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EAN : 9782954858906
120 pages
VALBD (30/11/-1)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Un personnage attachant, une belle histoire, de bons sentiments. "le petit garçon dépressif", un petit bijou né de l'imagination de S. Steven Struble et dessiné par Sina Grace.

LDB est un garçon renfermé sur lui-même, n'ayant aucune vie sociale ; un passionné de jeux vidéo, de musique, de cinéma et de livres ; un "geek" comme on les appelle. Pourtant un jour, une rencontre va bouleverser sa vie et lui faire ouvrir son c?ur. Il deviendra alors quelqu'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre, qui est complète en 5 volumes disponibles en VO (plus le tome zéro pour les plus accros). Seul le premier tome a été traduit en français. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2011, écrits, lettrés et mis en couleurs par S. Steven Struble, dessinés et encrés par Sina Grace. le personnage principal est dessiné sous forme d'un être humain dont la peau serait un sac de toile (avec couture apparente sur la tête), les yeux et la bouche dessinés au feutre dessus. Il s'appelle Little Depressed Boy, surnommé LDB par tout le monde.

Sur la première page, LDB (Little Depressed Boy) est avachi dans son canapé et se laisse aller à l'auto-apitoiement en se repliant sur ses bouquins, la télévision et les jeux vidéo. Il se force à sortir pour aller au café du coin pour aller bouquiner avec le casque audio sur les oreilles. Il y est rejoint par son pote Drew qui lui demande quand il reviendra jouer avec le groupe de rock. À la table d'à côté se trouve une jolie rousse tatouée sur le bras gauche ; il s'agit de Jazmine, surnommée Jazz. Elle leur adresse la parole et s'en va. Elle a tapé dans l'oeil de LDB.

LDB rentre chez lui en compagnie de Drew et ils se font une partie de Guitar Hero, ou un jeu vidéo équivalent. Après le départ de Drew, LDB rassemble ses affaires sales et se rend à la laverie automatique. Il s'allonge sur la banquette en attendant que la lessive se fasse. Il est dérangé par Jazz qui lui demande de lui laisser une place sur la banquette. La conversation s'engage. Jazz donne rendez-vous à LDB pour aller voir le concert du groupe Kepi Ghoulie. Ils font plusieurs sorties ensemble les jours suivants.

Dès la première séquence, les auteurs ont clairement indiqué le genre dans lequel s'inscrit leur récit. LDB est un jeune adulte, pas forcément encore dans la vie active, pas forcément encore dans la vie estudiantine, habitant dans une petite ville américaine sans âme et sans relief, pataugeant dans une phase de déprime qui semble cyclique. Les dessins présentent une apparence un peu esquissée, pas très bien finie. Les traits de contour ne sont pas réguliers, ils bavent un peu aboutissant à des traits irréguliers, boursouflés par endroit. Ils ne sont pas forcément bien jointifs. L'épaisseur des traits semble choisie en fonction de la fantaisie de l'artiste, sans réelle intention de sens. Ainsi un bras peut être détouré par un trait gras, alors que l'avant-bras sera détouré par un trait fin et sec, sans que cela ne corresponde à un ombrage, ou à une source d'éclairage particulière.

Le choix de représenter LDB de cette manière si particulière fait immédiatement sens. le lecteur comprend que c'est la manière dont LDB se perçoit, cette forme de sac mou, sans grandes caractéristiques physiques. En cela, cette interprétation rejoint la façon dont les enfants conçoivent leur propre corps. Dans les faits, LDB a une tête de smiley sur laquelle ses émotions s'affichent en plein, comme s'il n'y avait pas de filtre, pas de masque social. Paradoxalement, le personnage est d'autant plus touchant que son apparence est artificielle. Alors que les dessins le montrent comme une sorte d'épouvantail inoffensif, ses émotions sont à fleur de peau, au vu et au su de tout son entourage générant une empathie irrépressible chez le lecteur. LDB porte essentiellement des jeans, des tee-shirts avec des slogans ou des logos de groupe de rock, et des Converse. Il n'est pas loin d'une image générique du post adolescent, glandeur sans conviction ni engagement.

Les autres personnages sont représentés de manière plus conventionnelle, sans grand luxe de détail. Drew a une morphologie plus virile, plus carrée, et un look un peu plus hard rock, mais sans patch ni bracelet clouté. Jazz est fine et élancée, avec des tatouages au dessin assez vague sur le bras gauche. Au contraire de LDB, elle semble très à l'aise avec sa vie superficielle et vaguement branchée rock alternatif. Elle change de tenue régulièrement passant du jean + teeshirt, à une jupe courte au-dessus du genou. Ses expressions de visage sont plus nuancées que celles de LDB. Elle dégage une impression d'entrain détendu, d'une jeune femme qui prend la vie comme elle vient, sans espoir ou attente particuliers, sans s'en faire sur le plan matériel (le dernier épisode donne une explication sur ce dernier point). Elle fait preuve d'une légère forme d'autodérision, très amusante et séduisante lors d'une mémorable partie de bowling au cours de laquelle le style compte plus que le nombre de quilles renversées.

Malgré le réel degré de simplification de représentation, le lecteur n'éprouve pas l'impression de voir des acteurs jouer sur une scène avec des décors en carton-pâte en arrière-plan. le style épuré de Sina Grace donne l'impression d'une ville et de bâtiments génériques et prêts à l'emploi, en adéquation avec la tonalité de la narration. Néanmoins il représente assez de détails pour que le lecteur comprenne où se déroule chaque scène. Il prend le temps de présenter chaque endroit au moins en début de séquence pour que le lecteur ne puisse pas oublier où elle se déroule, même si les fonds de case sont dépourvus de tout décor pendant 2 pages (la scène sur le parking dans l'épisode 2). Ces choix narratifs sont au diapason du milieu représenté : des individus décontractés, sans réels soucis matériels (ils semblent pouvoir se permettre les petites dépenses de tous les jours sans avoir à compter leurs sous), sans implication pour leur environnement, sans remise en cause de leur milieu, sans inquiétude particulière, plus focalisés sur leur ressenti, leurs états d'âme, leur vague ennui existentiel, leur mal être tout juste perceptible.

Effectivement, le récit se limite à ces questions d'état d'âme, de ressenti, de déprime. LDB ne semble pas avoir de souci d'argent. Son train de vie est très simple, mais il peut s'offrir des distractions régulièrement, et il dispose de son propre appartement. Dans ces épisodes, le lecteur ne sait pas s'il est encore étudiant, quelle est sa situation familiale (parents ?), s'il a un petit boulot, etc. de la même manière, il n'y a pas d'indication quant à l'occupation de Drew, ou à celle de Jazz (même si pour cette dernière, on apprend d'où vient son argent de poche). S. Steven Struble ne joue pas sur les références, c'est tout juste si on voit passer un teeshirt du groupe Devo et il n'y a pas de séries de comics de mentionnée lors de la séquence dans le comicshop.

Li'l Depressed Boy est donc dans une phase de déprime et le contact s'établit entre lui et cette inconnue prénommée Jazz. Pour une raison non explicitée, cette dernière souhaite le fréquenter en tout bien, tout en honneur et effectuer plusieurs sorties en sa compagnie. Elle prend l'initiative, choisit les types de sorties et les lieux de rendez-vous, profite de sa compagnie. de son côté, il se laisse entraîner par ces activités. Il retrouve lui-même de l'entrain, à jouer au bowling, en essayant de lancer la boule en faisant des mouvements plus ou moins porteurs de dérision (ça finit mal), en acceptant le gage qu'elle lui impose (essayer des vêtements d'occasion), en se rendant à la soirée qu'elle organise.

Le lecteur se laisse entraîner dans leur sillage. Il n'a pas l'impression de tenir la chandelle car ils se comportent en bons potes. Il se retrouve incapable de résister à l'empathie générée par ce visage tout simple de LDB. le seul suspense est de savoir si la relation dépassera le stade amical, le seul intérêt de l'intrigue est de découvrir quelle sera la prochaine activité proposée par Jazz. La narration est donc en phase avec les dessins : simple, sans enjeu fort, sans effet de manche, sans dramatisation. La façon de jouer aux zombies est rigolote, mais sans aller jusqu'à ce que le lecteur éprouve la sensation de vouloir y jouer de la même manière. Il y a une fois par épisode un morceau de dialogue plus amusant. Drew explique à LDB comment compter les rencarts avec une fille. Lorsque ce dernier lui explique qu'il en a eu un et demi avec Jazz, Drew requalifie ces rencarts comme comptant en négatif et non en positif. Il y a le plaisir de parler de groupes de rock à la notoriété très confidentielle, ou encore l'énergie psychique à dépenser pour demander son prénom à une fille. le lecteur sourit en ressentant ces petits riens.

À la fin de ce premier tome, le lecteur a passé un bon agréable, délassant, pas compliqué à l'image du récit, de la narration visuelle et des personnages. Il se dit qu'il retrouvera ces derniers avec plaisir pour un deuxième tome. Les auteurs ont su transcrire ses petits riens qui sont si importants dans la vie de tous les jours. Il prend grand plaisir à voir le visage de LDB retrouver le sourire dès qu'il se retrouve en présence de Jazz. Il se dit aussi que si le deuxième tome est aussi éthéré cela ne suffira pas pour qu'il aille au bout des 5 tomes, que l'absence de personnalité et d'histoire personnelle de LDB le rend facile à se projeter dedans, mais tout aussi facile à l'oublier dès la dernière page tournée.
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