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Récits du Monde Mécanique tome 1 sur 3
EAN : 9782354085483
360 pages
Editions Mnémos (20/04/2017)
3.86/5   66 notes
Résumé :
Germania, début des années 1900, capitale du Reich.
À sa tête, le Kaiser Wilhem, qui se préoccupe davantage de transformer sa cité en quelque chose de grandiose plutôt que de se pencher sur la guerre grondant le long de la frontière française - et pour cause : on dit qu'il n'a plus tous ses esprits. Un smog noir a envahi les rues suite à une industrialisation massive, au sein duquel les assassins sont à l'oeuvre.
Une poursuite infernale s'engage dans l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 66 notes
Déjà un grand merci aux Editions du Chat noir pour l'envoi de ce livre. Après quelques péripéties, il est arrivé à bon port et a pu être lu dans la foulée. Pour commencer, j'aime beaucoup la couverture, sombre, avec des bâtiments difficilement identifiables, tout comme des "choses" qui volent. Les rouages mêlés au décor et personnages, je la trouve tout à fait en adéquation avec le texte.

Vint ensuite l'histoire. Au début du 20ème siècle, nous plongeons dans Germania, ville où le Smog est présent et fait la loi, en quelque sorte. le Kaiser veut gagner la guerre contre les français, mais de plus il souhaite par dessus tout faire en sorte que sa ville soit la plus majestueuse possible. Sa fille, Viktoria-Luise von Preuben, qui devrait ne pas sortir de chez elle, aime profiter de ses soirées pour naviguer dans les rues de Germania. Accompagné de son chaperon – qui n'est autre que l'homme de main du Kaiser, son cher père – elle va échapper de peu à la mort des suites d'un piège tendu juste pour son cou gracile. A partir de ce moment, les événements vont s'enchainer jusqu'à un point de non-retour pour l'ensemble des personnages.

J'avoue que j'ai du mal à savoir par où commencer car j'ai adoré le livre du début à la fin, que se soit l'histoire, les personnages, la manière d'écrire, bref un véritable tout.

L'intrigue est importante et se développe rapidement dans le sens où l'attaque se fait dans les premières pages, mais elle s'étoffe lentement au fil des pages jusqu'à ce que les personnages impliqués se montre au grand jour. Un engrenage qui ne laisse personne de côté, et dont les enjeux politiques sont si énormes que c'est à se demander une chose : comment ce complot a pu passer à la trappe durant tout ce temps. Des trahisons, des énigmes... Faire confiance à quelqu'un devient de plus en plus dangereux. Sans compter ce Smog important qui oblige les habitants à ne sortir que couvert au maximum afin de respirer un minimum.

Les détails, descriptions sont juste assez pour voir la ville et ses bâtiments se dessiner sous nos yeux. Enfin non, pas juste assez un peu plus que cela, car le soucis du détail est appliqué, que ce soit la lanterne utilisée pour voir un peu plus, ou les foulards qui couvrent les visages, sans compter les nombreux mécanismes humains ou non qui sont crées avec minutie. Lorsque Charogne et Gadoue se mettent à l'oeuvre, des frissons se forment par endroit sur le corps à la lecture de ce qu'ils aiment faire. de toute manière leur prénom – ou surnoms – vont tout à fait avec leur pelle et brouette. Un léger sentiment de répulsion envers leurs travaux, il n'y a pas de doutes possible. Et l'esprit de Charogne est un véritable dédale de perversité.

En parlant des personnages, j'ai beaucoup apprécié les rôles de Jérémiah, Viktoria, Maxwell, Speer, Ludivine, Joachim, Flamel et bien d'autre encore, sans oublier les deux cités au-dessus. Chacun a une belle part dans le récit, et parler de tous ne servirait qu'à donner trop d'éléments sur le contenu, par contre je vais tout de même écrire sur deux ou trois.

Commençons avec Viktoria, la malheureuse fille du Kaiser qui va échapper de peu à la mort dès le départ. Dans les premières lignes elle m'a fait penser à une petite fille précieuse et capricieuse à qui personne ne lui refuse rien. Plus les événements vont intervenir et plus elle va comprendre qu'accorder sa confiance sans réfléchir peut lui causer des torts. de la gamine capricieuse du départ qui ne pense qu'à elle, nous la voyons évoluer avec les drames qui lui tombent dessus et devenir une jeune femme. Certes légèrement naïve parfois, mais qui a murit et qui ne reste pas égoïste, bien au contraire, ses pensées vont vers ceux qui l'aident réellement.

Jérémiah est un homme formidable malgré son aspect. J'ai aimé découvrir comment il était devenu ainsi, et l'auteur nous offre même son enfance un peu plus loin. Sa façon de penser est peu commune, ne se laissant pas guider par des sentiments qui pourraient lui obscurcir qon jugement. Il a un charisme fou, lorsqu'il décide de s'en servir, ce qui est extrêmement rare et préfère l'indifférence à toutes formes d'émotions. Tout cela dans le but de se protéger.

Maxwell est un homme de valeur, qui montre deux personnalités complètement distinctes. La première est celle d'un gentilhomme, prévenant, plein de ressources et près à vous servir. La seconde pourrait être comparé à celui d'un savant fou. Il aime son Zeppelin noir, fabriquer des choses, des gadgets en tout genre, tenter de dépasser les limites du possible. Il a un but et j'ai beaucoup apprécié le fait que même si c'est en parti pour lui, il le fait d'abord pour un autre qui lui est très précieux.

D'une manière générale, il vaut mieux se méfier de tout le monde dans cette histoire, les amis le sont-ils réellement? Et les ennemis, de quel côté sont-ils vraiment? Car entre les traîtres au Kaiser, à la fille, au maitre-espion, aux assassins et j'en laisse beaucoup de côté, il est très difficile de voir venir la fin de ce roman. D'ailleurs, à part pour deux personnages dont je ne voyais pas d'autres issues, pour Viktoria, j'avoue ne pas avoir vu venir cette scène. Disons que, sans donner d'explication sur son final, je ne le voyais pas de cette manière, mais plus esseulée, voire pire.

En bref, j'ai passé un super moment de lecture, entouré de personnages très travaillés, avec un passé et un présent très bien expliqués, laissant l'avenir se dessiner à l'horizon. Des descriptions de la ville comme des bâtiments volants ou non très réalistes, même si nous sommes dans un imaginaire lointain. Pour les adeptes du Steampunk et pour les "découvreurs" de ce thème, passer à côté serait vraiment dommage de mon point de vue.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/smog-of-germania-marianne-stern-a118179552
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Un roman que j'avais hâte de lire enfin, premier volume d'une trilogie steampunk, mais qui n'a pas su me séduire et m'a même agacée par moments.


Ce qui m'a plu dans Smog of Germania c'est l'aspect steampunk, avec tous les ingrédients habituels : smog, vapeurs, industrie galopante, automates, ferraillerie, machines volantes etc. etc. J'aime beaucoup ce genre d'ambiances.

D'autre part, ce qui fait la force de Smog of Germania, c'est son décalage géographique. Ici, on n'est pas dans le cadre habituel anglais victorien. On n'est pas à Paris non plus; on trouve pas mal de récits pendant l'Exposition Universelle. Non, Smog of Germania se passe en Allemagne, en 1900, dans une des plus grandes villes de la civilisation occidentale de cet univers : Germania. Il s'agit d'uchronie, puisque le Kaiser a mis à genoux l'Alsace Lorraine. France et Allemagne sont d'ailleurs en guerre.

J'ai particulièrement aimé la peinture de la ville, entre dorures impériales et poussières suffocantes des bas-fonds industriels de Germania. Si cette représentation est assez classique, elle est assez réaliste aussi. Enfin, c'est une peinture d'un Reich décadent qui se donne à lire ici. le Kaiser semble devenir fou, et sa violence exploser. Et il gravite autour de lui une aristocratie complètement défoncée. L'absinthe coule à flots, les corps se mélangent, la violence s'exacerbe. Il ne semble plus y avoir de limite et de raison dans cet univers.


En revanche, l'intrigue ne m'a pas passionnée. Elle est construite autour d'un vaste complot qui allie scène politique et diplomatique et intrigues de cour. du classique, qui impacte, tout aussi classiquement, la protagoniste, Viktoria – « celle qui n'est pas grand chose et qui semble insignifiante mais en fait pas du tout ». La fille du Kaiser est en grand danger, et elle doit fuir. le rythme du roman prend alors l'allure d'une course contre la montre quand Viktoria échappe de peu à une tentative de meurtre. Sauvée par Jeremiah, la main armée de l'Empereur, elle doit se transformer en pauvre hère des bas-fonds. C'est là encore très classique le coup de l'aristocrate capricieuse qui devient peu à peu plus humble, sortie de ses dorures.

Alors on ne s'ennuie pas une seule seconde. C'est dynamique, rythmé, les rebondissements arrivent au bon moment et les révélations apportent leur lot de suspense. de plus, l'écriture est plutôt immersive, et la relecture est parfaite. Je regrette cependant les quelques mots d'allemand dont sont truffés les dialogues – ça fait très artificiel selon moi. Un peu trop volonté de faire « couleur locale ». Mais ça se lit, et jusque là, ça aurait pu être une bonne lecture.


Ca aurait pu, mais il y a un gros mais.

D'abord, les personnages. Il n'y en a pas un qui a trouvé grâce à mes yeux. Viktoria est le cliché de l'aristo capricieuse et arrogante. Jeremiah mi humain-mi automate, tueur expérimenté, qui est aux yeux de Viktoria aussi repoussant que séduisant. C'est Christian Grey avec une moitié automate. le même traumatisé de la vie et de l'amour, inadapté aux relations sociales et amoureuses. Les deux nous offrent des échanges dignes d'Amour gloire et beauté par moments. Derrière ce duo, une panoplie de personnages, chacun dans son rôle : l'aristo traîtresse, le fils banni qui revient en cachette, les figurants des bas-fonds et ceux des salons impériaux…

L'ennui de tous ces personnages, c'est la surexposition de leurs corps nus et sexualisés. Je sais bien qu'on est dans un roman qui dépeint la décadence d'un régime, d'une société et d'une aristocratie qui s'ennuie. C'est donc cohérent d'avoir des personnages qui se conduisent de manière tout aussi décadente. Cependant, était-il nécessaire d'y aller avec d'aussi gros sabots et de faire dans le trop plein ? Je pense que non, mais pour le coup, c'est affaire de point de vue et de sensibilité.

Je me sens cependant un peu flouée, cependant, car je m'attendais, selon le résumé, à un roman d'aventures, et pas à un roman érotique. Que j'ai trouvé particulièrement pauvre dans les relations entre les hommes et les femmes et la représentation des corps. Là encore, on peut dire que c'est « justifié » par l'époque. Mais enfin, l'agression sexuelle par ici, le viol par-là : c'est comme le comique de répétition, à la longue ça devient lourd.
Quant aux scènes de sexe « consenti », je les ai trouvées maladroites, et d'un autre temps, étalées en plus sur plusieurs pages. Une représentation trop grossière pour moi, pas assez subtile, manquant de finesse. Et un voyeurisme qui me déplaît. Mais cela rejoint ce que je disais plus haut : certains trouveront peut-être cette peinture très cohérente et pertinente compte tenu de l'univers décadent.

Enfin, la romance ne m'a vraiment pas réjouie, tant certains échanges m'ont lassée et d'autres fait rire, ce qui n'était pas le but, je pense. Je l'ai surtout trouvée très classique, par moments ça m'a fait penser à Angélique avec Geoffrey de Peyrac : j'aime bien, hein; enfin, j'aimais bien. A l'époque. j'aurais aimé lire quelque chose de plus fin, de moins vu et revu, de différent… de plus moderne, peut-être.


Bref, rencontre manquée, cela dit les tomes semblent indépendants; je ne suis pas sûre de vouloir replonger dans la trilogie ceci dit, bien d'autres titres m'attendent...
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/m..
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Un coup de coeur, un vrai.

De l'action de bout en bout, dès le début, sans répit. J'ai du mal à me dire que tant de chose se sont passées dans un seul livre. Et en même temps, facile à suivre quand même, rien n'est brouillon ou précipité, rien n'est laissé au hasard.

Les personnages principaux sont tour a tour impitoyables et attachants, les personnages secondaires n'ont même pas une morale douteuse: il n'en ont juste pas. C'est surprenant, choquant, appréciable. Seule Viktoria est un peu chiante mais elle se soigne. C'est pas grave, cela correspond au personnage.
Les relations entre eux sont à leur images, variables, sans grande tendresse et pourtant pleines de sentiments.

L'intrigue est passionnante, l'univers, complet. Un détail me manque, mais il est trop relié à l'intrigue pour que je vous en parle ouvertement! Et au final, il n'est pas si important

Un grand moment. Que demander de plus?

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La chose qui m'a fait craquer pour ce livre, c'est bel et bien la couverture que je trouve tout simplement magnifique. L'alliance des couleurs rend vraiment bien et puis bon, je suis faible devant les belles couvertures, que voulez-vous... le résumé aussi m'a beaucoup intriguée, et je savais d'avance que ce ne serait pas une histoire simple, que ce serait fouillé et complexe. J'ai donc bien aimé ma lecture, même si c'est vrai que parfois j'étais un peu perdue avec toutes ces explications et l'univers.

Nous sommes au début des années 1900. le Kaiser Wilhem règne sur la capitale du Reich, et il se préoccupe plus de transformer sa cité en quelque chose de grandiose, plutôt que de ses habitants et ses enfants. On dit de lui qu'il devient fou. Est-ce vrai ou une façon de l'évincer du pouvoir ? Un smog noir a envahi les rues suite à une industrialisation massive, au sein duquel les assassins sont à l'oeuvre. le jour où la fille du Kaiser, Viktoria, est victime d'une tentative d'assassinat. Les dés sont jetés, la course contre la montre est lancée. Qui lui veut du mal et pourquoi ?

L'on peut dire ce qu'on veut : on est immergé dan cet univers particulier dès le début du livre, ce qui aide forcément à vouloir continuer notre lecture. Même s'il est vrai que les 100 premières pages, j'ai eu du mal à comprendre le fond de l'intrigue en elle-même, ma curiosité était tout de même bel et bien présente et je voulais en savoir plus. Pourquoi Viktoria, qui ne se montrait que très rarement en public, est soudain la cible de ses assassins qui pullulent à Germania ? Mais à partir du moment où certaines révélations éclatent, je pensais que je serais rassurée, que ma curiosité serait tarie, mais non ! L'auteure nous réserve encore tellement de surprises, qu'on est pris dans une sorte de cercle vicieux qu'on a du mal à lâcher.

En ce qui concerne les personnages, je dois dire qu'ils sont divers et variés. Mais pour le coup, même s'ils semblent être beaucoup, l'auteure arrive à bien faire leur distinction, afin que l'on ne se sente pas noyés parmi eux. J'ai particulièrement aimé Maxwell et Jeremiah, qui ont réussi à me toucher avec leur personnalité et leur façon d'être. Ils ont beau être différents niveau caractère, ils sont pourtant très complémentaires. Mais surtout, ils ont la même idée en tête : faire tomber le Kaiser, ainsi que protéger Viktoria, qui devient vite une victime contre son gré. Quant à cette dernière, bien qu'elle soit une femme assez reculée et absente, il n'en reste pas moins qu'elle a un sacré caractère, et ne se laisse pas faire ! J'ai aimé son côté fort, même s'il est vrai que parfois, sa naïveté peut aller contre elle. Comme je vous le disais plus haut, nous avons toute une panoplie de personnages, mais je ne vous les décrirai pas plus ici, étant donné qu'on les découvre vraiment au fur et à mesure du récit. Mais ces trois personnages dont je viens de vous parler, sont bien ceux qui ont réussi à me toucher et avec qui j'ai apprécié passer ces instants.

Concernant l'intrigue, il est vrai que j'ai de temps en temps été perdue, mais ça, ce n'est que moi. L'univers est tellement poussé et complexe, que parfois, je me retrouvais un peu extérieure, ne sachant plus trop où donner de la tête et n comprenant pas vraiment où l'auteure voulait nous amener. de ce fait, certains passages qui, je trouve, traînaient un peu en longueur, m'ont un peu mise de côté. Cette histoire est vraiment complexe et concentrée, et j'avoue avoir eu un peu de mal, c'est vrai. Cependant, je salue vraiment l'auteure qui, avec sa belle plume, arrive à nous transporter malgré tout dans son univers. On sent toutes les recherches qu'elle a fait derrière, mais surtout le plaisir qu'elle a ressenti à l'écrire. J'aimerais vraiment vous en dire bien plus, parce que même si je n'ai pas autant aimé que je l'espérais, j'ai passé un bon moment de lecture et découvrir une nouvelle plume m'a fait très plaisir. Cependant, étant un tome unique, vous vous doutez bien que les péripéties et les révélations sont nombreuses, de ce fait, j'aurais vraiment trop peur de lâcher quelque chose qu'il ne faudrait pas. Néanmoins, c'est une lecture que je conseille à tous ceux qui veulent découvrir un univers particulier, très bien travaillé et innovant. Il est certain que vous tomberez sous son charme et de celui de la plume de Marianne Stern ! Pour ma part, ce ne sera pas le seul livre d'elle que je compte découvrir !

En résumé, j'ai l'impression que cette chronique est assez brouillon, alors je m'en excuse. Ce qui est loin d'être le cas pour le livre, qui est fouillé, complexe et très bien travaillé. On sent les recherches qu'a pu faire l'auteure et c'est vraiment très bien amené. Les personnages sont aussi très bien fouillés, et leur psychologie très complète. Même s'il est vrai qu'à certains moments j'étais un peu perdue, il n'empêche que c'est un très bon roman, que je conseille à ceux qui sont intrigués et tentés !

Justine P.
Lien : http://lireunepassion.blogsp..
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Brouillard, amour et décadence dans une Allemagne fantasmée…

Une rupture avec le steampunk traditionnel londonien.

L'action se déroule dans une Allemagne fantasmée, régie par un Empereur fou et décadent dans une ville appelée Germania où il ne fait pas bon vivre. La forte industrialisation de la ville a conduit à sa pollution. Tellement importante qu'il est impossible de voir à travers les rues, de se promener sans masque. Les plus riches vivent cloîtrés dans des tours hautes pour se protéger de ce smog tandis que les plus pauvres doivent supporter cette pollution dans les bas-fonds. L'Empereur multiplie les constructions pour affirmer sa gloire sans se soucier du bien-être de ses habitants.  La ville pullule de guildes d'assassins, de trafiquants et de créateurs d'armes illicites. le cimetière de la ville est géré par deux fossoyeurs portés sur les pires obscénités envers les cadavres. le salut se trouve dans les airs avec l'armée de Zeppelins de l'Empereur (ou les pirates), naviguant au-dessus du smog, ou la campagne à des kilomètres de la capitale.

Viktoria, la fille de l'Empereur, n'hésite pas à visiter les bas-fonds la nuit pour se divertir, malgré les dangers. C'est elle qui va découvrir le complot cherchant à tuer l'empereur… et plus encore !

Une intrigue basée sur des personnages masculins

Si l'on peut éprouver de l'antipathie pour Viktoria, jeune fille capricieuse et naïve, l'intrigue est rattrapée par les personnages masculins, plus travaillés, apportant de la profondeur à l'histoire. Son frère Joachim, chassé par l'Empereur est un homme pragmatique et cherchant à récupérer son titre autant qu'à venger son frère assassiné par l'Empereur. Les jumeaux Maxwell et Jérémiah sont deux parfaits pirates ne cherchant qu'à récupérer leur liberté au prix du sang. Ils ont chacun une personnalité bien marquée : Maxwell montre un double visage moitié gentleman/moitié génie de la mécanique et Jérémiah d'aspect froid et repoussant cache un coeur tendre. Ce qui au départ semblait un roman à destination d'un public féminin s'avère pouvoir s'adresser aussi aux hommes. Un bon point pour l'auteur qui sort des conventions de romans steampunk féminins habituels.

Un peu de magie avec tout ça?

Dans cette histoire, les merveilles technologiques pullulent, nées de l'esprit de leur créateur suite à un don de naissance inexplicable : araignées mécaniques tueuses, souris renifleuses pour détecter des personnes, épingles de localisation, oeil mécanique avertissant du danger, dirigeable amélioré se transformant en nuage…

Les orfèvres ignorent d'où vient leur savoir. Ils créent de belles inventions par automatisme. Des génies en somme?

Mais quand il s'agit de réparer des humains, la mécanique a ses limites et c'est là qu'intervient la magie noire, la nécromancie. Jérémiah en a fait l'expérience :  suite à son décès prématuré, il a été transformé par son frère avec la magie. Mais il vit dans un corps à moitié mécanique ce qui lui a fait perdre son humanité.

Outre le fait de ramener les morts à la vie, on fait la connaissance d'un Nicolas Flamel sorcier, mi-homme, mi-serpent qui manipule un peu tout le monde pour parvenir à ses fins, ce qui ajoute du piment à l'histoire.

Amour macabre ou amour humanisant? 

L'histoire d'amour développée entre la princesse Viktoria et Jérémiah, son homme de main à moitié automate fait un peu frémir.

En dépit de son aspect horrible et de ses tâches macabres d'Exécuteur de l'Empereur, Jéremiah a du mal à accepter que Viktoria s'intéresse à lui. Il a aussi perdu en humanité avec l'ajout de ses parties mécaniques. Visiblement, Viktoria n'est pas rebutée par le physique déformé de l'homme-automate. Elle voit l'homme derrière la machine. Son amour humanise peu à peu Jérémiah, même s'il la repousse. Néanmoins, on peut considérer leur union comme un peu morbide car Jérémiah ne peut plus avoir d'enfants, son corps est mort.



En conclusion : Un roman qui propose une vision plus germanique du steampunk, basée sur les dangers de la démesure, la folie dirigeante et l'humanisation des hommes-robots.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'expression de Jérémiah restait désespérément neutre ; ni colère ni compassion ne glissait sur sa moitié de visage organique. Il donnait l'impression de lui sonder l'âme, et après quelques instants de ce désagréable examen, Viktoria regretta presque d'avoir ouvert la bouche. Ses poils se hérissaient, l'air semblait s'être refroidi. Elle recula, tandis que Jérémiah pénétrait dans la pièce aussi silencieux qu'une ombre. Il se coula jusqu'à elle, l'emprisonna contre le mur de pierre. Puis sa griffe lui caressa la joue avec une douceur si inattendue qu'elle en tomba bouche-bée.
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Parfait. Au moins le métropolitain se viderait-il de la majorité de ses occupants au quartier industriel, maigre consolation. En dépit des odeurs agressives et de la promiscuité dérangeante; Viktoria devait bien admettre que ce train souterrain présentait un avantage sérieux : celui d'emmener les voyageurs à destination très rapidement. Aucun fiacre n'aurait pu les conduire à WelBensee en un quart d'heure à peine. Par ailleurs, les renifleurs peineraient à retrouver leurs traces, et par conséquent, les assassins également. Un sursis bienvenu afin de rallier Tellow et récupérer le mystérieux paquet, qu'importe son contenu.
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Sur la terrasse , la vision qui apparut devant elle était toujours magnifique , époustouflante , réservée aux rares privilégiés ayant accès à ces étages . Une mer noirâtre , angoissante , encerclait la terrasse jusqu'à perte de vue : le smog , brume charbonneuse propre à Germania . A l'origine , il n'avais couvert que les quartiers est de la ville , où le Kaisier avait implanté charbonneries et industries . Prenzlauer Berg et Weissensee avaient été les premiers à sombrer dans les ténèbres , puis les districts environnants avaient suivi . La population de Germania étais désormais condamnée à l'obscurité...

p.44
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Le problème avec vous, Fraulein, est l'importance stupide que vous accordez aux apparences, et la naïveté qui va avec, comme le soulignait si bien Max. Vous soupçonniez Speer de traitrise, car il vous a abandonné chez Niklas sans une explication, puis vous avez cru celui-ci à la solde des assassins parce qu'il ne possède aucune manière. Maria est tellement grasse qu'elle vous dégoûte, alors vous la considérez comme une ennemie... Et maintenant, Beate von Hanover. Vous la détestez et vous savez qu'elle prend plaisir à comploter à la cours, vous en faites donc la traitresse idéale. Grandissez enfin ! Si vous saviez combien de personnes jouent double-jeu dans cette ville, afin d'échapper à ce qu'elles sont réellement...
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" Le Kaiser vous a donc convié à sa réception ?
- Pas vraiment, il n'apprécie guère ma présence au sein de son parterre de nobles. A vrai dire, je suis ici, car j'y ai un rendez-vous. Pour être franc, je ne raffole point de ces mondanités. Trop de raffinement, de faux-semblants, d'intrigues... Pour vous fondre dans le décor, vous ne pouvez rester vous-même, chacun joue un jeu.
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Vidéo de Marianne Stern
Montres Enchantées Précommande : http://editionsduchatnoir.com/shop/fr/38-montres-enchantees.html Anthologie steampunk sur le thème du temps Sortie Avril 2014 aux Editions du Chat Noir
Auteurs : Marie Angel, Marie Lucie Bougon, Esther Brassac, Fabien Clavel, Sophie Dabat, Hélène Duc, Clémence Godefroy, Cécile Guillot, Claire Stassin, Geoffrey Legrand, Lucie G. Matteoldi, Pascaline Nolot, Laurent Pendarias, Marine Sivan, Marianne Stern, Vincent Tassy, Adeline Tosello
Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu'on le regarde, il s'efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu'à l'extinction. L'être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures... L'esprit cartésien a beau le fractionner, il n'en demeure pas moins incontrôlable. Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l'Homme saurait-il mieux gérer son temps ? Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées.
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