Ça fait toujours peur quand quelqu'un qui crie tout le temps se met à parler doucement.
Je pose mon fer sans me presser et je sens cette mauvaise graine qui grossit dans ma gorge, celle qui s'est plantée après la mort de Treelore. J'ai chaud aux joues, et la langue qui me démange. Je sais pas quoi lui dire. Tout ce que je sais, c'est que je le dirai pas. Et je sais qu'elle dira pas ce qu'elle a envie de dire elle non plus, et c'est vraiment bizarre ce qui se passe ici parce que personne parle et on arrive quand même à avoir une conversation.
Le Mississippi est comme ma mère. J'ai le droit de me plaindre d'elle autant que je veux, mais gare à ceux qui se risquent à la critiquer en ma présence, sauf si c'est aussi leur mère.
Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru.
Moi je m’occupe des bébés des Blancs, voilà ce que je fais, et en plus, de tout le boulot de la cuisine et du ménage. J’en ai élevé dix-sept de ces petits dans ma vie. Je sais comment les endormir, les calmer quand ils pleurent et les mettre sur le pot le matin, avant que les mamans aient seulement le temps de sortir du lit.
- Non seulement il y a des limites, mais tu sais aussi bien que moi où elles passent.
-Avant, j'y croyais. Plus maintenant. On les a dans la tête, c'est tout.
J'avais toujours pensé que la folie est quelque chose de sombre et d'amer, mais elle est peut être comme une pluie bienfaisante si on s'y abandonne.
Je pose mon fer sans me presser et je sens cette mauvaise graine qui grossit dans ma gorge, celle qui s'est plantée après la mort de Treelore. J'ai chaud aux joues, et la langue qui me démange. Je sais pas quoi lui dire. Tout ce que je sais, c'est que je ne le dirai pas. Et je sais qu'elle dira pas ce qu'elle a envie de dire non plus, et c'est vraiment bizarre ce qui se passe ici parce que personne parle et on arrive quand même à avoir une conversation.
Tout le monde dort dans cette ville, dans tous les sens du terme.
Je plonge dans ses beaux yeux bruns et elle regarde dans les miens. Seigneur, ce regard, on dirait qu'elle a déjà vécu cent ans. Et je vous jure que je vois, tout au fond, la femme qu'elle sera. L'avenir, l'espace d'une seconde. Elle est grande et droite. Elle est fière. Elle est mieux coiffée. Et elle se rappelle les mots que j'ai mis dans sa tête. Comme on se rappelle quand on est une adulte. Alors elle le dit, juste comme il le fallait : « Tu es gentille, tu es intelligente. Tu es importante. » - Oh mon Dieu... Je serre son petit corps contre moi. J'ai l'impression qu'elle vient de me faire un cadeau. « Merci Baby Girl »