massive de Germania est bien décrite et on se laisse facilement perdre dans ce dédale de rues et de ruelles mal fréquentées. L'auteur y glisse aussi le thème de l'orfèvrerie avec l'ombre de Nicolas Flamel qui plane sur toute l'intrigue. Les machines et les automates ont leur place toute trouvée et restent des éléments bien inquiétants dans ce smog étouffant.

Smog of Germania est un coup de coeur pour moi. J'ai vraiment adoré ma lecture. Les personnages sont passionnants et l'intrigue possède de nombreux rebondissements. La plume de l'auteur m'a une fois de plus convaincue tant elle maîtrise le genre du steampunk à la perfection.
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J'ai adoré cette lecture. C'est presque un coup de coeur, mais je crois ma non-sympathie envers Viktoria m'a un peu freiné pour que cela soit un coup de coeur. Marianne Stern m'a convaincue que le steampunk est un genre que je puisse aimer. Les personnages sont géniaux, fascinants surtout, et l'univers fabuleusement bluffant. J'aurai aimé qu'il ne se termine pas encore,
Lien : https://sorbetkiwi.wordpress..
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C'est dans le cadre du challenge Mercure et Roues Crantées organisé sur l'Imag'In Café que j'ai emprunté ce roman à la bibliothèque. L'histoire débute au tout début du vingtième siècle, dans une Germania steampunk qui subit les excès de l'industrialisation à outrance, dont le principal est la pollution. On suit Viktoria, la fille du Kaiser, entraînée bien malgré elle dans une aventure faite d'intrigues et de complots et qui la dépasse complètement.

C'est un roman sympathique, efficace et divertissant. L'ambiance est assez sombre, mais le style de l'auteur est vraiment dynamique et on se retrouve très vite happé par cette histoire pleine de rebondissements et de retournements de situation. Tout va très vite entre complots, trahisons et jeux de pouvoir et cette pauvre Viktoria est sans cesse trimballée de droite et de gauche sans bien comprendre ce qu'il lui arrive. le récit est cohérent, avec juste ce qu'il faut de politique pour lui donner une assise bien stable et nous donner envie de savoir ce qui se trame.

Alors je ne vais pas prétendre ce roman complètement dénué de défauts. L'auteur fait durer le mystère, un peu trop probablement, ce qui rend le dénouement un peu laborieux, et a tendance à frustrer le lecteur une partie du récit. Mais le point fort de Smog of Germania est clairement l'univers développé par Marianne Stern. Bien qu'assez classique, il est solide et bien construit et j'ai adoré l'idée des créateurs. L'ambiance est sombre, presque poisseuse, ce qui plonge le lecteur dans une atmosphère étouffante qui colle parfaitement bien au thème.

Pour finir, les personnages sont accrocheurs et complexes, en particulier Maxwell et Jeremiah, dont l'aspect un peu froid cache une profonde humanité. J'ai eu un peu plus de mal avec Viktoria, qui passe un peu pour la blonde de service, mais elle n'est pas inintéressante et va parfaitement dans son rôle ! Au final, un roman qui remplit bien son office, distrayant et nerveux, avec un univers fort sympathique, une intrigue tout à fait plaisante et des personnages intéressants. A savourer sans se prendre la tête.
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C'est une histoire vraiment bien structurée et pensée que nous propose Marianne Stern. D'abord, elle ne se focalise pas uniquement sur les états d'âme d'une princesse obligée de se cacher qui découvre que la vie est plus dure en dehors des murs du palais impérial. le suspens est maintenu et les rebondissements présents jusque dans les dernières pages où le dénouement est amené de manière fluide, évitant l'écueil classique de la fin brutalement annoncée. Les chapitres plutôt courts de ce roman dynamisent un peu plus (s'il en était besoin) cette lecture et créent un rythme plaisant.

L'écriture, de la même manière que l'intrigue, est soignée. Aucun mot n'est employé à la légère et sert l'histoire de manière optimale. J'ai toutefois eu un peu de mal à accrocher avec cette écriture au début du roman... Mais après quelques chapitres posant les bases de l'histoire, j'ai dévoré la suite jusqu'au dernier mot.

La suite de ma chronique sur le blog.
Lien : http://laplume-ou-lavie.blog..
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C'est maintenant devenu une habitude, lors de chaque Foire du Livre de Bruxelles, un détour s'impose par le stand des Editions du Chat Noir. Ce livre me faisait de l'oeil, mais il me manquait ce petit quelque chose pour qu'il rejoigne ma PAL. Finalement, après un pitch plutôt convaincant de Mathieu Guibé, je me suis laissé tenter. Et grand bien m'en a pris !

Avec ce premier tome de la saga intitulée « Récits du Monde Mécanique », Marianne Stern propose un récit à l'esthétique steampunk, genre avec lequel elle se sera permis quelques libertés.

La première originalité de ce roman est que le smog et la révolution industrielle habituellement associés à la ville de Londres et l'époque victorienne ont déserté la capitale britannique pour envahir les rues de Germania, la capitale du Reich. À la tête de celle-ci, le Kaiser Wilhem, dont on dit qu'il n'a plus toute sa raison. En effet, rien ne lui importe plus que le désir de faire de sa ville un fleuron industriel. le smog est d'ailleurs le triste résultat de cette mégalomanie.

Qui dit steampunk dit également inventions et technologies ingénieuses et c'est ici que réside la seconde originalité de ce roman : les orfèvres. Il s'agit d'une caste bien particulière d'individus dotés d'un don très rare leur permettant de créer des inventions d'une grande complexité et d'une perfection inégalable. Il va sans dire qu'ils sont très convoités par les dirigeants des diverses puissances mondiales et qu'ils préfèrent se terrer dans l'ombre plutôt que de faire étalage de leur talent.

En ce qui concerne les personnages, j'ai beaucoup apprécié leur complexité.

Commençons par Viktoria-Luise von Preuben, personnage central de cette histoire, fille du Kaiser Wilhem, dont le seul but dans l'existence est de rechercher un mari respectable qui pourra un jour succéder à son père. La capricieuse demoiselle adore n'en faire qu'à sa tête et elle se fait un devoir de défier les interdits imposés par son père. L'un de ses passe-temps favoris consiste à quitter régulièrement la sécurité du château afin d'arpenter les sombres rues de Germania. Cependant, la vie de château de Viktoria bascule le jour où elle échappe de justesse à une tentative d'assassinat.

La jeune Fräulein au caractère bien trempé, incarne à la perfection le stéréotype de la petite fille pourrie gâtée, habituée à ce qu'on lui passe tous ses caprices. Il est très difficile de ne pas trouver ce personnage horripilant ! Cependant, au fur et à mesure des événements auxquels elle sera confrontée pour sauver sa vie et échapper au vaste complot qui menace la stabilité politique bien précaire du Reich, la jeune fille gagne en maturité et descend peu à peu de son piédestal. Je me suis même surprise à l'apprécier en fin de compte et même à éprouver de la compassion pour elle, notamment lorsqu'elle se voir rejetée par l'homme qu'elle aime. Non, non, ne comptez pas sur moi pour dévoiler le nom de l'heureux (ou malheureux) élu !

Dans sa fuite, Viktoria sera escortée par Jérémiah, mi-humain, mi-automate, son garde du corps, mais avant tout l'Exécuteur du Kaiser. Ce dernier effectue les basses besognes dictées par Wilhem et réduit au silence les traitres et autres indésirables. Froid, taciturne et sans pitié en apparence, il laisse cependant entrevoir une part d'humanité très touchante lorsque sa carapace s'effrite.

Viktoria et Jérémiah pourront notamment compter sur l'aide de Herr Maxwell, le maître-espion du Kaiser pour les épauler dans leur fuite et démasquer le commanditaire du meurtre. Sous ses airs de parfait gentleman avenant et sympathique se cache un redoutable adversaire calculateur et fin tacticien.

Au fur et à mesure de leur périple, les trois compagnons seront tantôt épaulés, tantôt poursuivis par une foule d'autres personnages à la psychologie tout aussi complexe. Rassurez-vous, bien que ces derniers soient nombreux, ils font leur apparition au fur et à mesure du récit et dans un ordre tout à fait logique. Impossible donc de s'y perdre.

Finalement, en ce qui concerne l'intrigue, celle-ci est tortueuse et sombre à souhait. On tremblera plus d'une fois pour le salut des personnages que l'auteur prend plaisir à malmener. Quelques petites touches de nécromancie et d'humour noir viennent ponctuer l'atmosphère déjà bien oppressante et cruelle qui se dégage de Germania.

En bref, j'ai adoré Smog of Germania, qui est l'un de mes coups de coeur de cette année ! J'ai hâte de découvrir ce que Marianne Stern nous réserve dans le second et le troisième tome de cette trilogie. En tout cas, j'espère bien y retrouver Maxwell et surtout Jérémiah !
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Dans une Allemagne uchronique, le XXe siècle débute dans nuage de pollution industrielle résultant de la folie des grandeurs du dirigeant. Les riches se cachent en hauteur, où volent les dirigeables, pendant que les autres vivent dans un constant smog, où déambule parfois Viktoria, l'héroïne, fille du Kaiser.

La belle plume de l'autrice dépeint ici une aventure, une enquête, une femme qui essaie tout bien que mal de survivre à son statut dans un contexte propice au complots. Elle raconte un univers original où la folie des grandeurs d'un dirigeant décadent se plonge dans la sombre atmosphère d'une révolution industrielle incontrôlée. Des personnages riches épousant le contexte steampunk aussi bien que l'intrigue, se révélant bien différents de leurs allures pour le meilleur comme pour le pire et usant d'armes et outils modernes.

En somme, dans cette première steampunk pour ma bibliothèque, j'ai lu une histoire passionnante racontée avec une écriture riche et savante.
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Brouillard, amour et décadence dans une Allemagne fantasmée…

Une rupture avec le steampunk traditionnel londonien.

L'action se déroule dans une Allemagne fantasmée, régie par un Empereur fou et décadent dans une ville appelée Germania où il ne fait pas bon vivre. La forte industrialisation de la ville a conduit à sa pollution. Tellement importante qu'il est impossible de voir à travers les rues, de se promener sans masque. Les plus riches vivent cloîtrés dans des tours hautes pour se protéger de ce smog tandis que les plus pauvres doivent supporter cette pollution dans les bas-fonds. L'Empereur multiplie les constructions pour affirmer sa gloire sans se soucier du bien-être de ses habitants.  La ville pullule de guildes d'assassins, de trafiquants et de créateurs d'armes illicites. le cimetière de la ville est géré par deux fossoyeurs portés sur les pires obscénités envers les cadavres. le salut se trouve dans les airs avec l'armée de Zeppelins de l'Empereur (ou les pirates), naviguant au-dessus du smog, ou la campagne à des kilomètres de la capitale.

Viktoria, la fille de l'Empereur, n'hésite pas à visiter les bas-fonds la nuit pour se divertir, malgré les dangers. C'est elle qui va découvrir le complot cherchant à tuer l'empereur… et plus encore !

Une intrigue basée sur des personnages masculins

Si l'on peut éprouver de l'antipathie pour Viktoria, jeune fille capricieuse et naïve, l'intrigue est rattrapée par les personnages masculins, plus travaillés, apportant de la profondeur à l'histoire. Son frère Joachim, chassé par l'Empereur est un homme pragmatique et cherchant à récupérer son titre autant qu'à venger son frère assassiné par l'Empereur. Les jumeaux Maxwell et Jérémiah sont deux parfaits pirates ne cherchant qu'à récupérer leur liberté au prix du sang. Ils ont chacun une personnalité bien marquée : Maxwell montre un double visage moitié gentleman/moitié génie de la mécanique et Jérémiah d'aspect froid et repoussant cache un coeur tendre. Ce qui au départ semblait un roman à destination d'un public féminin s'avère pouvoir s'adresser aussi aux hommes. Un bon point pour l'auteur qui sort des conventions de romans steampunk féminins habituels.

Un peu de magie avec tout ça?

Dans cette histoire, les merveilles technologiques pullulent, nées de l'esprit de leur créateur suite à un don de naissance inexplicable : araignées mécaniques tueuses, souris renifleuses pour détecter des personnes, épingles de localisation, oeil mécanique avertissant du danger, dirigeable amélioré se transformant en nuage…

Les orfèvres ignorent d'où vient leur savoir. Ils créent de belles inventions par automatisme. Des génies en somme?

Mais quand il s'agit de réparer des humains, la mécanique a ses limites et c'est là qu'intervient la magie noire, la nécromancie. Jérémiah en a fait l'expérience :  suite à son décès prématuré, il a été transformé par son frère avec la magie. Mais il vit dans un corps à moitié mécanique ce qui lui a fait perdre son humanité.

Outre le fait de ramener les morts à la vie, on fait la connaissance d'un Nicolas Flamel sorcier, mi-homme, mi-serpent qui manipule un peu tout le monde pour parvenir à ses fins, ce qui ajoute du piment à l'histoire.

Amour macabre ou amour humanisant? 

L'histoire d'amour développée entre la princesse Viktoria et Jérémiah, son homme de main à moitié automate fait un peu frémir.

En dépit de son aspect horrible et de ses tâches macabres d'Exécuteur de l'Empereur, Jéremiah a du mal à accepter que Viktoria s'intéresse à lui. Il a aussi perdu en humanité avec l'ajout de ses parties mécaniques. Visiblement, Viktoria n'est pas rebutée par le physique déformé de l'homme-automate. Elle voit l'homme derrière la machine. Son amour humanise peu à peu Jérémiah, même s'il la repousse. Néanmoins, on peut considérer leur union comme un peu morbide car Jérémiah ne peut plus avoir d'enfants, son corps est mort.



En conclusion : Un roman qui propose une vision plus germanique du steampunk, basée sur les dangers de la démesure, la folie dirigeante et l'humanisation des hommes-robots.
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