Bof bof bof...je ne suis vraiment pas convaincu. J'ai entamé cette lecture avec un a priori plutôt positif, mais trop de simplicité et un manque d'approfondissement ont vite douché mon enthousiasme. Je ne pense pas continuer cette trilogie, d'autant plus que ce premier tome se suffit à lui-même.
Le monde proposé par
Jonathan Stroud souffre d'un manque cruel de développement. C'est dommage car il y avait du potentiel. L'intrigue prend place au XXIe siècle, au Royaume-Uni. Les magiciens constituent la caste dominante de la société (les patriciens) et composent le gouvernement. Les comparer à un panier de crabe serait offensant pour les crabes, tant ils cultivent l'arrogance, l'ambition et la valorisation des signes extérieurs de richesse. Leur pouvoir repose en grande partie sur leur capacité à invoquer et contrôler des créatures magiques, plus ou moins puissantes, venant de l'Autre Lieu, parmi lesquelles gnomes, djinns, afrits et marids...On comprend à quelques indices que le Royaume-Uni contrôle un vaste empire, comprenant plusieurs pays d'Europe (dont la France) et qu'il est en guerre contre la Tchéquie (l'autre puissance magique), mais on n'en saura pas plus.
L'auteur étant britannique, le héros (Nathaniel) étant un apprenti magicien et le bouquin étant étiqueté "fantasy jeunesse", on peut être tenté de faire la comparaison avec Harry Potter. Mais, l'auteur ayant surement prévu le coup, désamorce très vite le piège car :
- L'origine de la puissance magique des magiciens est l'invocation de créatures, et non les sortilèges
- le point de vue adopté est plutôt celui du djinn (Bartiméus, donc), contrôlé par Nathaniel, plutôt que celui du jeune apprenti ambitieux.
- L'auteur fait de Nathaniel une tête-à-claque, pour laquelle on éprouve que très peu de sympathie. En même temps, il n'est que le produit du système dans lequel il évolue, il en est l'illustration, en quelque sorte.
- On n'est pas du tout dans une ambiance "school life", la formation des magiciens reposant sur un système d'apprentissage individuel (un apprenti par magicien)
Et globalement, ce qui m'a déplu c'est :
- le manque de développement de l'univers (société, géographie, politique, caractéristiques des différentes créatures magiques etc...)
- le héros auquel on s'attache difficilement
- Beaucoup de commentaires relatifs à cette trilogie soulignent son aspect humoristique, mais j'ai trouvé la plupart des tentatives de l'auteur en la matière (principalement portées par le personnage de Bartiméus), d'une platitude affligeante.
- L'écriture, le style qui n'est pas terrible. Et puis la narration qui est très linéaire.
Tout cela me fait dire qu'il n'est peut-être pas nécessaire de simplifier le propos à ce point, lorsqu'on prétend s'adresser aux jeunes (plus trivialement : arrêtons de les prendre pour des cons, incapable de soutenir un peu de subtilité et d'ambition littéraire).
J.K. Rowling l'a bien compris, elle qui n'a eu de cesse de "monter en gamme" (si je puis dire) au fils des tomes de sa saga. Maintenant, peut-être que la lecture de la suite de la trilogie démentirait cette vision des choses, mais franchement, ce premier tome ne m'en a pas donné envie.