Qui est atteint de taphohobie d'après vous ? Ben c'est moi. Et à votre avis, qui a décidé de lire un roman qui parle de femmes
enterrées vivantes ? Ben c'est encore moi. Cherchez l'erreur. Bon l'essentiel, c'est que j'ai survécu puisque je suis en train de vous écrire… à moins que….
Une expérience de la mort dont vous vous souviendrez
Outre ses problèmes personnels (mère morte en couches, père absent, belle-mère plus proche de la marâtre), Eva Rossbach doit gérer une situation on ne peut plus inquiétante depuis quelques temps : elle rêve régulièrement qu'elle se retrouve enterrée vivante dans un cercueil. Ce n'est qu'un cauchemar, penserait toute personne sensée. Bien sûr sauf qu'Eva, à chaque réveil, constate que son corps a gardé des stigmates de cette expérience traumatisante. de peur qu'on la croie folle et qu'on l'interne de force, elle ne sait pas vers qui se tourner d'autant qu'au fil des années, elle s'est un peu isolée du monde. Une course contre la montre s'enclenche alors car jusqu'à présent, elle est parvenue à « sortir » de ce cercueil mais sera-ce le cas encore longtemps ? Trouvera-t-elle un allié dans ce combat qui se révélera finalement bien plus complexe que ce que l'on aurait pu imaginer ?
Moi et la littérature allemande…
On ne peut vraiment pas dire que moi et la littérature allemande, ce soit une très grande histoire d'amour. Pourquoi ? Je ne le sais pas vraiment. Peut-être quelques réminiscences de mes années fac et le souvenir perplexe de ma lecture de "Demian" d'Herman Hesse. Et pourtant j'essaye régulièrement de nouveaux auteurs pour me persuader que je n'ai rien contre nos amis germaniques.
La lecture de ce roman d'
Arno Strobel n'a finalement pas vraiment changé grand-chose à ce désamour. Je ne sais pas pourquoi : l'ambiance extrêmement sombre, l'aspect quasi masochiste de certains passages du roman…. Certes, on est loin de "La maison de l'assassin" d'Aichner qui m'avait particulièrement mis mal à l'aise mais bon, je persévère. Je vais bien réussir à trouver un roman allemand qui va finir par me séduire.
Il y a tout de même du positif.
La réussite de ce roman, c'est sans nul doute une entrée en matière totalement réussie. le début du premier chapitre m'a fait vivre ma pire angoisse : me réveiller avec l'héroïne enfermé dans un cercueil. J'ai cru que j'allais refermer le roman dès les premières pages tellement le style de l'auteur m'a totalement donné l'impression d'être à la place d'Eva. A titre de comparaison, ce fut le même sentiment que celui que j'avais éprouvé en regardant la fin du film "Buried" de Rodrigo Cortes, où j'avais carrément failli décéder (je ne plaisante pas !). C'est en tout cas le souvenir que je garderai de ce roman et qui me laisse penser qu'
Arno Strobel doit être un auteur à suivre.
Pour le reste du roman, ce qui s'est révélé intéressant c'est cette difficulté à comprendre ces impressions de flashbacks dont Eva est victime. Comment peut-elle passer d'un endroit à un autre en quelques micro-secondes ? D'où viennent ces traces sur son corps ? On a parfois presque du mal à y croire et l'on se demande comment l'auteur va réussir à se sortir de cette intrigue qui touche parfois à l'absurde. Mais la solution trouvée par Strobel est d'une logique sans faille et j'y ai parfaitement adhéré d'autant qu'elle avait été au coeur d'un film sorti l'année dernière (mais chut ! Je n'en dirai pas plus).
Le réseau des personnages est également remarquablement construit car on ne peut pas ne pas soupçonner chacun d'eux à un moment ou à autre du roman : Wiebke, la seule et unique amie d'Eva aux goûts en matière d'homme assez surprenants, le docteur Leienberg trop beau pour être honnête ?, Glöckner le beau-frère entretenu, les Wiebking et leur relations père-fils plus proche du « Je t'aime moi non plus » et, pour finir, cette étrange Britta qui semble cacher en elle un terrible secret. le lecteur devient ici vraiment enquêteur car l'auteur déroule sans censure les éléments du puzzle tout au long du roman alors que la vérité est sous ses yeux quasiment dès les premières pages.
Seul petit regret : le personnage de l'inspecteur, Bernd Menkhoff, ne m'a pas vraiment convaincu. Je pense que ses difficultés conjugales et sa guéguerre un peu puérile avec son collègue Riedel ne me l'ont pas forcément rendu sympathique. Pour une fois, la personnalité du coupable l'a, à mes yeux, totalement emporté sur celle de son poursuivant.
Au final, une intrigue intéressante, quelques passages particulièrement angoissants, mais pas vraiment de coup de coeur pour moi, même si la résolution de l'intrigue repose sur une explication qui tient particulièrement la route.
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